Le second volume « Écrits (2) », paru aux Solitaires Intempestifs, est un voyage qui va de « Wielopole Wielopole » à la dernière répétition, via le paysage de l’art et de la vie de Tadeusz Kantor : metteur en scène, écrivain, peintre, scénographe, acteur, théoricien de l’art et professeur à l’Académie des beaux-arts de Cracovie. Son moyen de transport est le happening venu de l’oeuvre elle-même, de l’autre côté, de l’autre monde : une oeuvre fermée, unique, inaccessible, selon lui. Wielopole, lieu de naissance de Tadeusz Kantor (1905-1990), est la source de sa création. Un siècle plus tard, ce village fait encore résonner l’avant-garde de cet artiste complet qui donna un nouvel élan, au théâtre du XXème siècle.
Kantor revenait toujours dans le milieu des bas-fonds humain ; « L’art, au fond, est un crime », disait-il. Il avait l’ambition de créer un théâtre autonome. Dans une langue intraduisible, sans aucune participation, une oeuvre fermée, telle La classe morte. L’écriture n’existait que dans un sens purement sémantique, les acteurs disaient le texte dans une action indépendante, sans intention d’illustrer le schéma proposé par la pièce. Telle était la marque de fabrique du théâtre Cricot 2* de Kantor. Toute son oeuvre était parcourue par les oppositions illusion-vérité, mort-liberté et imagination-fiction. Le prix à payer pour cela était pour Kantor, la rencontre avec la mort** :
« la contradiction mort-vie correspond parfaitement à l’opposition fiction-réalité », disait-il.
Sa recherche lui fera prendre conscience de cette fascination « à travers la fenêtre » par un regard extérieur avec l’aspiration à franchir le seuil du visible.
Sa grande question était : qu’est au juste le regard ? Kantor s’absentait dans son oeuvre, se livrait au hasard dans les lois secrètes du reflet, de l’inversion, de la poésie. Il allait à la recherche de lui-même pour créer son double, son oeuvre, l’un en face de l’autre. Son objectif était de transmettre la mémoire depuis sa chambre d’enfant à la baraque de foire Cricot 2 :
« rendre public ce qui dans l’individu est le plus secret, qui renferme la valeur suprême, ce qui, pour « le monde », semble être ridicule, quelque chose de mesquin, une misère. L’art révèle cette « misère » à la lumière du jour. Quelle grandisse. Et quelle règne. C’est le rôle de l’art » Tadeusz Kantor.
Ce livre biographique en huit parties, Écrits (2), du théâtre de Kantor, contient les partitions, séquences et commentaires de Wielopole Wielopole, La classe morte, Qu’ils crèvent les artistes, Je ne reviendrais jamais, Aujourd’hui c’est mon anniversaire, ainsi que les notes et réflexions d’un des hommes de théâtre les plus novateurs du XXème siècle. Avec cet ouvrage, nous sommes au coeur de l’intimité créative de Kantor. Un bonheur pour tous les passionnés de théâtre.
*http://www.cricoteka.pl/fr/
** Lire Le Théâtre de la mort : textes réunis et présentés par Denis Bablet aux Éditions L’ÂGE D’HOMME
Écrits 2 (De « Wielopole Wielopole » à la dernière répétition) Tadeusz Kantor
Texte original en polonais traduit par Marie-Thérèse Vido-Rzewuska
Les Solitaires Intempestifs
1 Rue Gay Lussac 25000 Besançon - France Téléphone : +33 [0]3 81 81 00 22
http://www.solitairesintempestifs.com
ISBN : 978-2-84681-450-8
Date de parution : 29-06-2015
Nombre de pages : 368 pages
Collection : Œuvres choisies