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Billet de blog 24 mars 2015

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Une alternative en marche

Quelle étrange soirée électorale (ou non soirée électorale ?) de dimanche soir. Tout a été fait pour nous faire croire, visuels à l’appui, que la scène politique se divise en 3 groupes : « Le PS et ses alliés », « l’UMP et ses alliés », et le FN. La progression des listes du Front de Gauche, les bons scores encourageants des listes citoyennes soutenues par le front de Gauche et EELV ? Surtout n’en parlons pas et maquillons les résultats ! Mais, ne leur en déplaise, si la route est longue, l’alternative est en marche.

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Quelle étrange soirée électorale (ou non soirée électorale ?) de dimanche soir. Tout a été fait pour nous faire croire, visuels à l’appui, que la scène politique se divise en 3 groupes : « Le PS et ses alliés », « l’UMP et ses alliés », et le FN. La progression des listes du Front de Gauche, les bons scores encourageants des listes citoyennes soutenues par le front de Gauche et EELV ? Surtout n’en parlons pas et maquillons les résultats ! Mais, ne leur en déplaise, si la route est longue, l’alternative est en marche.

Tout est fait pour faire croire que 2 libéraux, Valls et Sarkozy, et une facho, MLP, résument la vie politique française, comme le dénonce très bien Eric Coquerel dans un tweet de ce matin.

Cette vision arrange bien le système, et c’est pourquoi il l’impose en représentation indépassable ! La belle affaire, deux défenseurs de l’unique horizon de la règle des 3% et une idiote utile, soumise à cette même règle en définitive. N’oubliez jamais que même si le FN défend la sortie de l’Euro, il soutient les politiques d’austérité. MLP a bien rassuré les marchés financiers dès septembre dernier en annonçant dans sa conquête du pouvoir qu’elle respecterait cette règle sur les déficits publics. Elle n’a aucunement l’intention de s’attaquer à la finance mais ne défend qu’un capitalisme nationaliste. La 5ème République et ses rouages monarchiques qui arrangent l’oligarchie ? Pas touche non plus. Que le peuple s’accommode d’un pouvoir autoritaire, voilà son message. Bien sûr, comme les fascistes des années 30, elle ne cesse de piquer les mots d’ordre de la gauche, pour brouiller tous les repères. Quand les avez-vous vu défendre les intérêts des salariés, des locataires, des usagers des services publics… ? Et quelle politique mène leurs élus ? Une politique libérale, et avec le racisme assumé en prime pour mieux diviser les travailleurs et les français, déconstruire les consciences de classe et la conscience républicaine. Faire croire que le Rom, l’immigré, le musulman comme le juif seraient le problème, ne sert qu’à occulter les politiques d’austérité, les délocalisations ou la spéculation immobilière. Les bonnes vieilles recettes faisant monter le bruit des bottes sont à l’œuvre.

Si le FN, malgré le matraquage médiatique dont il a pu bénéficier, ne ressort pas 1er parti de France, il poursuit terriblement son enracinement. Quelles que soient les consignes de vote du 2nd tour, nombre d’électeur-trice-s ne veulent plus entendre parler du vote utile. La politique menée par le gouvernement PS est en grande partie responsable de la montée du FN, l’incantation des pompiers pyromanes ne passe plus. J’espère néanmoins que beaucoup de candidats FN seront battus, mais la carte des conseils départementaux de dimanche soir s’annoncera glaçante.

Les résultats de ces élections démontrent d’abord et avant tout une victoire de la droite. De nombreux cantons et départements vont basculer dans les mains de l’UMP qui a réussi à remobiliser son électorat. Sarkozy peut remercier Valls et Hollande qui ont divisé profondément la gauche en menant une politique de droite, et désespéré le peuple.

Beaucoup claironnent que l’abstention a diminué. Mais quand en moyenne un électeur sur deux ne s’est pas déplacé, il n’y a pas de quoi fanfaronner. Ces élections restent marquées par un déni démocratique hallucinant. Aucune campagne officielle ou dérisoire pour informer sur le scrutin. Drôle de scrutin qui plus est, alors que la réforme territoriale est en cours, que nul ne sait réellement quelles seront les compétences de ces conseils, sachant en plus que le gouvernement annonce la suppression des départements pour 2020 ! Et pour couronner le tout, un premier ministre qui assure que quoi qu’il advienne, il poursuivra sa politique ! Vote toujours tu m’intéresses…

Si le PS en voix ne s’écroule pas, il poursuit sa descente et va perdre de gros bastions. Le temps d’un soir, il a su par une belle escroquerie masquer son cuisant recul. Comptabiliser nombre de listes Front de Gauche et les listes citoyennes soutenues par le Front de Gauche et EELV en divers gauche et s’additionner ces résultats avec les listes de socialistes dissidents, il fallait oser ! Et ils l’ont fait !

Mais que s’est-il également passé dans ces élections ? Une autre gauche qui s’impose. Oui, dans les 3/4 des cantons, les électeur-trice-s avaient le choix, entre la liste gouvernementale prétendue à gauche et une liste alternative. Tantôt Front de Gauche, tantôt listes citoyennes soutenues par le Front de Gauche et également de nombreux cantons et départements où les soutiens rassemblaient avec le Front de Gauche, EELV, parfois Nouvelle Done et le NPA. Les bidouillages des « nuanciers » d’intitulés de listes des préfectures, bien orchestrés par le Ministère de l’intérieur et de fait par le PS ont permis d’occulter leurs scores. Dans les faits, le Front de Gauche seul, a enregistré une moyenne nationale de 9,4%, soit 0,6 de plus qu’aux cantonales de 2011 et bien plus qu’aux européennes. Le Front de Gauche enregistre donc 9,4% des suffrages exprimés sur le total des cantons métropolitains et 11,9 % sur les seuls cantons où il présentait des candidats (soit 1.540 cantons). Il s’agit donc d’une progression dans le spectacle de débandade de « la gauche » donné par les médias.

Sur 448 cantons au moins, des listes soutenues et par le Front de Gauche et par EELV étaient présentent. Elles ont enregistré une bonne moyenne de 13,6%. Et dans les départements ou les villes où cette cohérence était générale, les scores montaient à une moyenne autour de 20%. Evidemment, les démarches diverses de dépassement du Front de Gauche, tant dans leurs soutiens politiques rassemblant de fait les partis anti austérité, que dans leurs ancrages dans une démarche citoyenne n’ont pu bénéficier d’une lisibilité. Le débat se poursuit à EELV entre celles et ceux qui souhaitent re rentrer au gouvernement ou au contraire s’engager dans l’alternative autonome du PS. Mais quel qu’en soit le traitement médiatique défavorable, cette expérience de l’alternative en marche, nombre d’électrices et d’électeurs l’ont vécue !

Cette bataille dans l’interprétation des résultats est aussi déterminante que la campagne elle-même. J’invite les lectrices et lecteurs de mon blog à la mener. On est encore loin de la dynamique Syriza ou Podémos, mais semons l’espoir et propageons les bonnes nouvelles. Dans l’immédiat, soutenons les nombreux candidat-e-s Front de Gauche, listes citoyennes, listes Front de Gauche/EELV qui se maintiennent au second tour ! Encourageons-les !

Et sans attendre, préparons le prochain grand rendez-vous de la contestation de la politique gouvernementale : la manifestation interprofessionnelle, intersyndicale du 9 avril contre la Loi Macron. Dans les urnes et dans la rue, continuons. Car il est évident qu’une autre politique est possible et nécessaire !

Comme dirait une camarade du Parti de Gauche de mon comité, « haut les cœurs et gardons nous fièr-e-s ! »

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