Le 22 mars 2018 ce n'était qu'un début et la lucidité nous oblige à constater que de nombreux salariés n'étaient pas ou peu représentés .Les enseignants grévistes étaient loin des 80% de mai 1968 ; bien qu'ils soient de plus en plus prolétarisés et que leurs conditions de travail soient de moins en moins satisfaisantes . Ils sont peu politisés , à l'image de la société qui les modèle et qu'ils contribuent aussi à façonner .
Merci à Olivier Besancenot qui a su opposer à Macron , qui ne cherche qu'à nous diviser , son exigence d'unité des organisations de gauche . Il nous rappelle que nous sommes tous les privilégiés des autres , du cadre moyen à celui qui n'a plus d'emploi .
Au début de la lutte qui s'engage une lecture s'impose . C'est celle du billet de Frédéric Lordon dans le Monde diplomatique " ordonnances SNCF , l'occasion " . Il y définit sans détours les conditions de la réussite . La première est que le combat ne soit pas limité sur la seule réforme de la SNCF qui se terminerait par un échec semblable à celui de la loi travail . Le pouvoir s'efforce de nous enfermer par catégories socioprofessionnelles , la seule façon de le contrer est de replacer ses propositions dans une perspective générale , c'est à dire politique . Pour gagner il faudra aussi obliger les syndicats à se placer sur le plan politique ; ce dont ils n'ont ni l'envie ni l'habitude . Pourtant toute revendication d'augmentation de salaire ou d'amélioration des conditions de travail est d'abord politique . Le Capital le sait bien lui . La conduite de la lutte est aussi vitale . Les échecs des dernières années nous prouvent que les grèves et manifestations par intermittence sont démobilisatrices . L'état et les patrons s'y habituent , limitent les pertes et au final les salariés sont les grands perdants . Quoiqu'en pensent les syndicats il faut en finir avec la conception chrétienne du prix à payer , du martyre . Il faut appeler à des démonstrations de masse pendant les weekend et rien ne les empêchera d'être festives , en dehors de la possibilité de grève générale reconductible .
Il faut que la CGT engage le combat politique et que les partis politiques se battent avec les syndicats sans se cacher . Ils doivent accompagner les syndicats dans l'unité comme le leur demande Besancenot en oubliant tout ce qui n'est que tactique électorale .
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.
L'AUTEUR
DANIEL KILMÉTIS
« Mediapart, 10 ans déjà »
À l'occasion de notre anniversaire, découvrez notre édition participative
Découvrir
LE BLOG
SUIVI PAR 10 ABONNÉS