daniel.martin137588 (avatar)

daniel.martin137588

Retraité. Auteur de romans politique fiction et essais / société.

Abonné·e de Mediapart

248 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 décembre 2025

daniel.martin137588 (avatar)

daniel.martin137588

Retraité. Auteur de romans politique fiction et essais / société.

Abonné·e de Mediapart

Un conflit majeur entre l’Occident et le monde arabo-musulman peut-il se produire ?

Depuis les attentats islamistes criminels perpétrés en France, en Europe et dans le monde, et malgré les risques de récidive régulièrement déjoués, l’idée d’un possible conflit majeur entre l’Occident et le monde arabo-musulman hante parfois les imaginaires comme un spectre ancien. Elle ressurgit à chaque attentat qui n’a pu être déjoué, à chaque conflit régional au Moyen-Orient autour d’Israël.

daniel.martin137588 (avatar)

daniel.martin137588

Retraité. Auteur de romans politique fiction et essais / société.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’interdépendance entre les pays de l’islam et les pays occidentaux tisse cependant un filet complexe d’échanges qui rend un conflit majeur difficile, sans toutefois le rendre impossible.

Aujourd’hui, avec la fin des dominations coloniales, le monde n’est plus compartimenté de la même manière qu’au temps des empires. L’Occident consomme le pétrole du désert et vend ses armes aux monarchies arabes du Golfe qui le produisent. Les élites des pays arabo-pétroliers investissent à Londres, Paris ou New York ; les étudiants des pays musulmans fréquentent massivement les universités européennes, tandis que les séries américaines inondent les écrans du Caire ou de Dubaï.

Cette interdépendance est si dense qu’une guerre ouverte relèverait presque de l’autodestruction mutuelle. Toutefois, en l’état actuel des rapports de force militaires entre l’Occident et les sociétés arabo-musulmanes, un affrontement serait nettement favorable à l’Occident. Celui-ci n’y a cependant aucun intérêt stratégique, notamment pour des raisons énergétiques : il dépend, et dépendra encore longtemps, des ressources fossiles, principalement le pétrole, le gaz, mais aussi l’uranium, tant que ces ressources resteront exploitables.

Avec une croissance démographique mondiale continue, même si celle-ci devait fortement ralentir, passant par exemple d’une augmentation d’un milliard d’habitants par décennie, comme entre 2012 (7 milliards) et 2022 (8 milliards), à seulement 100 millions, et malgré les économies, notamment énergétiques, qui pourraient être réalisées, les besoins énergétiques demeureraient considérables. Il faudrait donc continuer à trouver des fournisseurs.

Quelles que soient les tensions politiques, un conflit mondial majeur entre les pays de l’islam et l’Occident paraît ainsi difficile, tant à court terme qu’à plus long terme.

Le gaz, le pétrole, l’uranium, les métaux divers et les terres rares sont des ressources fossiles ou minérales dont les réserves sont déjà mises à rude épreuve. Sachant qu’elles sont rares ou très insuffisantes, en particulier en France et sur l’ensemble du territoire européen, à l’exception notable de la Russie, qui dispose de réserves très importantes de gaz et de pétrole, l’Europe demeure fortement dépendante de pays extérieurs.

Si les importations de pétrole et de gaz russes sont actuellement à l’arrêt en raison de la guerre en Ukraine, on a parfois tendance à oublier que la Russie est en grande partie située sur le territoire européen. Faut-il rappeler qu’en 2024 elle se classait au 2ᵉ rang mondial des producteurs de gaz naturel (15,3 % de la production mondiale), derrière les États-Unis, au 2ᵉ rang des producteurs de pétrole (11,6 %), au 6ᵉ rang pour le charbon (5 %), et au 2ᵉ rang des exportateurs de gaz naturel (16,6 % des exportations nettes mondiales) ?

La guerre ne durera pas éternellement, et une fois la paix revenue, les échanges économiques reprendront. Cela n’éliminera toutefois ni la problématique démographique, ni l’épuisement progressif des ressources fossiles, ni la nécessité d’en importer, notamment depuis les pays arabo-musulmans, ce qu’un conflit majeur avec ces derniers compromettrait gravement.

Les chiffres des réserves réelles des différents pays producteurs restent difficiles à établir

Le développement de nouvelles techniques numériques et l’exploitation de ressources non conventionnelles ont modifié la donne énergétique et contribué à une nette augmentation des réserves prouvées, notamment en offshore profond et dans le pétrole de schiste, en particulier en Amérique du Nord. Cette évolution n’en sous-entend pas moins, à terme, l’arrivée d’un déclin de la production. La date de ce pic pétrolier demeure cependant difficile à évaluer.

Théorisée dans les années 1940 par le géophysicien Marion King Hubbert à partir d’un modèle de courbe en cloche, la théorie du « pic pétrolier » situait ce maximum en 1971. Certains analystes actuels en prévoient désormais l’avènement avant 2030. Toutefois, les chiffres des réserves réelles des différents pays producteurs d’hydrocarbures sont difficiles à établir, car certains ne prennent en compte que les réserves prouvées, tandis que d’autres intègrent également les réserves probables ou possibles.

Par ailleurs, certains États ou compagnies surestiment ou sous-estiment volontairement leurs réserves pour des raisons géostratégiques, ou entretiennent le secret sur ces données.

L’augmentation globale du prix du pétrole depuis les années 1970 a eu pour conséquence de rendre rentables des gisements jusque-là non exploités. De même, la raréfaction progressive de la ressource a stimulé la prospection et contribué à l’augmentation des réserves prouvées. Le développement des technologies numériques et des ressources non conventionnelles a ainsi profondément transformé le secteur énergétique.

On ne peut toutefois exclure, à plus long terme, l’émergence d’un conflit majeur entre différents blocs géopolitiques, notamment entre des pays majoritairement musulmans et l’Occident.

À terme, il n’est pas impossible que les monarchies arabo-pétrolières conservatrices du Golfe, les républiques autoritaires, et plus largement certains pays du monde musulman, démocraties fragiles ou sociétés partiellement sécularisées, loin de constituer un bloc homogène, y compris sur le plan religieux, parviennent à dépasser certaines de leurs divisions. Espérant tirer profit des fractures internes de l’Occident, ils pourraient chercher à frapper là où cela fait le plus mal : l’approvisionnement en gaz et en pétrole, ressources fossiles par nature épuisables.

Une telle situation serait inévitablement suivie d’une réaction des pays occidentaux riches et consommateurs, faisant émerger la perspective d’un conflit majeur. La question démographique et l’ampleur des besoins à satisfaire joueraient alors un rôle déterminant et aggravant.

Quand deux mondes fatigués se font face, au-delà des guerres par procuration, le risque d’un conflit d’ampleur ne peut être totalement écarté. En l’état actuel du monde, un affrontement militaire global entre les pays occidentaux et les pays dits « arabo-musulmans », comparable aux guerres mondiales du XXᵉ siècle, demeure peu probable à court terme. En revanche, des tensions durables, voire des conflits régionaux graves, pourraient se multiplier si certaines crises locales persistent et s’aggravent.

La guerre que beaucoup redoutent ne serait pas nécessairement celle des tranchées, des fusils ou des chars, bien que ces formes de combat ne soient pas à exclure. Elle prendrait la forme d’un conflit moderne reposant largement sur l’intelligence artificielle : drones, missiles hypersoniques dans le ciel, robots humanoïdes se substituant aux combattants sur le terrain. Ces affrontements seraient nourris par des perceptions héritées du passé et des récits antagonistes, entre nostalgie d’une grandeur révolue pour les uns et désir de revanche face aux humiliations de la colonisation pour les autres. Les pertes humaines civiles et les destructions seraient, de part et d’autre, considérables.

Le monde actuel, dans lequel les pays se regroupent économiquement au sein d’espaces régionaux, n’est toutefois plus compartimenté. L’Occident consomme le pétrole du désert et vend ses armes aux monarchies qui le produisent. Les pays arabes détiennent plus de réserves prouvées de pétrole que toute autre région du globe, avec environ 713,6 milliards de barils, soit plus de 43 % des réserves mondiales prouvées.

Les réserves pétrolières des pays du Golfe, notamment en Arabie saoudite, au Koweït, aux Émirats arabes unis, au Qatar, à Oman et à Bahreïn, figurent parmi les moins coûteuses au monde à découvrir, exploiter et produire. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les coûts totaux de production en Arabie saoudite, au Koweït et aux Émirats arabes unis varient entre 3 et 5 dollars par baril. L’Arabie saoudite dispose à elle seule de plus de 265 milliards de barils de réserves prouvées, soit environ 16 % des réserves mondiales. Quatre des dix plus grands producteurs de pétrole au monde sont des pays arabes : l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït et l’Irak.

Le monde arabe possède également des réserves considérables de gaz naturel, estimées à environ 55 billions de mètres cubes, soit plus d’un quart des réserves mondiales prouvées.

La contribution du secteur des hydrocarbures aux recettes publiques des pays arabes est élevée dans la plupart des cas : environ 66 % en Algérie, 62 % au Yémen, et entre 80 et 90 % dans la majorité des États du Golfe ainsi qu’en Libye.

Il faut également compter avec l’Iran, dont la production pétrolière se situe entre 4 et 5 millions de barils par jour, et qui est le troisième producteur mondial de gaz naturel, avec environ 200 milliards de mètres cubes par an, derrière les États-Unis et la Russie. République islamique à majorité musulmane chiite (environ 90 % de la population), l’Iran se distingue des pays arabes majoritairement sunnites. Tous se réfèrent néanmoins au même texte religieux fondamental, le Coran. Les divergences entre sunnites et chiites portent principalement sur la succession du prophète, tandis que les divergences internes au sunnisme concernent surtout des interprétations doctrinales du texte religieux ou le rejet de sa dimension politique et violente.

Peut-on toutefois conserver une note d’optimisme ?

Peut-on, malgré tout, envisager une note d’optimisme face à l’hypothèse d’un conflit généralisé, à court ou moyen terme, entre le monde arabo-musulman et l’Occident ? Malgré le rôle déstabilisateur que peuvent jouer certaines organisations djihadistes, il convient de considérer un fait majeur : l’interdépendance économique tisse un filet si dense qu’une guerre ouverte relèverait presque de l’autodestruction économique mutuelle. Pourtant, sous la surface lisse de la mondialisation, les plaques profondes continuent de bouger.

L’humiliation coloniale subie par les pays arabo-musulmans de la part de l’Occident n’a pas été effacée. La domination culturelle, économique et militaire continue de peser. Face à cela, nombre de sociétés du monde musulman cherchent refuge dans la foi et la tradition, parfois en nourrissant le rêve d’une revanche symbolique.

L’Occident, de son côté, vacille dans ses certitudes : il doute de ses valeurs, ne croit plus toujours à son propre progrès ni à ses perspectives, trop occupé à se débattre dans le confort précaire du présent.

Ainsi se font face deux mondes fatigués.

Quelques éléments pour comprendre cette situation :

Les pays occidentaux (États-Unis, Europe et leurs alliés sur les différents continents) et les principaux pays du monde musulman (Arabie saoudite, Iran, Turquie, Égypte, etc.) sont aujourd’hui profondément interdépendants sur le plan économique (énergie, commerce, finance).

Une guerre ouverte aurait un coût économique insoutenable pour toutes les parties ; des sociétés civiles désormais très connectées, informées et critiques l’accepteraient difficilement.

Les grandes puissances (États-Unis, Chine, Russie, Europe) cherchent davantage à influencer les régions qu’à s’engager dans des guerres totales. Le risque d’une « guerre diffuse » demeure cependant.

On observe ainsi davantage une confrontation idéologique, culturelle et géopolitique fragmentée, à travers :

des guerres par procuration (Yémen, Palestine), où les puissances s’affrontent indirectement, y compris lorsque des trêves fragiles sont imposées sous pression internationale ;

des conflits culturels et politiques nourris par la religion, l’identité ou l’immigration ;

une guerre informationnelle et médiatique, dans laquelle chaque camp cherche à imposer sa narration (autour du conflit israélo-palestinien, de l’Ukraine ou de l’islam politique, notamment).

Les véritables lignes de fracture ne se superposent pas strictement à l’axe Occident / monde arabo-musulman.

Les mondes arabes et musulmans sont d’une extrême diversité : monarchies conservatrices du Golfe, républiques autoritaires, démocraties fragiles, sociétés plus ou moins sécularisées. Il n’existe pas de bloc homogène.

De même, « l’Occident » n’est pas un ensemble cohérent. L’Europe, les États-Unis et le monde anglo-saxon divergent souvent dans leurs priorités et leurs valeurs, ce qui pousse certaines populations vers des formes de populisme autoritaire.

Les tensions les plus vives se situent fréquemment à l’intérieur même des sociétés : entre sécularisme et religion, entre élites mondialisées et classes populaires, entre générations.

Le risque d’une escalade mondiale pourrait toutefois croître dans certains cas :

- un conflit régional majeur impliquant Israël, l’Iran et les États-Unis ;

- une crise énergétique ou écologique extrême provoquant l’effondrement de certains États ;

- l’exploitation cynique de tensions culturelles par des puissances cherchant à polariser les opinions (Russie, Chine, mais aussi certains acteurs du monde musulman ou occidental).

En somme, un « choc des civilisations » débouchant sur un conflit mondial généralisé demeure peu probable à l’état actuel des rapports de force militaires, globalement favorables à l’Occident. En revanche, un enchaînement de crises locales, de guerres hybrides et de fractures sociales peut créer une impression globale d’affrontement latent, alimentée par des attentats, des trafics et des phénomènes criminels touchant particulièrement l’Europe.

Les organisations terroristes islamistes, souvent mêlées à des logiques criminelles, se situent déjà aux avant-postes de cette violence diffuse, se revendiquant d’une guerre totale contre les « mécréants » occidentaux.

Et si le conflit n’était pas celui des civilisations, mais celui d’un miroir fissuré ?

Ainsi se font face deux mondes fatigués : l’un, saturé de technologie, inquiet de sa perte de sens ; l’autre, blessé, cherchant à exister dans un siècle qui l’a souvent méprisé et relégué au rôle de décor.

Ce ne serait donc pas un conflit de civilisations, mais un miroir fissuré : chacun voyant dans l’autre ce qu’il a perdu ou ce qu’il redoute de devenir.

La haine ne naît pas seulement d’une essence religieuse ou ethnique ; elle naît du malentendu, de la peur et de la solitude des peuples. Les guerres se nourrissent de cette illusion d’un ennemi simple.

Le véritable affrontement se joue ailleurs : entre ceux qui croient encore au dialogue des cultures et ceux qui prospèrent dans la fracture ; entre les partisans d’un monde commun et les architectes du repli.

C’est une guerre lente, silencieuse, sans frontière nette, et peut-être la plus décisive de toutes.

Le véritable enjeu est sans doute celui de la coexistence culturelle, politique et écologique dans un monde où les identités se réaffirment sous la pression grandissante de la perspective d’un chaos global.

Entre le prétendu déclin du monde occidental et les ambitions islamistes

Si l’objectif des islamistes parmi les plus radicaux est d’islamiser en priorité les pays européens, ils sont persuadés que le déclin de l’Occident libéral est aujourd’hui évident, du moins est-ce ce que croient nombre de ses propres citoyens, au regard des crises économiques et des tensions internes qui le traversent. Une illustration dramatique de cette fragilité est fournie par la guerre qui ensanglante actuellement l’Ukraine, à la suite de l’occupation par la Russie d’une partie de son territoire, provoquant quotidiennement des cohortes de morts, de blessés et de destructions, sous le regard impuissant des autres pays européens.

Peut-on pour autant prétendre que le monde arabo-musulman constitue un bloc homogène, uni et en plein essor ?

Certes, il existe des organisations comme les Frères musulmans, qui tentent d’infiltrer les sphères du pouvoir politique et les structures de décision en Europe, et plus particulièrement en France, afin d’en tirer profit. Leur stratégie viserait à la fois un développement économique de leurs pays respectifs et la construction, à terme, d’une puissance militaire capable de se préparer à un conflit mondial avec l’Occident, dans la perspective d’une islamisation globale.

Si certains pays de l’islam, au premier rang desquels les pays arabes, choisissaient d’en découdre avec l’Occident par la force et la violence, ce serait, selon eux, une manière de venger le monde arabo-musulman de sa chute à Grenade en 1492, événement fondateur d’un sentiment de déclin durable. Pourtant, ce monde est aujourd’hui loin d’être uni : les pays qui le composent sont souvent ennemis, se haïssent et se disputent pour des raisons parfois puériles, nuisibles tant au présent qu’à l’avenir. Les tensions récemment observées entre l’Arabie saoudite et le Qatar en sont une illustration. Plus largement, la quasi-totalité de ces « pays frères » entretiennent des différends politiques et/ou territoriaux.

Ainsi, loin d’être unis ou d’accord sur l’essentiel, la violence et le sectarisme apparaissent comme des phénomènes largement répartis au sein de ces sociétés. De plus, à l’instar d’une partie des populations occidentales, celles du monde arabo-musulman passent une grande partie de leur temps à ressasser le passé, or rien n’est plus nuisible que de laisser celui-ci continuer à façonner intégralement le présent et orienter la pensée des individus. Comme le rappelait Bernard Werber dans Le Jour des fourmis : « Le moment le plus important, c’est le présent, car si l’on ne s’occupe pas de son présent, on manque son futur. »

Pendant que l’Occident se débat avec son passé, ses conflits internes et ses ambitions contradictoires, que pense réellement le monde arabo-musulman ?

La devise des Lumières, paix, liberté, égalité et fraternité, a certes été remise en cause, parfois même trahie, y compris par les pays occidentaux eux-mêmes. Elle a néanmoins profondément transformé l’Occident et joué un rôle fondateur et émancipateur dans la construction de la conscience européenne. Aujourd’hui, cette dynamique semble s’essouffler. Cela n’empêche pourtant pas l’Occident de continuer à créer, inventer, découvrir et diffuser ses innovations à l’échelle mondiale. Comme le disait Jean-Jacques Rousseau : « Il n’y a plus de Français, d’Allemands ou d’autres peuples… il n’y a que des Européens. »

N’oublions pas non plus que plus de 70 % des réfugiés dans le monde proviennent du monde arabo-musulman, où les niveaux de développement sont souvent faibles, voire en régression dans certains pays.

Dans le même temps, le monde musulman se querelle pour des futilités, gaspillant le temps présent et celui des générations futures. Cette situation conduit inéluctablement à des états de crise, nourrissant rancœurs et frustrations à peine dissimulées. Selon cette vision, depuis des siècles, l’Occident aurait transmis son savoir, ses techniques et ses arts, bouleversant et révolutionnant les modes de pensée traditionnels, donnant naissance à une civilisation partiellement remodelée par des influences occidentales. Cette phase historique constitue aujourd’hui une crise multidimensionnelle, que l’on pourrait qualifier de civilisationnelle, et qui sert d’argument aux discours expansionnistes des islamistes les plus radicaux. À terme, ceux-ci projettent un conflit majeur entre le monde occidental et le monde arabo-musulman, lorsque ce dernier aura atteint un niveau militaire comparable à celui de l’Occident.

Pour certains intellectuels musulmans, l’Occident se considère comme une civilisation intrinsèquement supérieure, estimant n’avoir rien à apprendre des autres, mais tout à leur enseigner. Ce regard est perçu comme méprisant et humiliant. Selon eux, le monde arabo-musulman doit désormais penser par lui-même. Mais dans quel objectif ? Le partage pacifique n’est-il pas plus fécond que la rancœur, qui nourrit la haine et mène, in fine, à la guerre ?

Conclusion

Dès le début du XXᵉ siècle, l’Occident s’est proclamé comme l’unique civilisation digne de ce nom. Pourtant, le monde arabo-musulman fut le théâtre de nombreuses rencontres entre civilisations, et de chocs culturels qui ne prirent pas toujours la forme de conflits. C’était l’époque où l’Europe redécouvrait Platon et Aristote, l’astronomie, la médecine et bien d’autres disciplines grâce aux savants arabes. Mais le temps et les circonstances historiques ont effacé ces périodes de transmission mutuelle, ne laissant subsister que le désir d’appropriation, et les risques de conflits qu’il engendre inévitablement.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.