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Depuis des années, les Africains qui débarquent des kwassakwassa sur les plages mahoraises sont transportés par les véhicules qui les prennent en charge bienveillamment sur les bords des routes jusqu’au bâtiment qui héberge l’association de Solidarité-Mayotte, mandatée par l’État pour accueillir et accompagner les demandeurs d’asile.
En fait d’accueil, l’association ne dispose que d’un parc de 400 logements où les réfugiés sont logés à tour de rôle durant l’instruction de leur demande d’asile. Une fois le statut de réfugié obtenu, ils n’ont d’autres issues que d’appeler le 115 pour espérer un hébergement d’urgence, appel à l'aide auquel ils apprennent vite à renoncer.
Il faut noter que depuis le programme de démolition des quartiers pauvres, près de 3000 habitations ont été détruites. La volonté du gouvernement de poursuivre ses opérations de désolation est sans cesse renouvelée par les autorités, ce qui accentue la pression sur le marché immobilier et pousse à la hausse le moindre mètre carré « habitable » : tout local qui possède quatre murs et un toit est offert à la location informelle contre paiement d'un loyer mensuel de 200 euros minimum aujourd'hui, contre 50 à 70 il y a seulement trois ans.
Les Africains n’ont donc d'autre solution que de dormir à la rue, à proximité des bureaux de l’association à laquelle ils ont affaire quasi quotidiennement pour leurs démarches administratives à la préfecture.
Ainsi s’est développé dans les abords non aménagés du stade de Cavani un campement informel d’abris auto-construits à partir de bâches récupérées ou achetées et de structures de bambous livrés par des jeunes gens aussi démunis qu’eux.
Ce nouveau bidonville n’est pas du goût des autorités et les occupants des lieux subissent tous les jours intimidations et menaces.
Le Conseil départemental a déposé un référé devant le tribunal administratif demandant le démantèlement et l’évacuation du campement par les forces de l’ordre. Les riverains ont été sollicités en porte-à-porte pour les signatures de pétitions et des rédactions de témoignages afin de convaincre le juge des nuisances occasionnées par la présence de cette population non désirable.
Le maire de Mamoudzou a été traversé par l’idée saugrenue d’assurer un service minimum et d’inviter les agents municipaux à protester sous des barnums installés le matin et démontés dans l’après-midi contre l’insécurité qu’ils subissent au cours de leur trajet du domicile à leur bureau. Les rassemblements oisifs se font à l’entrée du stade de Cavani et le maire a décidé de mêler insécurité et présence des africains dans un amalgame affectionné par les autorités les plus paresseuses. Par communiqué de presse, il informe donc la population que les fonctionnaires territoriaux payés par l’État, et donc les contribuables, sont dispensés de servir et invités à des manifestations non déclarées en préfecture jusqu’à ce que « ce que ce camp soit levé. Nous le devons à nos concitoyens et à notre territoire »[1].
Mais qui acceptera d'écouter les personnes que personne ne veut regarder ?
Les Africain.es prennent donc la parole au cours de deux émissions de radio produites par Réseau d’Education Sans Frontière sur Fréquence Paris Plurielle.
Ont participé à l’émission du 22 novembre, Fernand, Noëlla, Halimi, Abdou, Fatima et Joseph, originaires du Congo RDC, du Rwanda et du Soudan.
Pour écouter en ligne, cliquer ici.
Quinze jours plus tard, le 6 décembre, ce fut le tour de Chadrack, jeune homme venu du Congo, Nord Kivu, cliquer ici.
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____________________NOTES
[1] Samuel Reffe, « Les agents de la mairie de Mamoudzou font bloc face à l’insécurité », Mayotte hebdo, le 7 décembre 2023, ici.