Tu es banalement démocrate. Tu veux juste débattre d'égalité, puis un jour on te nomme: l'islamo-gauchiste. Pardon ? Et sans avoir bouger le cul de ta chaise sur tes idées claires, tu es devenu hier soir communautariste et séparatiste !
Le curseur de ta radicalité supposée, c'est ceux qui te nomment qui l'ont en main. Tu dois reprendre la main sur ton nom. Ils te séparent de Nous, de toute concorde. Ce n'est pas toi le séparatiste et tu le sais. Tu penses en gestes barrières ; certes, tu retournes le stigmate depuis quatre générations. Tu crois te défendre ; certes, mais tu t'appropries le nom qu'ils te donnent. Et la déesse aux mille bouches l'impose à longueur d’onde. En validant ton nouveau nom encore une fois, tu acceptes surtout de te soumettre à l’éclair.
Tu es banalement mais puissamment démocrate. Tu veux encore débattre d'égalité. De justice aussi. Et puisque tu n'as toujours pas bougé le cul de ta chaise aux idées claires, puisque tu acceptes le nom qu’ils te donnent à chaque fois, un soir, tu prends du grade. Tu deviens : l’anti-républicain séditieux. Il suffit ! Tu te lèves et comme tous ceux qui sont si banalement mais puissamment démocrates tu te rends sur la place qui porte ton nom.
Là, tu assistes au spectacle de la folie d’un homme frustré de n’avoir pu organiser la Rafle du Vel d’Hiv. « Un nazi » comme le nomme un ancien premier ministre. Il nasse et gaze systématiquement depuis des mois des milliers de démocrates sur la Place de la République qui porte ton vrai nom. Il est du camp de ceux qui te nomment mal. Notre Place, c’est le stade de ses rafles qu’il organise comme un camp sans issue sous la loi de son hyper violence. Il provoque, blasphème, insulte ta couleur, blesse, mutile, éborgne à volonté et dans l’impunité la République. Dans sa chair.
Et toi, tu es vraiment puissamment démocrate. Pacifiste, tu réclames la désescalade face à la banalité de l’hyper violence de ceux qui te nomment mal. Mais pire, tu insistes encore, tu veux toujours débattre d'égalité, de justice, de racisme et des violences arbitraires impunies de ceux censés garder la paix qui te tiennent en joue. Le cul sur ta chaise au idées claires, tu es leur cible adorée, si facile, une provocation de patience, un outrage à l’ordre de ceux qui te nomment.
Hier soir, un homme dont tu ne discutes pas la légitimité ; puisque tu es démocrate, a insulté la tienne. Il t’a viré de la République en te nommant « séparatiste ». Ce président ose t’exclure puisque tu acceptes si docilement ton nouveau nom à chaque fois. Et la déesse aux mille bouches se régalera demain de mille autres substantifs. Dorénavant, elle se sent encore plus libre de commercer sur tes noms. Tu seras bientôt ; pourquoi pas, son « terroriste ? »
Alors tu te lèveras à nouveau, indigné, comme tous ceux qui sont si puissamment démocrates et tu te rendras sur la place qui porte ton nom. Et l’autre « psychopathe » ; comme le nomme un ancien premier ministre, t’effacera de l’humanité dans un bain de sang qu’il attend comme son jour de gloire. Et le président, la face dans cette terre stérile du déni, usera de tous les artifices : « Mais c’était un terroriste ! » Ils saliront ton nom sur quatre générations, comme un stigmate mal retourné pour justifier leur violence, leur pouvoir. Tu comprends maintenant ? Ne te soumets jamais au nom qu’ils te donnent.
C'est pour ça Macron :
quand tu tomberas dans la terre stérile
Je nommerai néant l’éclair qui t’a porté.
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Le"nazi" et le "psychopate" sont Didier Lallement; préfet de Paris selon Alain Juppé
Les 2 derniers vers du texte en italiques sont extraits d'un poème de Yves Bonnefoy, poète de 'l'espace' et poète du 'nom'
VRAI NOM
« Je nommerai désert ce château que tu fus,
Nuit cette voix, absence ton visage,
Et quand tu tomberas dans la terre stérile
Je nommerai néant l’éclair qui t’a porté.
Mourir est un pays que tu aimais. Je viens
Mais éternellement par tes sombres chemins.
Je détruis ton désir, ta forme, ta mémoire,
Je suis ton ennemi qui n’aura de pitié.
Je te nommerai guerre et je prendrai
Sur toi les libertés de la guerre et j’aurai
Dans mes mains ton visage obscur et traversé,
Dans mon cœur ce pays qu’illumine l’orage. »