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Billet de blog 21 septembre 2025

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Entre certitude et incertitude, très mauvais temps pour la vie politique Française ?

Parmi les certitudes, l’une surpasse toutes les autres : la dette écologique, aggravée par la croissance démographique continue. À cette dette s’ajoute une dette financière abyssale, qui atteint 3 345 milliards d’euros et dont la réduction semble chaque jour plus difficile. Du côté des incertitudes, demeure la question de la survie politique du Premier ministre suivant ses choix politiques.

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L'incertitude majeure : un risque accru de motion de censure contre Sébastien Lecornu et une nouvelle crise politique potentielle de plus.

Sébastien Lecornu, récemment nommé Premier ministre, est le plus jeune à ce poste depuis Gabriel Attal et Laurent Fabius. Sera-t-il, lui aussi, un chef de gouvernement éphémère ? Membre du gouvernement depuis plus de huit ans, il fut, il y a dix ans, le benjamin des présidents de département. Comme Emmanuel Macron, qui avait été élu président sept mois avant de fêter ses quarante ans, Sébastien Lecornu a été nommé à Matignon à 39 ans et 3 mois, soit neuf mois avant son quarantième anniversaire. Il devient ainsi le troisième Premier ministre trentenaire de la Ve République. Cela contraste fortement avec ses deux prédécesseurs immédiats, François Bayrou (74 ans) et Michel Barnier (73 ans), les deux plus âgés à avoir occupé ce poste sous la Ve République. Lecornu a cinq ans de plus que Gabriel Attal, benjamin de la fonction, et un an de plus que Laurent Fabius en 1984, sous François Mitterrand. Il est en revanche deux ans et demi plus jeune que Jacques Chirac lors de sa première nomination à Matignon en 1986.

Sa nomination ne ressemble en rien à un voyage d’agrément : il hérite d’un gouvernement sans majorité à l’Assemblée nationale, dont la survie dépendra, de manière variable, du soutien du PS ou du RN, selon les concessions politiques qui seront faites. LFI de Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà annoncé que tous ses députés voteraient systématiquement les motions de censure, tout comme les Verts, désormais cantonnés à un discours social concurrent de celui du PS et de LFI, refusant d’affronter les réalités écologiques les plus fondamentales, telle la problématique démographique.

Car ce que les Verts semblent ne plus rappeler, c’est que la croissance démographique entraîne mécaniquement une croissance économique : plus d’habitants signifie plus de consommation, plus d’espaces à aménager pour le logement, le travail, l’éducation, la santé, la culture, le sport... Autant de terres arables artificialisées, avec des conséquences désastreuses pour la biodiversité. À cela s’ajoute la raréfaction de l’eau, aggravée par le changement climatique, notamment en Afrique où le taux de fécondité reste élevé (3,95 en moyenne). Cette situation pousse certaines populations à émigrer vers l’Europe, transformant la Méditerranée en un immense cimetière.

La croissance démographique implique aussi une production accrue, donc davantage d’énergie, d’électricité et de métaux rares indispensables au numérique et à l’intelligence artificielle. Leur extraction nuit gravement à l’environnement et à la santé des travailleurs et des riverains. La Chine, qui concentre plus de 90 % de cette production, nous rend quasi totalement dépendants. Ces ressources, en outre, sont épuisables : leur usage rationnel et leur substitution doivent donc devenir une priorité absolue, et non un luxe, contrairement à ce que semblent penser certains responsables politiques.

Plutôt que d’embarquer la France dans une tempête diplomatique avec Israël, Emmanuel Macron serait mieux inspiré de se pencher sur les plaies béantes de la politique intérieure.

Au moment précis où Emmanuel Macron s’apprête à reconnaître, devant l’Assemblée générale des Nations unies, l’existence d’un État palestinien, initialement prévu le 23 septembre 2025, ce qui choquait particulièrement les Juifs de France. Car le président avait choisi, pour cet acte hautement symbolique, le premier jour de Roch Hachana, célébrée cette année, selon le calendrier hébraïque, les 23 et 24 septembre. Ce jour où s’ouvre l’année religieuse juive, jour de mémoire et de jugement, devient ainsi le théâtre d’une initiative unilatérale, sans contrepartie palestinienne, alors même que ces derniers refusent encore de reconnaître l’existence d’Israël. C'est probablement ce qui a toutefois contraint le président à avancer d'un jour sa déclaration, plus que choquante.

À Jérusalem, Benyamin Nétanyahou dénonce un geste « qui nourrit l’antisémitisme » en appelant la communauté internationale à suivre cette reconnaissance. À Paris, l’Élysée réplique, promettant que « cette mise en cause ne demeurera pas sans réponse », mais laissant flotter dans l’air un silence pesant sur la nature de cette riposte.

Fallait-il vraiment que la France s’engage dans ce bras de fer ? Emmanuel Macron aurait dû y songer à deux fois. Car, au-delà des discours diplomatiques de façade du responsable de l'autorité Palestinienne, les Palestiniens refusent toujours de reconnaître l’existence d’Israël, et la solution à deux États n’a jamais été que la promesse d’un conflit sans fin. Au lieu de s’enfermer dans cette logique binaire, le président aurait pu prêter l’oreille à ceux, intellectuels israéliens et palestiniens, qui rêvent d’un seul État commun, fédéral, démocratique et laïque : un projet audacieux, mais porteur de paix véritable.

À force de délaisser la politique intérieure pour s’ériger en arbitre des conflits du monde, Emmanuel Macron prend le risque de fragiliser encore la France. Car un pays qui ne se répare pas de l’intérieur ne peut prétendre réparer le monde.

Pour le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu, un exercice d’équilibriste des plus périlleux.

Pour Sébastien Lecornu comme pour ses éventuels successeurs, éviter une motion de censure sera un exercice d’équilibriste. Entre les revendications sociales de la gauche, parfois partagées par un RN au discours populiste et nationaliste, et la nécessité de redresser les finances publiques, la tâche s’annonce délicate. La dette publique atteignait fin mars 2025 3 345,8 milliards d’euros, soit 114 % du PIB, avec 55 milliards d’euros d’intérêts annuels.

Lorsqu’un particulier emprunte, sa capacité de remboursement est évaluée : le prêt ne doit pas dépasser 25 à 30 % de ses revenus ou de sa richesse réelle (résidence principale, épargne…). Ne devrait-on pas appliquer un principe similaire à un État ? Fin 2023, le patrimoine économique national s’élevait à 18 674 milliards d’euros : les ménages en détenaient les trois quarts (14 005,5 milliards), L’Etat l’autre quart : 4 668,5 milliards. La baisse du patrimoine net n’a été que de moins 0,9 % en 2023, la chute de l’immobilier moins 3,9 % ayant été partiellement compensée par la hausse du patrimoine financier.

La dette représente donc 19 % du patrimoine économique national, dont 96 % est portée par l’État. Pour éviter toute dérive en cas de crise prolongée, il devient indispensable que chaque euro dépensé soit compensé ailleurs et que tout nouveau prélèvement fiscal soit équilibré par la suppression d’un impôt moins pertinent sur le plan budgétaire.

Quelles économies et quelles recettes pour remettre les finances publiques sur leurs rails ?

La question brûle les lèvres : où trouver ces dizaines de milliards d’euros que le gouvernement espère économiser d’ici 2026 ? Il ne s’agit plus de rafistolages, mais d’un véritable ajustement de trajectoire. Et si la première mesure, la plus symbolique, consistait à s’attaquer à une exception française : le quotient familial ? Supprimé dès le 1er janvier 2026, il libérerait à lui seul 28 milliards d’euros. De quoi redonner de l’oxygène à l’hôpital, à l’école, à la santé publique : un milliard pour chacun, immédiatement. Même en choisissant de lisser cette suppression dans le temps, l’État pourrait dégager, dès la première année, quelque 15 milliards d’euros.

À cela pourrait s’ajouter une contribution exceptionnelle sur la grande richesse : un prélèvement temporaire de 0,70 à 0,75 % sur les patrimoines supérieurs à 250 millions d’euros. Cette idée, loin d’être révolutionnaire, est dans l’air du temps : plusieurs milliardaires eux-mêmes l’ont défendue lors du Forum économique mondial de Davos en 2023. De l’autre côté de l’Atlantique, les bénéfices non distribués sont taxés depuis 1934, actuellement il sont de 20 % et le patrimoine des plus riches est frappé à 0,60 % : qu’on ne vienne donc pas brandir l’épouvantail de « l’exil fiscal » vers les États-Unis. En contrepartie de cette contribution de solidarité richesse (CSR), l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), qui ne rapporte qu’à peine moins de 3 milliards d’euros milliards par an et ne taxe pas que les plus riches, pourrait être supprimé, ce qui laisserait tout de même à l’État un gain net de 7 à 8 milliards.

Troisième levier : les aides aux entreprises. Leur montant, colossal, 211 milliards d’euros en 2023, ne peut être remis en cause dans son principe, mais mérite un sérieux toilettage. Le Sénat, dans son enquête de juillet dernier, en a dressé la liste, pointant les aides inefficaces, les niches absurdes, les dispositifs redondants. Rien qu’en suivant ces recommandations, l’État pourrait économiser entre 20 et 22 milliards d’euros.

Additionnons : quotient familial, contribution solidarité richesse (CSR) sur la grande richesse, rationalisation des aides aux entreprises… Ce sont 42 milliards d’euros d’économies possibles dès 2025. Et avec cela, la promesse d’une amélioration de la note de la France, d’une baisse des taux d’intérêt, rappelons que le seul service de la dette nous coûte cette année 55 milliards d’euros.

Mais à quel prix politique ?

Car là se trouve le nœud : aucune de ces mesures n’est indolore. La suppression du quotient familial, même progressive, suscitera la réprobation d’une majorité de député(e)s parmi les plus pro - natalistes de gauche, droite, extrême droite, y compris au sein des partis présidentiels, bien que contraints au soutien du premier ministre. Pour éviter une motion de censure qui provoquerait la dissolution, Sébastien Lecornu devra trouver donc compenser par d’autres gestes politiques, notamment la suspension de la réforme des retraites, afin de rouvrir un dialogue avec les partenaires sociaux, les associations et les parlementaires. Ce débat pourrait aboutir à un accord incluant :

- la prise en compte de la pénibilité du travail pour permettre des départs avant l’âge légal de 62 ans,

- la possibilité de travailler au delà de 62 anss pour ceux qui le souhaitent : En somme redonner à chacun sa liberté de choix,

- la mise en place d’un système de retraite par points plus équitable.

De plus, pour renforcer son assise politique, le Premier ministre Sébastien Lecornu pourrait décréter une revalorisation immédiate du SMIC et des salaires de 100 €, assortie d’une baisse des charges sociales pour les entreprises, de manière à compenser intégralement le surcoût.

À titre d’exemple, le SMIC net au 18 septembre 2025 s’élève à 1 426,30 euros par mois (9,40 euros/h) pour un temps plein de 35 heures. Son montant brut est de 1 801,80 euros, soit 375,20 euros de cotisations. Une augmentation de 100 euros compensée par 150 euros de baisse de charges, y compris ramènerait la charge nette à 125,20 euros, limitant l’impact pour l’employeur. Cette disposition s’appliquant également sur tout les salaires jusqu’à 4200 euros ; Certes, sachant qu’il y a 38 millions de Français salariés, mais 12 % ( 4 560 000) qui seraient sont concernés par cette majoration mensuelle de 100 €, et 150 euros de baisse des charges pour l’entreprise, le montant total de cette mesure s’ajoutant à la compensation de l’inflation entraînerait une perte totale de recettes estimée à environ 11 milliards d’euros, mais celle-ci pourrait être compensée par :

- une réforme plus équitable de l’impôt sur le revenu,

- la suppression de certains avantages accordés à des responsables politiques et hauts fonctionnaires,

- la dissolution de comités consultatifs jugés inutiles,

- une révision de certains avantages fiscaux (assurance-vie, placements boursiers),

- une contribution sur les pensions des retraité(e) les plus aisé(e)s ( au-delà de 4 200 € mensuels.

En conclusion

La croissance démographique entraîne mécaniquement une hausse de la consommation et de l’artificialisation des sols, avec des conséquences négatives sur la biodiversité. Politiquement, avec trois forces à peu près égales à l’Assemblée nationale , une situation inédite sous la Ve République, la survie politique du Premier ministre dépendra des positions du PS et du RN, et des concessions qu’il acceptera de leur accorder. L’émergence de cette tripartition politique pourrait durablement modifier les équilibres de la Ve République, sans que cela ne change fondamentalement le résultat des prochaines élections législatives et don sans espoir à un retour à la bipartition politique.

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