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Billet de blog 11 novembre 2025

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Présidentielle et législatives 2027:Encore une campagne électorale des années 1980 ?

Pour les prochaines présidentielles et législatives, du PC au RN en passant par le PS, Les Verts, EPR, Horizon, Modem, LR, et d’autres, chacun(e) de leur leader y va de sa partition. Entre surenchère sur le social pour les uns, l’immigration pour certain(e)s, aides aux entreprises pour d’autres, aucun(e) ne semble se préoccuper de la démographie et l’IA, problématiques majeures de ce 21e siecle.

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Une évidence semble pourtant échapper à l’ensemble des responsables politiques de notre pays.

Il est des évidences si éclatantes qu’elles en deviennent invisibles. Celle-ci, pourtant, devrait sauter aux yeux de quiconque prétend gouverner : la croissance démographique entraîne, immanquablement, la croissance de tout le reste, des besoins, des appétits, des manques divers. Plus d’humains, c’est plus d’énergie, plus de routes, plus de béton, plus de champs arrachés à la nature, plus de rivières captives, plus de forêts dévastées. C’est aussi plus de fumées, plus de plastiques, plus de chaleur, plus de dérèglement du climat. C’est la mécanique du monde moderne, simple et terrible.

Notre économie repose essentiellement sur des matières premières fossiles, qui ne sont pas inépuisables et dont l’extraction n’est pas sans dégât pour l’environnement, la houille, le fer, le pétrole, l’uranium, et surtout les terres rares, dont les métaux rares qui en sont issus deviennent indispensables pour une multitude d’application au travers du numérique et de l’intelligence artificielle présente dans notre vie quotidienne. Des richesses arrachées à la terre comme on fouille un cadavre pour y chercher un dernier souffle. Et chaque fil, chaque câble de nos machines connectées, chaque cellule d’un panneau solaire, chaque batterie d’un véhicule dit « vert » en est pétri.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation de ces ressources fossiles a doublé en cinq ans. Voilà où mène le progrès, quand il court plus vite que la conscience.

Les centres de données (data centers), ces cathédrales numériques, engloutissent déjà plus d’électricité que des nations entières. L’intelligence artificielle, qu’on voudrait croire immatérielle, se nourrit de charbon et de cuivre, d’eau et d’électricité. En 2024, elle représentait à peine 1,5 % de la consommation électrique mondiale, mais la courbe s’élève, de 12 % chaque année. C’est une faim sans fin.

Entre 2017 et 2022, pendant que la population mondiale s’accroît, passant de 7,5 milliards à 8 milliards, 8,3 milliards aujourd’hui, les métaux s’épuisent : le lithium a triplé sa consommation, le cobalt bondit, le nickel suit. Chaque nouveau-né est une demande supplémentaire, un morceau de planète à dévorer.

On s’étonne que ceux qui se disent « écologistes » ferment les yeux sur cette évidence. Les Verts, prompts à défendre la cause sociale, oublient que la première des justices serait de ne pas hypothéquer la vie des générations futures. Comment prétendre sauver la Terre en encourageant sans fin la croissance du nombre ?

La France, comme tant d’autres nations, persiste dans ses politiques natalistes. On célèbre la naissance comme un acte patriotique, on récompense les berceaux et les poussettes, sans jamais questionner la limite. Pourtant, il faudra bien un jour redéfinir les aides familiales, repenser les avantages fiscaux, supprimer le quotient familial, cette exception française qui flatte le ventre plus que la raison.

Il ne s’agit pas de nier le désir d’enfant, ni d’éteindre l’élan de la vie. Mais d’admettre que chaque existence nouvelle exige un espace, de l’énergie, des ressources, un héritage commun qui s’amenuise. Et tandis que l’on rêve d’innovation, on continue à produire des objets inutiles, des gadgets qui se fanent plus vite qu’un printemps.
Notre époque s’enivre de nouveauté, mais ce qu’elle fabrique surtout, c’est de la poussière.

Il serait temps de tourner nos efforts vers la réparation plutôt que vers la production, vers la sobriété plutôt que l’ivresse.

Moins d’emplois futiles, plus d’emplois utiles. Former des mains pour réparer, rénover, redonner vie. Lutter contre la publicité abrutissante, contre l’obsolescence programmée, contre cette logique du jetable qui a colonisé nos désirs. Acheter moins, mais mieux. Moins souvent, mais plus longtemps.

Pendant ce temps, les partis verts, perdus dans leurs querelles de salon, se détournent de la seule question vitale : celle du nombre. L’écologie, la vraie, celle qui regarde la Terre en face, se réfugie dans quelques mouvements isolés, comme le Mouvement Écologiste Indépendant ou Démographie Responsable. Ils n’ont ni les micros, ni les plateaux, ni les budgets des grandes formations, mais ils ont la lucidité et c’est déjà beaucoup.

Un milliard d’humains de plus en dix ans : voilà le bilan silencieux de notre siècle. Huit milliards de bouches, et demain dix. L’Afrique quadruplera peut-être sa population d’ici la fin du siècle. Un habitant sur trois de la planète y vivra. Et quand l’eau manquera, quand les terres brûleront, que croyez-vous qu’il adviendra ? Les peuples marcheront vers le nord, vers l’Europe vieillissante, vers ses côtes saturées. Et beaucoup, tragiquement, s’arrêteront avant d’avoir atteint la rive, engloutis dans ce cimetière bleu qu’est devenue la Méditerranée.

Croissance démographique, croissance des besoins, croissance des désastres : tout se tient. Les mers montent, les glaciers se dissolvent, les tempêtes hurlent. Les ouragans ne sont plus des exceptions, mais des avertissements. Les canicules se succèdent comme des coups de semonce. Chaque été bat le précédent. Et nous persistons à produire, consommer, jeter, comme si la Terre pouvait, indéfiniment, porter nos folies.

Nous n’avons plus le luxe du temps. Chaque année perdue est un siècle de conséquences. La planète nous parle dans le langage des tempêtes et des incendies, et nous répondons par le vacarme des marchés.
Refuser de voir que la démographie est au cœur de la crise écologique, c’est préférer la cécité au courage. Et bientôt, il sera trop tard pour feindre la surdité.

La COP du Brésil en 2025, comme tant d’autres avant elle, passera sans doute à côté de l’essentiel. On y signera des promesses, on y applaudira des discours, on y parlera de carbone et de compensation. Mais tant que nul n’aura le courage d’aborder la question du nombre, tout cela ne sera qu’une mascarade de plus, un théâtre pour un monde qui s’effondre doucement, dans l’indifférence polie des puissants.

Autre problématique majeure de notre temps : l’émergence de l’intelligence artificielle.

Comme la démographie, l’émergence de l’intelligence artificielle est un bouleversement que la classe politique, dans son ensemble, feint d’ignorer pendant les campagnes électorales, et sans doute le fera-t-elle encore lors de la prochaine.

Après la Seconde Guerre mondiale, avec l’invention des premiers ordinateurs programmables, la recherche en intelligence artificielle s’éveille timidement, portée par quelques visionnaires. En 1956, lors de la conférence de Dartmouth, John McCarthy forge le terme et donne naissance à une discipline nouvelle : l’idée que la pensée humaine pourrait se répliquer dans la machine.
L’histoire de l’IA oscille ensuite entre fièvres d’enthousiasme et désillusions glacées : les fameux hivers de l’intelligence artificielle, où l’on gèle les financements et les rêves, de 1974 à 1980, puis de 1987 à 1993.

Mais depuis les années 2010, tout s’accélère. L’explosion des données et la puissance décuplée des processeurs graphiques font franchir à l’humanité un seuil inédit. Depuis le début des années 2020, nous sommes entrés, qu’on le veuille ou non, dans la quatrième révolution industrielle, et non une nouvelle phase d’évolution de la troisième comme le prétend Jeremy Rifkin (essayiste américain et conseiller de diverses personnalités politiques). L’ère de la donnée, de l’automatisation et du calcul ubiquitaire ( chiffrer les données et le calcul des données, on ne fuite donc que le résultat du calcul ).

Désormais, l’intelligence artificielle se glisse partout : dans nos hôpitaux, nos bureaux, nos armées, nos champs, nos voitures, nos téléphones, nos films, nos jeux, nos foyers. Elle éclaire nos villes, pilote nos avions, traduit nos pensées et peut, à notre place, concevra nos outils, nos textes, nos lois peut-être. Derrière cette omniprésence, un empire matériel colossal : des montagnes de silicium, de cuivre, de lithium, et ces mystérieuses terres rares dont dépend la machinerie du monde moderne.

L’illusion du virtuel, ce « nuage » que l’on imagine sans poids, dissimule une réalité terriblement concrète. « L’intelligence artificielle a une composante physique énorme », rappelle la chercheuse australienne Kate Crawford. « Ses infrastructures engloutissent des quantités incroyables de ressources : eau, énergie, minerais, données, main-d’œuvre. »
Nous croyons flotter dans un espace éthéré ; nous pataugeons en vérité dans une mer de métaux et de kilowatts. Le « cloud » a la densité du plomb.

Certes, l’IA promet des bienfaits : elle raccourcit les distances, permet le travail à domicile, redonne vie à certains territoires ruraux sans qu’il soit besoin d’artificialiser de nouvelles terres. Mais elle ouvre aussi d’autres abîmes : des entreprises sans employés, des machines capables de s’auto-programmer, un monde où le travail humain devient superflu.
Et pourtant, l’homme ne cessera jamais de vouloir créer, perfectionner, dépasser. Il est condamné à avancer, pour le meilleur comme pour le pire.

Sous cette apparente abstraction, l’IA repose sur une base très concrète : le cuivre.
Chaque algorithme, chaque réseau neuronal exige une puissance de calcul démesurée, rendue possible par des circuits de cuivre où circulent les électrons comme le sang dans nos veines. Les data centers, véritables cathédrales numériques, en consomment des quantités vertigineuses.
calcul ubiquitaire. Le géant BHP, plus grande entreprise minière du monde, producteur de fer, de diamants, d’uranium, de charbon, de pétrole, et de bauxite, prévoit qu’en 2050, la demande mondiale atteindra 3,4 millions de tonnes par an. Et si l’on ajoute la transition énergétique, 40 % d’énergie dite “verte” nécessiteraient 200 % de cuivre en plus, dont le pic pourrait survenir dès 2030 ou 2040. Aucun substitut réel n’existe. En trente ans, nous avons déjà extrait la moitié du cuivre accessible sur Terre.

L’Agence internationale de l’énergie estime que les besoins en minerais critiques doubleront d’ici 2030 et quadrupleront d’ici 2040. Le lithium, métal-roi de la mobilité électrique, verrait sa demande multipliée par neuf. Et tout cela dans un monde où la Chine détient jusqu’à 95 % de la production mondiale de terres rares, alors même qu’elle n’en possède que moins de 30 % sur son sol. Une dépendance inquiétante, presque suicidaire.

Il serait donc criminel, ou à tout le moins irresponsable, de ne pas engager une réflexion profonde, et des actions concertées à l’échelle européenne, sur ces deux forces qui redessinent notre avenir : la démographie et l’intelligence artificielle.
Les ignorer dans les débats présidentiels et législatifs à venir, c’est refuser de voir le monde tel qu’il est.
Mais cette lucidité, cette raison de la raison, sera-t-elle au rendez-vous ? Rien n’est moins sûr. Et c’est peut-être là le plus grand danger.

La consommation mondiale d’électricité

Ne pas négliger la consommation mondiale d’électricité : 28 510 TWh en 2022 et 31 153 TWh en 2024, avec en perspective de fortes augmentations liées à des besoins croissants.

Le « boom électrique » s’explique notamment par une demande accrue de refroidissement due aux températures records, mais aussi par des besoins croissants :

- de l’industrie ;

- des centres de données (data centers) ;

- de l’usage de l’intelligence artificielle ;

- de l’électrification des transports.

En 2024, les énergies renouvelables et le nucléaire ont fourni 80 % de l’électricité supplémentaire consommée, représentant ensemble 40 % de la production mondiale d’électricité.
Parallèlement, les ventes de véhicules électriques ont grimpé de plus de 25 %, représentant désormais une voiture sur cinq vendue dans le monde.

L’électricité représente aujourd’hui 20 % de la consommation totale d’énergie de l’humanité, avec d’importantes disparités régionales. Ainsi, en Chine, qui mène une politique d’électrification à marche forcée, la part de l’électricité dans la demande totale d’énergie atteint 28 %, contre 22 % aux États-Unis, 21 % dans l’Union européenne et 10 % en Afrique.

En termes de consommation, la Chine occupe la première place avec une demande brute d’électricité de près de 10 000 TWh. Viennent ensuite les États-Unis, l’Union européenne, l’Inde, le Japon et la Russie.
C’est en Chine, en Inde et aux États-Unis que l’augmentation de la demande est la plus forte (+7 %, +5,8 % et +2 % respectivement).

Le mix énergétique mondial actuel

En termes de production, le mix mondial moyen se répartit actuellement comme suit :

- Charbon : 10 704 TWh (34 %)

- Gaz : 6 777 TWh (22 %)

- Nucléaire : 2 840 TWh (9 %)

- Énergies renouvelables (ENR) : 9 848 TWh (32 %)

En comparant ces chiffres à ceux de l’an 2000, consommation totale de 15 510 TWh, on observe la progression des énergies décarbonées, tant en valeur absolue, 2 919 TWh en 2000, qu’en valeur relative, 19 % en 2000, le recul du charbon (39 % en 2000) et la hausse du gaz naturel (18 % en 2000).

Derrière ces moyennes mondiales se cachent de fortes disparités nationales :
en Chine, 65 % de l’électricité est produite à partir d’énergies fossiles, alors qu’en France, près de 95 % de l’électricité provient de sources décarbonées, dont 67,4 % de nucléaire.

L’électricité partout

Les principaux usages de l’électricité sont :

- résidentiels (chauffage, climatisation, électroménager…) ;

- industriels (métallurgie, chimie, agroalimentaire…) ;

- tertiaires (hôpitaux, écoles, commerces, bureaux…).

La structure de consommation varie d’un pays à l’autre : en Chine, l’industrie absorbe 60 % de la consommation électrique, soit près du double de la moyenne des pays de l’OCDE (32 %).
En France, la répartition est la suivante (chiffres EDF 2023) :

- Résidentiel : 39 %

- Tertiaire : 33 %

- Industriel : 26 %

- Mobilité : 3 %

Quelques ordres de grandeur illustrent l’omniprésence de l’électricité :

- Consommation annuelle moyenne domestique en France : 2,4 MWh par personne ;

- Production d’une tonne d’aluminium primaire : 13,5 MWh ;

- Parc français de box Internet et décodeurs TV : 10 GWh par jour ;

- SNCF (plus gros consommateur d’électricité en France) : 7 TWh/an ;

- Samsung : 30 000 GWh pour ses opérations mondiales en 2023.

Cependant, 685 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, dont 85 % en Afrique subsaharienne.

Perspectives : une hausse continue

Selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation mondiale devrait continuer de croître d’environ 4 % d’ici 2027, soit 3 500 TWh supplémentaires en trois ans.
Cette demande additionnelle proviendra principalement des économies émergentes, qui devraient en représenter 85 %.

La Chine et l’Inde tirent cette croissance, avec des progressions annuelles respectives de 6 % et 6,3 % jusqu’en 2027, soutenues par leur développement économique et la hausse de la demande domestique, notamment liée à l’essor de la climatisation.
Les pays développés devraient représenter 15 % de la croissance mondiale sur la période 2025-2027, principalement en Australie, au Canada, dans l’Union européenne, au Japon, en Corée et aux États-Unis.
Cette hausse s’explique par le déploiement des centres de données, des pompes à chaleur, des climatiseurs et des véhicules électriques.

En conclusion

Depuis la fin des années 2010 et le début des années 2020, avec le développement de l’intelligence artificielle et la montée en puissance des algorithmes, nous avons franchi un nouveau palier de la quatrième révolution industrielle.
Entre la démographie et l’intelligence artificielle, deux problématiques majeures pour notre avenir, on pourrait espérer, au moins de la part du Président de la République, qu’il exprime une préoccupation réelle et encourage les responsables politiques à s’y intéresser.
Mais cela risque fort de ne pas être encore à l’ordre du jour des prochaines campagnes électorales.

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