Comme un sentiment de déjà vu … ?
Récemment, il vient de se passer un événement politique apparemment mineur pour la plupart des non observateurs, mais d'une importance politique majeure pour ceux qui essaient de mettre en perspective les événements historiques pour en comprendre la portée.
Après son échec à l'élection présidentielle, Jean Luc Mélenchon a proposé à la nation de l'élire premier ministre par le biais des élections législatives et pour ce faire que les partis de gauche s'unissent dans ce qui, en quelques jours, deviendra la NUPES.
Un programme est donc élaboré rapidement, sur la base de « l'AVENIR EN COMMUN »de l'UNION POPULAIRE et cet accord programmatique et électoral devient une nouvelle « UNION des gauches » , dont le but est d'imposer à Macron les réformes sociales dont la population a tant besoin.
Malheureusement, le résultat de cette élection n'est pas à la hauteur de l'espoir suscité et la NUPES n'a que 133 députés, mais répartis en quatre groupes parlementaires distincts (PS, PCF, EELV et France Insoumise)
Parallèlement le groupe RN avec 89 députés devient donc le premier groupe d'opposition et peut accéder aux prérogatives de présidence de la commission des finances.
Or le groupe de la France Insoumise n'ayant que 72 députés ne peut seule prétendre à ce titre. Jean Luc Mélenchon toujours prompt à élaborer des stratégies de combat politique, propose à ces trois groupes de se déclarer en un seul groupe « la NUPES » afin de devenir le premier groupe d'opposition et de passer devant le groupe RN. Cette stratégie gagnante-gagnante donnerait une position dominante dans l'opposition à l'assemblée nationale.
Cette proposition est rejetée aussitôt par tous les partenaires de la NUPES au motif que ce qui était prévu était d'avoir quatre groupes distincts. Ce qui est vrai.
Mais n'est-il pas « nécessaire », voir « indispensable » pour des alliés politiques, d'être capables de reconsidérer la situation quand elle n'est pas celle prévue. N'est-il pas « opportun » de s'adapter pour être plus efficace et se donner les moyens de réaliser l'objectif d'avoir plus de pouvoir. De ce point de vue Les insoumis ont de la réactivité créative à revendre, plus que les autres apparemment. Nous verrons s'ils évoluent assez vite pour se reprendre.
N'est-il pas évident qu'après le score du RN, et sa qualification à prendre la place de premier parti d'opposition, il était essentiel de tout mettre en œuvre pour ne pas laisser ce pouvoir au RN, Car nous connaissons la propension du RN et de LR à voter avec Macron concernant les lois antisociales et liberticides.
Cette attitude des partis de la NUPES me fait penser à l'attitude de François Mitterrand à l'égard du PCF après la signature du « programme commun » de la gauche de 1972.
À l'approche de l'élection présidentielle de 1981 le parti communiste, ayant à cœur d'adapter les éléments du programme à l'évolution du coup de la vie, avait proposé au PS de réévaluer les mesures économiques et sociales, car depuis la signature en 1972, l'inflation avait rendu le SMIC (à l'époque le SMIG) ainsi que d'autres mesures sociales très insuffisantes. Cette proposition du PCF était parfaitement légitime et vitale pour le peuple.
Quelle fut la réponse de François Mitterrand ? « Nous ferons le programme commun, tout le programme commun, rien que le programme commun ! » Et il en profita pour faire passer le PCF pour des extrémistes toujours prêts à surenchérir et à ne pas respecter les engagements pris. Ce qui était d'une déloyauté monstrueuse... Et qui a permis d'amoindrir la puissance électorale du PCF par le discrédit. Les médias et la droite y ont participé. Déjà !
Hé bien ce qui vient de se passer avec cet épisode Mélenchon / NUPES est du même registre : Sa proposition était adaptée à la nouvelle situation politique (RN 1er parti d'opposition) et aurait mérité d'être évaluée à cette aune. Mais que nenni ! Ces partis ont préféré jouer la carte « identitaire » plutôt que l'efficacité politique !
En disant « Ce n'est pas ce qui avait été prévu ! » ces partis « amis » ont perdu de vue l'objectif du pouvoir politique au sein de l'assemblée. On peut parier que les paroles qui suivront sont : « Mélenchon veut toujours nous imposer sa volonté ». « Mais on connaît bien ce personnage excessif » !(...etc..) Bravo et merci la loyauté des partenaires !
Peut-être ces partis devraient-ils ne pas oublier que sans le résultat important de Mélenchon, et cet accord ils n'auraient pas eu ce nombre de députés ! Un peu d'humilité et de reconnaissance de leur part ne nuirait pas.
Daniel Coutant