
Riton Liebman, acteur de 53 ans, qui se révéla à l’adolescence dans un film de Bertrand Blier*, est le fils d’un militant politique et historien juif, très critique envers sa propre communauté.
Précurseur du dialogue israélo-palestinien, Marcel Liebman affirmait que la Palestine n’avait pas à subir une colonisation par l’État d’Israël. Et qu’il ne voulait pas vivre dans un pays en vase clos, où il n’y aurait que des Israéliens. Partant que les Juifs eux-mêmes avaient été les victimes d’Hitler, et de la solution finale.
En 1977, lors de la parution de son récit autobiographique Né juif*, Marcel Liebman avait été salué par toute la critique. D’ailleurs ce livre pourrait être relu à la lumière des événements de l'histoire récente au Proche-Orient. Car Marcel Liebman né en 1929 et mort en 1986, ne pouvait se résoudre au dilemme de sa propre expérience de la Shoah et du sort réservé au peuple palestinien.
La mise en scène bien maîtrisée par David Murgia et accompagnée en musique live par un Philippe Orivel complice, nous convie à un voyage au souvenir grave ou ému, plein d’histoires juives ou non ; où l’on croise la brave Madame Katz qui questionne Monsieur Liebman, en l’apostrophant d’un bien dérangeant : « C’est dommage que vous ne soyez pas mort à Auschwitz ».
Liebman renégat c’est aussi une multitude d’images d’archives, de personnages ou d’événements réels : Plastic Bertrand, Lio, The Led zeppelin ou plutôt le fameux album 3 en vinyle avec sa pochette articulée, le journal Le drapeau rouge de la période communiste Belge, mai 68 etc. Le tout interprété par un Henri Liebman incarnant un « Riton », distancié et espiègle, rendant hommage à un père trop tôt disparu.
Si vous passez à la Maison des Métallos à Paris, allez voir cette confession politico-familiale des années septante et quatre-vingt. Vous ne serez pas déçus.
* Préparez vos mouchoirs
* aux éditions Aden, Fil rouge
Liebman renégat
conception, texte et interprétation Henri Liebman
conception et collaboration à la mise en scène David Murgia
composition et interprétation musicale Philippe Orivel
assistanat à la mise en scène Yannick Duret, Aurélie Alessandroni
scénographie Sarah de Battice
création lumières et vidéo Gwenaël Laroche
régie lumières et vidéo Arnaud Bogard
régie son Benoît Pelé
images d’archives Sonuma
documentaire Hugues Le Paige
Maison des métallos
94, rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris
du 30 mai au 3 juin