C’est désormais officiel : les nouveaux droits de douane américains s’appliquent, dont 15 % pour les exportations européennes, sans réelle contrepartie.
Plus de quatre mois après les premières annonces, Donald Trump a salué l’entrée en vigueur de ces mesures ce jeudi à 6 heures (minuit à Washington) : « Il est minuit ! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les États-Unis d’Amérique », a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social.
Depuis avril, l’administration américaine a procédé à de nombreux ajustements, appliquant des droits allant de 10 % à 41 %, voire 50 % pour le Brésil dans certaines conditions. La majorité des pays se voient appliquer une taxe uniforme de 15 %, dont l’Union européenne.
Le 27 juillet, Ursula von der Leyen annonçait avoir conclu « un accord » avec Donald Trump pour éviter un scénario encore plus coûteux. En avril, le président américain avait menacé de taxer les exportations européennes à hauteur de 30 %. Mais à l’évidence, cela relevait plus de la stratégie de Donald Trump en tant que chef d’entreprise expérimenté… Les négociations engagées entre Washington et Bruxelles ont ainsi abouti à un prétendu compromis : 15 % de droits, mais avec des exemptions très sélectives… qui concernent essentiellement des secteurs où les États-Unis ont un intérêt direct. Un « marché de dupes », voire, selon certains observateurs, une trahison des intérêts européens. Dans les faits, Donald Trump, à l’instar de son collègue Russe ne connaît que le rapport de force et la manipulation. Il vient de le démontrer en imposant ses 15 % de taxe, sans réelle contrepartie de l’UE à Ursula Von Der Leyen.
Si le taux de 15 % s’applique globalement, son impact varie fortement selon les secteurs, au gré des priorités américaines. : Aéronautique : secteur totalement exempté (avions et pièces détachées), non pas grâce à une concession américaine faite aux européens, mais parce que l’industrie aéronautique américaine dépend de ces importations. Technologies spécifiques : également épargnées, pour les mêmes raisons. Automobile : le tarif passe de 27 % (imposé depuis le retour de Trump) à 15 %, mais reste bien supérieur aux 2,5 % en vigueur sous l’ancienne administration.
Pour les exportateurs français, certains secteurs figurent parmi les perdants : Cosmétiques : 2,8 milliards d’euros exportés vers les États-Unis en 2024 (12,6 % des exportations françaises) ; désormais taxés à 15 %. Luxe : également concerné par la hausse. Médicaments : jusque-là exonérés, ils subiront aussi 15 % de droits, à l’exception de quelques génériques, la liste définitive, toujours en discussion, laissant peu d’espoir d’un réel allègement. Les Vin et spiritueux : près de 4 milliards d’euros exportés chaque année vers les États-Unis, eux aussi frappés par le nouveau tarif. C’est un échec pour Bercy, qui plaidait pour une exemption totale.
En résumé, l’accord annoncé comme une victoire diplomatique par la Commission européenne s’apparente davantage à une concession unilatérale : les secteurs épargnés le sont avant tout pour protéger l’économie américaine, tandis que de nombreux fleurons de l’industrie européenne voient leurs marges amputées.
Des zones d'ombre autour de l'accord par des contrepartie très contestables
D'autres volets de l'accord dépassent la question des droits de douane. Celui-ci prévoit que les entreprises européennes achètent 750 milliards de dollars de produits énergétiques (gaz naturel, combustibles nucléaires et pétrole) aux États-Unis durant les trois prochaines années. Le deal prévoit aussi des investissements européens outre-Atlantique, d'un montant de 600 milliards de dollars. Là encore aucune contrepartie Américaine
Mais le flou demeure autour de ces compensations. Tout d'abord, « l'accord » signé le 27 juillet dernier entre l'UE et les États-Unis « est seulement une sorte de feuille de route, pour dire là où on veut aller », a appuyé un porte-parole de la Commission en conférence de presse. Dans une fiche explicative, l'institution précise d'ailleurs que l'accord avec Donald Trump « n'est pas juridiquement contraignant ».
Surtout, l'UE ne peut pas s'engager sur des dépenses effectuées par des entreprises européennes. « La Commission ne peut pas dicter ce qui sera fait, mais elle parle avec les entreprises et industries pour savoir quelles sont leurs intentions », a ainsi précisé le porte-parole de l'institution. Une lecture un peu différente de celle de la Maison-Blanche qui, dans son communiqué n'utilise pas le conditionnel.
Ces zones d'ombre devraient engendrer de nouvelles discussions. C'est d'ailleurs ce que souhaite Emmanuel Macron. « Ce n'est pas la fin de l'histoire, nous n'en resterons pas là », aurait ainsi déclaré le chef de l’État au Conseil des ministres, mercredi 30 juillet. À l'image de plusieurs membres du gouvernement, le président de la République n'a pas caché son mécontentement sur le contenu de l'accord négocié par la Commission européenne. « Pour être libre, il faut être craint. Nous n’avons pas été assez craints », aurait-il également affirmé. Mais encore aurait-il fallu que Emmanuel Macron, comme d’autres chefs d’Etats et de gouvernement encadre plus sérieusement Madame Von Der Leyen et que la négociation se passe à la maison blanche et non au coin d’un terrain de golf.
Dans cette affaire où seul les citoyens Européens vont payer l’addition, il y a toutefois quelque chose d’ironique. Ce président américain, farouchement hostile à toute politique écologique, adopte une mesure qui, en apparence, pourrait presque passer pour vertueuse. En alourdissant les coût d’exportations vers son pays, cette surtaxe limite les flux commerciaux mondiaux et, par ricochet, encourage la production locale au sein des pays européens. Le plus surprenant, c’est que ce président ultra-libéral, par ses mesures protectionnistes, ouvre la porte à une sortie du libéralisme économique débridé. Moins de commerce international ne serait pas forcément une mauvaise chose pour la planète.
Ursula Von Der Leyen a échappé à une motion de censure au Parlement européen. Une procédure qui va toutefois laisser des traces au sein de la coalition qui la soutient.
Par 175 voix pour, 360 contre et 18 abstentions, le Parlement a rejeté jeudi une motion de censure contre la Commission.
D’après le règlement du parlement Le vote sur la eu lieu par appel nominal. Pour être adoptée, une majorité des deux tiers des suffrages exprimés, représentant la majorité des députés qui composent le Parlement, aurait été nécessaire.
Sur le papier, la menace était sérieuse. Si la motion passait, c’est toute la Commission qui dégageait. En réalité le suspense était faible. Les familles politiques qui ont soutenu la réélection d’Ursula von der Leyen, c’est-à-dire, le PPE, les sociaux-démocrates, les libéraux centristes de Renew ainsi que les Verts avaient toutes annoncé qu’elles voteraient contre la motion. Alors affaire classée ?
Pas tout à fait. Si la coalition centriste a sauvé Ursula Von Der Leyen, elle l’a fait à reculons. Chez les sociaux-démocrates, les libéraux centristes ou les Verts, beaucoup d’eurodéputés ont voté en se bouchant le nez. C’est une question de principe. Sur le papier, la menace était sérieuse. Si la motion passait, c’est toute la Commission qui dégageait. En réalité le suspense était faible. Les familles politiques qui ont soutenu la réélection d’Ursula von der Leyen, c’est-à-dire, le PPE, les sociaux-démocrates, les libéraux centristes de Renew ainsi que les Verts avaient toutes annoncé qu’elles voteraient contre la motion.
Alors affaire classée ? Pas tout à fait. Si la coalition centriste a sauvé Ursula von der Leyen, elle l’a fait à reculons. Chez les sociaux-démocrates, les libéraux centristes ou les Verts, beaucoup d’eurodéputés ont voté en se bouchant le nez. Selon eux, c’est une question de principe. « Pas question d’apporter la moindre légitimité à un texte porté par l’extrême droite ». Mais l’envie de presser le bouton du siège éjectable était bien là.
L’argument de ne pas apporter la moindre légitimité à un texte porté par l’extrême droite a servi de justificatif pour ne pas voter la motion de censure a sauvé la commission et sa présidente, et bien qu’elle laisse des trace parmi les députés Européens, le rejet sans appel de cette motion valide la légitimité de « l’accord « de dupes signé par Ursula Von Der Leyen avec Donald Trump...
Conclusion
Il est incontestable que la signature par Ursula Von Derleyen pour l’UE au coin du terrain de golf Ecossais de Donald Trump d’une taxation imposée à 15 %, sans réelle contrepartie, sauf pour ce qui est indispensable à l‘économie américaine relève d’un vrai marché de dupes. Mais aussi pour des engagements pris en vue de certains contrats et ce n’est pas la motion de censure contre Ursula Von Der Leyen, rejetée au parlement Européen, qui va remettre en cause la légitimité de cet accord.