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Billet de blog 16 septembre 2010

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Sarkozy: du pouvoir totalisant à la tentation totalitaire, ou la ballade de la geôle de Reding

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SARKOZY : DU POUVOIR TOTALISANT A LA TENTATION TOTALITAIREOULA BALLADE DE LA GEÔLE DE REDING Nombreux sont certes les observateurs politiques à avoir déjà pointé du doigt les dérives monarchistes de Nicolas Sarkozy depuis qu’il a été élu Président de la République française : des ministres à sa botte et entièrement dévoués, sans le moindre esprit critique, ni liberté de paroles ou autonomie de jugements, à sa seule cause ; les responsables des principaux médias du service public (France Télévisions et Radio France) directement nommés par lui et donc sous son autorité administrative, sinon sa tutelle intellectuelle ; les plus grandes fortunes du pays protégées par un injuste bouclier fiscal, avec tout ce que cela implique comme possibles conflits d’intérêts et autres collusions politico-financières (voir l’affaire Woerth-Bettencourt). Mais cette France républicaine, celle-là même qui naquit sur des principes aussi nobles que ceux de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, se rend-elle vraiment compte à quel point ce même Président est en train, en réalité, de la faire sombrer sournoisement, chose bien plus dangereuse pour la sauvegarde de la démocratie, vers un fascisme rampant bien plus qu’une monarchie renaissante ? Car, enfin, ce sont les tristement célèbres « lois d’exception », celles-là mêmes que promulguèrent arbitrairement certains petits chefs fascistes, au premier rang desquels émergent un Pétain ou un Mussolini, qui semblent à nouveau renaître de leurs funestes cendres lorsque l’on voit un Sarkozy exclure de toute société humaine les Roms (qui eurent déjà, de sinistre mémoire, à pâtir, aux côtés des juifs, du racisme meurtrier des nazis) ou menacer un étranger devenu Français de le déchoir de sa nationalité sous prétexte qu’il aurait porté atteinte à la vie d’un représentant des forces policières. Pis : quelle peine plus inique que de vouloir punir des parents en les envoyant en prison, comme le propose encore l’inénarrable Sarkozy, au motif que leurs enfants seraient des délinquants ? A ce genre de châtiment, où toutes les manipulations sont envisageables au regard de la complexité des rapports filiaux, même Pétain et Mussolini (nous n’irons certes pas jusqu’à évoquer ici, afin de ne pas verser en un extrémisme de mauvais aloi ou d’indus amalgames, l’odieux nom d’Hitler) n’y avaient pas pensé : c’est dire ! Mais, heureusement pour le peuple français, existe-t-il, afin de contrer les élucubrations souvent aussi inopinées qu’inquiétantes de cet énergumène nommé Sarkozy, un efficace contre-pouvoir législatif en même temps qu’une indéniable garantie morale face à l’abus politique : le Conseil Constitutionnel, dont on n’ignore pas qu’il est formé, du moins officiellement, de membres réputés « sages » et expérimentés. C’est précisément l’un de ses anciens et plus prestigieux présidents, lui-même autrefois Ministre de la Justice, Robert Badinter, qui a donc rappelé à l’ordre, sur ce dossier brûlant, un Nicolas Sarkozy de plus en plus en porte-à-faux, au vu de la récente circulaire promulguée par son Ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, avec la légalité de son propre pays : « une loi instaurant la déchéance de nationalité pour les Français d’origine étrangère reconnus coupables d’avoir porté atteinte à la vie d’une personne dépositaire de l’autorité publique ne pourrait être qu’invalidée par le Conseil Constitutionnel », a tenu à spécifier l’ancien Garde des Sceaux. Car que dit, justement, l’article Ier de ladite Constitution, sinon qu’il « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. » ? Idem en ce qui concerne la responsabilité présumée d’un adulte vis-à-vis d’un mineur. Car c’est là, cette fois-ci, le code pénal français qui le prescrit très explicitement : « Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait. », stipule son article 121-1. Ainsi Jean-François Kahn, il y a quelques semaines à peine, avait-il parfaitement raison de traiter Sarkozy de « voyou de la République ». Encore que ce soit Edwy Plenel qui, en l’occurrence, s’avéra le plus pertinent, sur le plan sémantique, dans son jugement : un « hors-la-loi de la République », le qualifia-t-il à bon escient ! Reste à savoir, alors, pourquoi ces nombreux dérapages verbaux de Nicolas Sarkozy ? La raison, hormis quelque démagogique effet d’annonce et autres calculs de basse politicaille, de ces tout aussi fracassantes déclarations, dont on ne sait en outre, à en juger par leur incongruité, si elles sont dictées par un esprit, sinon entièrement sain, du moins respectueux de l’intelligence de ses concitoyens ? Car si ces lois qu’il souhaite ainsi faire voter par l’Assemblée Nationale ne pourraient que se voir effectivement « retoquées » (c’est là le terme juridique exact) par le Conseil Constitutionnel, l’on ne saurait certes pour autant dire de lui, ancien avocat censé savoir ce dont il parle en matière de Droit, qu’il est lui-même, sans vouloir faire ici de vilains ni faciles jeux de mots, « toqué » ! Aussi est-ce Marine Le Pen en personne, qui, bien que ses positions idéologiques soient diamétralement opposées aux nôtres, a peut-être vu le plus juste, non sans une certaine dose d’humour de surcroît, en ce qui concerne cette tentation totalitaire caractérisant aujourd’hui, à force de se vouloir totalisant en son hyperactivité présidentielle, l’omniprésent, à défaut d’être véritablement omnipotent, Nicolas Sarkozy : depuis 2007, année de son élection à la tête de l’Etat, il semble chanter en play back, le courage de ses dictatoriales idées lui manquant ouvertement, sur les tout aussi nauséabondes rengaines du très fascisant Front National ! Ainsi - triste morale de l’histoire - Viviane Reding, Commissaire Européenne à la Justice, aux Droits Fondamentaux et à la Citoyenneté, vient-elle de se montrer particulièrement avisée lorsque, condamnant très sévèrement l’actuelle politique de Sarkozy à l’encontre des Roms, « ethnie » aujourd’hui ouvertement discriminée en France avec leurs expulsions tous azimuts, elle renvoya la glorieuse mais défunte patrie des droits de l’homme à son passé le plus sombre lorsqu’elle se fit, pendant la Seconde Guerre mondiale, le très zélé collaborateur de la peste brune. Bref : pour Sarkozy le hors-la-loi, qui aurait très certainement à affronter quelque sérieux procès judiciaire s’il n’était président, ce serait bien plutôt ici, pour paraphraser un célèbre titre d’Oscar Wilde au regard du nom même de la Commissaire Européenne, la ballade de la geôle de Reding !

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