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Billet de blog 4 février 2025

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Le PS n'a qu'un choix …trahir ou tenir

La direction du Parti Socialiste en recommandant la non-censure d'un gouvernement incapable de laisser l'Assemblée nationale décider de l'orientation budgétaire laisse au RN le rôle de sanctionner le gouvernement Bayrou ou de le prolonger et trahir le mandat de ses électeurs.

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C'est aujourd'hui lundi 3 février que LFI a déposé deux motions de censure comme promis en réplique à un nouveau manquement gouvernemental, peu probablement ultime, à la démocratie (cf. article de Libération et le texte des deux motions sous respectivement censure PLF et censure PLFSS).

François Bayrou s'est en effet servi comme il l'avait annoncé de l'art. 49 al.3 pour approuver sans vote de l'Assemblée les deux textes budgétaires 2025, PLF de l'Etat et PLFSS de la Sécurité Sociale. Les deux textes revenaient  devant l'AN rescapés des coupes sombres du Sénat puis amendés par un accord arraché la semaine écoulée à la commission mixte paritaire (CMP) qui reprend quelques unes des minces "concessions" du premier ministre au parti socialiste.

Le texte des motions est éclairant à un double titre, par le contenu des raisons avancées,  du comité Théodule pour les retraites aux modulations sur le droit du sol ou l'Aide Médicale d'Etat pour complaire à Retailleau et au RN, mais aussi par les noms des signataires, où j'ai observé avec satisfaction que les "unitaires" ayant quitté LFI pour rejoindre l'Après ont signé le dépôt avec leurs anciens camarades de parti et ne cautionnent donc en rien la désertion du NFP, ce virage de bord que prépare en conscience le parti socialiste par un ballet d'indécision orchestrée qui restera dans les annales.  

Chacun sait aujourd'hui que ce dernier, seul des 4 composante du NFP à le revendiquer, a fait en continu mine de ne pas censurer le gouvernement  lors de la mise aux voix, qui aura lieu mercredi 5 février.

Il avait déjà refusé de le faire a priori le 14 janvier suite à la déclaration de politique générale du PM, où il proclamait que le compte n'y était pas, et confirmé ce refus par le vote du surlendemain, où il ne l'a majoritairement pas votée (il n'y a pas de possibilité de s'abstenir dans un vote de censure). 8 des 66 députés PS avaient alors bravé la décision faiblement majoritaire du groupe, ou 30 d'entre eux n'avaient, en dépit des concessions vantées jusque là, pas suivi leurs responsables de groupe ou de parti.

A l'époque, l'enjeu de la décision était plus que ténu, car l'abstention du RN de la voter a priori était acquis. Il en va tout autrement aujourd'hui où le RN dit réserver encore sa décision au mercredi alors que le bureau national du PS a dores et déjà décidé aujourd'hui contre la censure. Mercredi, les deux motions de censure seront mises au voix.

La version issue de l'accord en CMP vendredi 31 janvier ne pouvait qu'être marginalement amendée in fine par le gouvernement ou sa majorité avant d'engager sa responsabilité ce lundi (voir après l'accord en CMP). Les deux partis pouvaient donc choisir leurs consignes de vote de la censure en connaissance de cause dès aujourd'hui, et même déjà le week-end.

Attendre mercredi relève plutôt de la posture, les députés n'étant pas légalement contraints de suivre les consignes en question. Selon certains calculs, il suffirait de 23 socialistes "frondeurs" sur 66 pour faire tomber le gouvernement, pour peu bien sûr que l'extrême droite, dont l'indiscipline n'est pas le fort, préfère comme le véhément vice-président RN Tanguy le professe, l'absence de budget à prolonger Bayrou.

Le PS qui n'a plus que le mot responsabilité à la bouche, n'en laisse de fait qu'une seule à ses députés pour mercredi, TRAHIR les engagements pris devant leurs électeurs par leur sceau sur le programme du NFP lors des législatives anticipées des 9 juin et 7 juillet, en suivant les consignes du parti de dérober au RN le rôle d'assurance-vie de la macronie gouvernementale et d'un budget qu'ils auraient rejeté si le premier ministre leur en avait laissé le choix, ou les TENIR en désobéissant au trio Faure-Vallaud-Kanner par le vote de la censure d'un gouvernement qui croit pouvoir déjà fêter la dislocation du NFP par un premier ministre ayant judicieusement calibré les miettes qu'il leur aura concédées pour laisser au RN le rôle de pouvoir décider de son sort.

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