On sait qu’en septembre 2018, la Douma d’État a adopté définitivement la loi reportant l’âge de la retraite en Russie de 60 ans à 65 ans pour les hommes, et de 55 ans à 60 ans pour les femmes. Les nouvelles dispositions ont pris effet au 1er janvier, avec un calendrier d’entrée en en vigueur assez serré, où tous les ans l’âge de liquidation de la retraite est reporté d’un an.
Le nombre des départs en retraite était supérieur à un million par an en tendance. Il s’est réduit en 2019 à 830 000, selon des déclarations récentes du président du Fonds des pensions, Anton Drozdov, nommé vice-ministre de l’économie à l’occasion de la mise en place du nouveau gouvernement. Environ 350 000 personnes ont vu leur départ en retraite reporté en 2020, faute de remplir les nouvelles conditions d’âge.
En 2020, toujours selon les prévisions du Fonds des pensions, ce seront 800 000 personnes dont la retraite sera reportée en 2021. Les flux de départ se réduiront pour l’essentiel aux travailleurs ayant la possibilité de prendre une retraite anticipée : les personnes ayant occupé des emplois les exposant à des conditions de travail nocives pour la santé ou dangereuses (14,6 %, actuellement, des départs annuels), celles ayant travaillé dans le Grand Nord (5 %) et les médecins et les enseignants (2,5 %). Les militaires et les policiers ne sont pas concernés par le relèvement de l’âge de la retraite.
Des dispositions particulières sont prévues pour les mères de famille nombreuse, mais elles n’entreront en vigueur que de façon différée : à partir de 2021, celles qui ont accouché et élevé quatre enfants ou plus pourront prendre leur retraite à 56 ans. À partir de 2023, les mères de trois enfants le pourront à 57 ans.
Dans la présentation qui était faite de la réforme, les économies résultant du report de l’âge de liquidation des pensions devaient permettre de financer une revalorisation des pensions. Celles-ci avaient été auparavant significativement amputées, en l’absence de revalorisation pendant la poussée d’inflation intervenue en 2015. La perte de pouvoir d’achat conséquente est généralement estimée à 20-25 %, et n’a pas été à ce stade compensée.
Dans son adresse au parlement russe du 15 janvier dernier, Vladimir Poutine a demandé que le principe de la revalorisation des pensions de retraite soit inscrit dans la constitution, sans que l’on ne ne sache encore exactement la portée de cette mesure. Ce principe figurait déjà dans la loi.
Kommersant (21 janvier 2020) - Rossiskaïa gazeta (21 janvier 2020)