
Hélène s'apprête à quitter Beyrouth où elle séjourne depuis quelques jours, en tant que congressiste. Il fait chaud. Elle s'éponge le cou avec son mouchoir, et c'est à ce moment-là qu'elle s'aperçoit qu'elle a perdu son bijou "évanescent". Un collier de perles en plastique qui a pour Hélène une valeur affective. Elle doit retrouver ce bijou. Dans cette ville aux rues achalandées et remplie des bruits de la circulation, Hélène interroge un taxi : « Excusez-moi, vous n'auriez pas vu… ?" Déterminée à retrouver son collier, et accompagnée par Nabil le taxi, Hélène rencontre, sur ce territoire libanais en chantier, des femmes et des hommes, cherchant une chose qu'ils ont perdue, pleurant sur le passé. Vos vieilles choses sont dans les dalles des nouvelles maisons. Rentrez chez vous, dans votre maison qui est encore debout, dans votre pays qui a tous ses morceaux, lui dit un contremaître qui pense qu'Hélène est en pèlerinage dans le pays où sa grand-mère vivait. Qu'est-ce que la perte d'un collier dans un Liban en reconstruction, après tant d'années de guerre ? Cela semble dérisoire, si on l'oppose à la souffrance d'une femme qui cherche une petite balle rouge. Le jouet de son fils. Dans le déni de sa mort. Le collier évanescent d'Hélène a-t-il effacé, peu à peu, de sa conscience, sa relation au monde ? Comme la guerre efface un visage d'enfant aux yeux d'une mère. Comme ce carré perdu, où un homme pouvait poser ses pieds, annonce des jours noirs ; et que cet homme voit des gens qui marchent comme Hélène dans la rue, à l'extérieur, qui se foutent de son désespoir. Bien sûr que non, elle ne s'en fout pas. Alors il faut qu'elle crie avec cet homme, dans la douleur de la perte : on ne peut plus vivre comme ça ! La pièce de Carole Fréchette est essentielle dans l'horreur de notre présent et de son actualité dramatique. Même si aucune fiction ne peut rendre compte du réel.
Carole Fréchette a écrit Le collier d'Hélène dans le cadre du projet "Écrits nomades" qui a réuni au Liban, en mai 2000, neuf auteurs dramatiques de la Francophonie. "La pièce a connu de nombreuses mises en scène, en Europe, en Amérique du Nord, en Asie, en Afrique. Des publics différents se sont identifiés au voyage initiatique d'Hélène, même s'il se passait à mille lieux de leur réalité. Le Liban qu'Hélène a sillonné dans le taxi de Nabil n''existe plus tout à fait. Mais la douleur de la perte est toujours là, au Moyen-Orient et ailleurs, autour de nous et en nous ». Carole Fréchette
L'auteure :
Carole Fréchette est une auteure dramatique québécoise, née à Montréal en 1949. Après des études de comédienne à l’École Nationale de Théâtre du Canada, Carole Fréchette se tourne vers l’écriture dramatique au milieu des années 1980. Ses œuvres ont été saluées par de nombreuses récompenses, au Canada et à l’étranger. Deux fois récipiendaire du Prix du Gouverneur général, en 1995, pour sa pièce Les Quatre morts de Marie et en 2014, pour Small Talk, elle a été finaliste à ce même Prix pour La Peau d’Élisa (1998), Les Sept jours de Simon Labrosse (1999), Jean et Béatrice (2002), Serial Killer et autres pièces courtes (2008). À Toronto, sa pièce Les Quatre morts de Marie a été couronnée par le Prix Chalmers, et deux de ses textes ont été mis en nomination aux Dora Mavor Moore Awards. En littérature jeunesse, elle a été finaliste au Prix Montréal-Brive de même qu’au Prix M. Christie pour son roman Carmen en fugue mineure. Sa pièce, Le collier d'Hélène, a été publiée en 2002 dans Écrits nomades, volume 2 ; et reprise seule en 2017 dans la collection " Théâtre à vif", chez Lansman Editeur.
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