François Hollande et la Grèce - La perfidie du normal
- 9 juil. 2015
- Par Danyel Gill
- Blog : Danyel Gill
François Hollande - La perfidie du Normal © Danyel Gill
2005-2015, d’un Non, l’autre.
En 2005, par l’expression d’un vote référendaire, dans l’espace du débat justement, les citoyens avisés reprenaient la main sur le projet politique. Quand l’expression démocratique entre en conflit avec le bon ordre commun des choses, que décide François Hollande ? Le 4 février 2008, il votait la réforme constitutionnelle nécessaire au transfert de souveraineté qu’impliquait la ratification du traité de Lisbonne, copier-coller du précédent Traité rejeté par référendum. Premier secrétaire du Parti Socialiste, c’est donc avec un certain cynisme, qu’il déposa pour la forme (ne disposant pas de majorité) une motion référendaire portant sur son vote positif allant à l’encontre d’un vote référendaire !
Pour la forme, c’est ce que l’on nomme chez lui cet « esprit de synthèse » sans doute, c'est-à-dire l’habillage de sa normalité, de ce moment de distinction nécessaire. Pour lui donner l’apparence d’une différence, d’une résistance, car la particularité de l’homme normal est de n’avoir ni l’une ni l’autre. Trouver la formulation d’une vague opposition, c’est livrer la synthèse entre ses convictions et les antagonismes de sa mise en œuvre avec l’observance des principes du fonctionnement démocratique. Cette synthèse, trahis toute logique mais jamais la norme.
De la Perfidie.
2005 se conclue pour lui et tout son genre classique politicien, par un déni de démocratie historique. Que fera-t-il du Non grec de 2015?
La même perfidie qu’il fit du Non français au référendum de 2005.
La même énigme que ce farouche ennemi de la finance a fait de son improbable vœux de « réorientation » de la politique européenne, c'est-à-dire rien. Un magnifique rien de normalité ! En 2012, il a chuchoté avec une certaine science du marketing politique ce mot « réorientation » que nous voulions entendre. Autant qu’aujourd’hui son fameux esprit de synthèse prononce ceux «d’équilibre entre responsabilité et solidarité ». Et l’équilibre, nous pouvons le parier, penchera. Il basculera du côté de ce qu’il appelle « responsabilité », c'est-à-dire du respect de la règle, même inepte. Il se précipite en fait à l’écriture d’un scénario soft de sortie de la Grèce si nécessaire, en laissant faire avec une impuissance contrôlée les ardeurs de la finance.
Et pourtant.
Droite, gauche, nous sommes pourtant nombreux à voir dans cette crise une occasion historique de réorienter véritablement la gouvernance et la finalité du projet Européen. A nous interroger sérieusement sur la qualité de ces institutions a-démocratiques. Nous ne doutons pas de l’opportunité unique de donner du sens aux difficultés des uns, car relever des défis, c’est redéfinir des objectifs. Inventer.
Est-il à la hauteur de l’évènement ? Sa communication, par on ne sait quelle pirouette, le sera assurément le temps de l’épilogue mais devant l’histoire il restera à jamais celui qui a laissé filer la chance, par attentisme, suivisme et conformisme…
Enfin, à observer la ténacité dans l’adversité d’Alexis Tsipras, la force de ses convictions, sa persévérance jusqu’à l’étranglement, on peut juger du niveau de combativité obligatoire. Comparez alors avec l’armure transparente de Hollande, standard de l’offre politique. Croyez-vous véritablement que l’insignifiance de son soi-disant esprit de synthèse suffira à attendrir la férocité de la Troïka, en particulier de la BCE indépendante (sic)? La rage de ses croyances ordinaires pour juguler la puissance de feu nucléaire des pouvoirs économiques ?
Non, cet homme normal au pouvoir, c’est la banalité de la perfidie en marche.
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