Par Martin Kreickenbaum WSWS.org
Extraits de l’article :
« Le 14 juin, l’Adriana, un bateau de pêche transportant des centaines de réfugiés a coulé au large de la ville portuaire grecque de Pylos. Environ 600 personnes, dont des enfants, se sont noyées. Une enquête menée par la chaîne régionale allemande NDR, le Guardian, l’agence de recherche Forensis et l’organisation grecque Solomon a permis de conclure que l’Adriana avait été remorqué par les garde-côtes grecs vers les eaux territoriales italiennes qui, ne réussissant pas, ont laissé le bateau chavirer. »
« L’équipe de recherche s’est entretenue avec 26 survivants, a évalué les dossiers judiciaires disponibles et examiné les journaux de bord des navires impliqués. Le navire 920 des garde-côtes a atteint l’Adriana, qui venait de recevoir de l’eau, de la nourriture et du carburant du pétrolier Faithful Warrior, le 13 juin à 22h40. Des images vidéo montrent que l’Adriana, complètement surchargé, gîtait déjà dangereusement à ce moment-là et qu’une action de sauvetage immédiate aurait dû être lancée.

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L’Adriana dérivait depuis des heures à cause d’un compas cassé et du manque de carburant, poussé uniquement par le courant. Mais après l’arrivée des garde-côtes grecs, il s’est remis à avancer à vitesse constante vers l’Italie. Les survivants rapportent que les garde-côtes les ont précédés, affirmant qu’un navire des garde-côtes italiens les attendait déjà »
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« Les garde-côtes affirment qu’ils ont attaché la corde pour stabiliser l’Adriana. Stefan Krüger, expert en sécurité des navires, a toutefois exprimé de sérieux doutes quant à cette version auprès de NDR info. «Ce genre de mouvement de gîte, que l’on obtient certainement avec un tel remorquage, ne permet pas de stabiliser le navire». Krüger pense plutôt «que la motivation était de remorquer le navire parce que le moteur ne fonctionnait plus». Peu de temps après la fixation du câble de remorquage, l’Adriana a chaviré.
Deux survivants, qui ont souhaité garder l’anonymat par crainte des autorités grecques, ont raconté à la BBC comment le chavirement s’est produit. «Ils ont fixé une corde par la gauche. Tout le monde est allé sur le côté droit de notre bateau pour le rééquilibrer. Le navire grec s’est rapidement éloigné et a fait basculer notre bateau. Ils l’ont emporté avec eux pendant un long moment». »
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« D’autres incidents qui montrent que les garde-côtes grecs n’ont jamais été intéressés par un sauvetage des réfugiés ont parus au cours de l’enquête. L’agence européenne Frontex de protection des frontières est elle aussi restée inactive bien qu’on l’ait informé à un stade précoce de l’urgence d’un sauvetage en mer.
Selon les informations du journal allemand Welt am Sonntag, le bateau a été repéré pour la première fois par les autorités italiennes à 6h51, d’après un document interne de Frontex. Frontex avait auparavant affirmé n’avoir appris l’existence du navire surchargé qu’à 9h47 grâce à un drone de reconnaissance. En réalité, dès 8h51, le centre de sauvetage en mer de Rome a alerté Frontex et le centre de contrôle du Pirée, d’où sont dirigées les opérations de sauvetage des garde-côtes grecs. L’information aurait également fait état de la mort de deux enfants à bord du chalutier. »
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« Le naufrage de l'Adriana, qui a coûté la vie à plus de 600 réfugiés, est manifestement un acte de meurtre collectif, commis soit délibérément, soit par défaut d'assistance et dont l'UE est responsable. »
(Article paru d’abord en anglais le 19 juillet 2023)