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Billet de blog 31 août 2025

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3346 milliards d’euros de dette , et valse des premiers ministres qui se poursuit ?

Avec 3 346 milliards d’euros, la dette de la France est devenue en 2025 un poste de dépense considérable : environ 55 milliards d’euros, soit 9,5 % du budget de l’État selon la Banque de France. Cette charge a doublé en volume depuis 2020 et continue d’augmenter, alourdie par des taux d’intérêt toujours plus élevés. Mais, comme si de rien n’était, la valse des Premiers ministres se poursuit…

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L’arithmétique humaine implacable de la démographie, nourrit à la fois le dérèglement du climat et l’abîme de la dette publique.

La loi du nombre, à travers une croissance démographique certes plus faible aujourd’hui, mais toujours constante, contribue incontestablement au dérèglement climatique. Elle participe également à l’aggravation de la dette publique française, déjà abyssale.

La croissance démographique entraîne mécaniquement une croissance économique qui lui est complémentaire. Plus d’habitants signifie plus de consommation et plus d’espace à aménager pour se loger, se nourrir, travailler. Autant de terres arables artificialisées, avec des conséquences désastreuses pour la flore et la faune. Cela implique également plus de production, donc des besoins accrus en énergie, notamment en électricité et en métaux rares indispensables au numérique et à l’intelligence artificielle.

Or, l’extraction de ces terres rares nuit gravement à l’environnement et à la santé des ouvriers comme des riverains. Il ne faut pas oublier que la Chine concentre plus de 90 % de la production mondiale, ce qui rend notre dépendance à ce pays quasi totale. Il faut aussi garder à l’esprit que ces métaux rares sont une ressource fossile, donc épuisable. Ces métaux rares appartiennent à la catégorie des ressources fossiles, promises tôt ou tard à l’épuisement. Dès lors, la recherche et l’innovation visant à réduire leur usage ne sauraient être considérées comme un luxe, mais comme une urgence. Tout en veillant que à un contrôle plus strict et une évaluation plus poussée des aides de l’État aux entreprises, dont certaines sont pour le moins très contestables actuellement, l’État devra en faire une priorité budgétaire et politique, en soutenant davantage les entreprises qui inventent des procédés sobres, qui allègent notre dépendance énergétique et environnementale, ou qui ouvrent les voies patientes et prometteuses de l’économie circulaire.

Un décalage chronique entre recettes et dépenses, synonyme de dette exorbitante

Depuis plusieurs décennies, la dette française résulte d’un déséquilibre structurel : des recettes insuffisantes et des dépenses toujours supérieures. Depuis plus de quarante ans, le budget de l’État est en déficit permanent. Pour financer ce déficit et maintenir les services publics, la France recourt à l’emprunt. Le remboursement de ces emprunts avec des taux d’intérêt toujours plus élevés, cet ensemble de ces emprunts avec des recettes budgétaires inférieures constitue la dette publique.

Pour mémoire : la France occupe la première place de l’Union européenne en matière de prélèvements obligatoires. Elle détient également une dette abyssale, la classant au 3ᵉ rang des pays les plus endettés de l’UE. En 2005, elle pesait 1 147,6 milliards d’euros avec 39,8 milliards d’euros d’intérêts à 1,5 % de taux d’intérêt; en juillet 2025, elle atteint 3 346 milliards d’euros avec 55 milliards d’euros et des taux d’intérêts à 3,4 % de taux. Au 1er Juillet 2025 , la dette représente 114 % du produit intérieur brut (PIB). Des chiffres qu’on lit comme des vertiges. Et, depuis trois ans, une valse de Premiers ministres s’efforçant chacun à leur tour de contenir la noyade, sans autre résultat que d’ajouter au désarroi collectif.

Depuis 2022, le pays connaît une instabilité gouvernementale marquée par une succession de Premiers ministres, sans parvenir à enrayer l’enfoncement dans la dette.

Le 8 septembre 2025, François Bayrou a surpris en engageant la responsabilité de son gouvernement sur le redressement des comptes publics. Il a appelé les partis d’opposition à choisir la « responsabilité » plutôt que le « chaos ». Une « clarification », selon lui, malgré le choc provoqué dans la classe politique et à la Bourse de Paris, qui a chuté de 1,70 % dès son annonce.

En coulisses, ses soutiens eux-mêmes s’interrogent déjà sur l’après. L’appel à la responsabilité, relayé par le MEDEF et adressé au Parti socialiste, ne changera rien à la décision de la majorité des députés. Tous les partis de gauche, ainsi que le RN de Marine Le Pen, ont annoncé qu’ils refuseraient la confiance. Sauf improbable revirement du Parti socialiste, la messe est dite pour le très chrétien François Bayrou : le soir du 8 septembre, il ne sera plus Premier ministre et la France se retrouvera sans chef de gouvernement.

Deux erreurs stratégiques

Première erreur : en juillet, François Bayrou annonce vouloir trouver 40 milliards d’euros d’économies dans le budget 2025, afin de ramener le déficit à 4,6 % du PIB (contre 5,8 % en 2024). Les secteurs les plus touchés seraient la santé, les chômeurs et les retraités. Curieusement, les plus riches ne semblent pas concernés. Les socialistes dénoncent cette absence de concertation, ce qui explique leur choix de refuser la confiance le 8 septembre, alors qu’ils avaient auparavant évité de soutenir une motion de censure.

Seconde erreur : le recours à la procédure rare de l’article 49.1 de la Constitution, ainsi rédigé : « Le Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, engage devant l'Assemblée nationale la responsabilité du Gouvernement sur son programme ou une déclaration de politique générale. » Compte tenu du rejet annoncé par la gauche et le RN, ce choix ne pouvait conduire qu’à une impasse. Le gouvernement aurait pu attendre le débat budgétaire pour engager sa responsabilité, mais il a préféré cette voie rapide et risquée.

Des alternatives possibles

D’autres choix étaient envisageables sans cibler la santé, les chômeurs et les retraités. Avec plus de 3 300 milliards d’euros de dette, chaque euro dépensé doit trouver sa contrepartie en économies. Si l’on ne veut pas alourdir la fiscalité, et si l’on venait à créer une taxe ou impôt il faut en supprimer un existant. Obligatoirement, il faut créer des prélèvements plus justes et supprimer ceux qui le sont moins.

Pourquoi pas une contribution solidarité richesse et une remise en cause de la politique nataliste, au premier rang de laquelle le quotient familial ?

Plutôt que de rétablir l’impôt sur la fortune, dont il est hors de question car il risquerait de provoquer de nouveaux départs d’entreprises, surtout avec l’appel de Trump aux entreprises Européennes de les accueillir, et la surtaxe des produit importés des USA, comme l’on souhaité des très riche au forum économique mondial de Davos en 2023, on pourrait instaurer une contribution de solidarité richesse temporaire pendant deux ans sur les très hauts patrimoines. Une taxation exceptionnelle de 0,7 % sur les 500 plus grandes fortunes (1 228 milliards d’euros en 2024, et dont le seuil d’entrée dans ce groupe très select s’établit à 200 millions d’euros ) rapporterait environ 9 milliards d’euros. En contrepartie, on supprimerait l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui n'a rapporté que 2,2 milliards d'euros en 2024 et ne touche pas forcément les plus riches. Le gain net pour 2025 serai d'environ 7 milliards d’euros.

Autre piste : revoir à la baisse la politique nataliste. Le quotient familial, exception européenne, coûtait 28 milliards d’euros en 2023. Sa suppression progressive, en commençant cette année par les familles de quatre enfants et plus, permettrait une économie de plusieurs milliards.

De même, les majorations de pension pour enfants représentent un coût élevé : 8 milliards d’euros en 2023 (dont 5 milliards pour les pères). Ce dispositif nataliste, qui augmente de 10 % la pension à partir de trois enfants, paraît inéquitable et daté. la suppression progressive du quotient familial permettrait d’économiser environ 10 à 11 milliards dès le budget 2025. Les avantages spécifiques aux familles avec enfants handicapés, eux, devraient évidemment être maintenus et revalorisés.

La réduction de la dette ne peut se faire uniquement sur le dos des plus fragiles. Elle exige des choix courageux, une fiscalité plus équitable et une remise à plat des dépenses publiques, notamment celles qui continuent à récompenser une politique nataliste coûteuse et inadaptée aux enjeux écologiques et financiers actuels.

Et que dire des crédits d’impôt et des aides aux entreprises ?

Par rapport au crédit d’impôt : Dans une nouvelle étude publiée en 2023 sur les différences d’imposition sur les bénéfices entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises, le Conseil des prélèvements obligatoires, une institution associée à la Cour des comptes, affirme non seulement que le taux d’imposition moyen des grandes entreprises françaises est passé de presque 40 % à quasiment 25 % en sept ans, mais qu’en plus, elles « reçoivent une part des crédits d’impôt supérieure à leur poids dans l’IS (impôt sur les sociétés) brut ».

Concernant les aides aux entreprises : Comme pour les crédits d’impôt, s’il n’est pas question de remettre en cause leur principe, il faut néanmoins se référer à l’enquête rendue publique le 8 juillet par une commission d’enquête sénatoriale, laquelle formule 26 préconisations pour plus de transparence et d’efficacité concernant les aides aux entreprises.

Le Sénat constate, comme l’écrit le sénateur communiste Fabien Gay en préambule de son rapport adopté le 1er juillet à l’unanimité : « Quelques années après la gabegie qu’a constitué le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), l’actualité sociale fait ressurgir dans le débat public la problématique de la conditionnalité des aides publiques, ainsi que celle d’un contrôle plus strict et d’une évaluation plus poussée de ces aides. »

Après six mois de travaux et d’auditions, dont certaines avec de grands patrons ayant défrayé la chronique, la commission d’enquête sénatoriale sur l’utilisation des aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants a évalué le montant annuel des subventions, soutiens, exonérations de cotisations et niches fiscales versées aux grandes sociétés. Pas moins de 211 milliards d’euros leur ont été attribués en 2023 (hors compensations pour charges de service public) :

- 88 milliards d’euros en dépenses fiscales,

- 75 milliards en exonérations de cotisations sociales,

- 41 milliards en interventions financières de BPI France, la « banque des entrepreneurs »,

- 7 milliards en subventions directes aux entreprises.

En 2018 déjà, le député socialiste Luc Carvounas soulignait que le groupe Carrefour avait perçu plus de 130 millions au titre du CICE et plus de 200 millions d’euros en baisses de charges. Les Français·es avaient donc versé près de 2 milliards d’euros au groupe en cinq ans, alors même qu’il distribuait 500 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires et supprimait 2 400 postes via un plan de « départs volontaires ».

À la lumière des observations du Sénat, on peut légitimement estimer qu’une économie d’environ 20 à 22 milliards d’euros pourrait être réalisée sur les aides injustifiées à des entreprises. Si l’on y ajoute une contribution financière exceptionnelle de 7 milliards d’euros sur les très hauts patrimoines, ainsi que 10 à 11 milliards d’économies sur le quotient familial, les 40 milliards d’euros d’économies nécessaires pour le budget 2025 seraient atteints, sans toucher aux chômeurs, à la santé ou aux retraites (sauf éventuellement les plus élevées, au-delà de 4 200 € par mois et par personne).

Conditionnalité des aides et poids des normes

La conditionnalité des aides publiques doit porter en priorité sur l’innovation, la création et la production, notamment pour les entreprises dont l’innovation porte sur la réduction des besoins énergétiques et des ressources fossile qui lui sont inhérentes, tout en revoyant la question des normes au niveau national et européen.

Beaucoup de normes frisent l’absurde et deviennent des obstacles à l’innovation. L’actuel Premier ministre, François Bayrou, rappelait avec ironie qu’il y a quelques années, les députés européens avaient débattu plusieurs jours d’une norme définissant… la taille des escargots ! Combien d’autres normes tout aussi contraignantes et inutiles subsistent encore ? Un nettoyage en profondeur s’impose.

Innover, produire et consommer local : l’exemple de l’informatique

Il est inadmissible qu’en France et en Europe nous importions, pour des raisons de prix, la quasi-totalité du matériel informatique, alors même que des filières locales pourraient être soutenues.
Chaque année, les ménages français achètent pour environ 10 milliards d’euros de PC, tablettes, accessoires et smartphones, fabriqués essentiellement à l’étranger (Dell, HP, Samsung, etc.), ces marques n’ayant en France qu’une simple présence commerciale.

La fabrication d’un ordinateur ou d’un téléphone neuf a de multiples impacts environnementaux : consommation de matières premières, d’énergie et émission massive de gaz à effet de serre. Par exemple, fabriquer un PC portable génère en moyenne 330 kg de CO2, contre seulement 3 kg par an lors de son usage. Allonger la durée de vie des équipements est donc bien plus vertueux que d’en produire constamment de nouveaux.

Dès lors, pourquoi préférer l’achat d’un appareil neuf fabriqué à l’étranger, dont on ignore les conditions de production, à celui d’un matériel reconditionné vendu par un professionnel local, garanti et suivi après-vente ?
Les aides publiques devraient encourager massivement la production locale d’équipements informatiques compétitifs, mais aussi le reconditionnement et l’économie circulaire.

Réforme territoriale

Enfin, il faudra oser une véritable réforme territoriale, non plus timide ni fragmentaire, mais assumée : la fusion obligatoire des communes, bâtie sur les intercommunalités existantes, lesquelles disparaîtraient, à l’exception des métropoles de Lyon et de Paris qui ont déjà absorbé les compétences de leur département, le Rhône pour l’une, la capitale pour l’autre. Un tel geste, décisif, libérerait plusieurs milliards d’euros aujourd’hui engloutis dans les doublons administratifs. Ces nouvelles communes, renforcées, pourraient ensuite s’associer en communautés de projet, choisies et non subies, chacune finançant sa part à proportion de sa démographie et des bénéfices attendus. L’économie annuelle dépasserait sans aucun doute trois milliards d’euros. Mais plus que l’argent, c’est la clarté, la cohérence et la lisibilité de l’action publique qui seraient gagnées. Certes, une telle refonte ne saurait être mise en œuvre du jour au lendemain ; elle exige courage, volonté, et une vision qui transcende les intérêts locaux. C’est pourtant à ce prix que la République renouera avec l’efficacité, et cela contribuera aussi à renouer la confiance de ses citoyens.

Conclusion

Les 40 milliards d’euros d’économies exigés pour le budget 2025 peuvent être trouvés sans sacrifier les chômeurs, la santé ou les retraites ordinaires, excepté éventuellement celles qui sont très élevées. La priorité doit être : un strict contrôle et une évaluation rigoureuse des aides aux entreprises, une conditionnalité forte orientée vers l’innovation, la création et la production, des choix industriels et technologiques économes en énergie, respectueux de l’environnement, ainsi qu’une simplification normative et territoriale. Les aides de l’État doivent être des leviers d’avenir, et non des rentes injustifiées.

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