Au prologue, les personnages de la pièce nous annoncent de but en blanc qu’ils vont jouer pour nous, « la triste histoire des soeurs Jacques ».
Le texte est le résultat d’une commande, et c’est aussi la première fois que les trois soeurs commandent un texte, à une auteure avec un e, puisque c’est une femme. Il y a bien sûr les trois soeurs, mais aussi un journaliste, un psy, un père, une mère, un loup, le rire de Joséphine, une jolie histoire etc.
Les desiderata de nos personnages sont précis ou contraignants, selon l’humeur de chacun. Normal, les trois soeurs veulent parler des névroses de notre époque et de celles qui ont eu lieu trente ans plus tôt ; évidemment, bien plus pour l’amie au seuil de la mort, le fantôme de la grand-mère, et T-Rex‚ l’auteure.
À la lecture du texte d’Élizabeth Mazev, la structure de la pièce (un prologue et quatre actes), même si cela est volontaire, traite plus de la forme que du fond. Nous aimerions savoir ce qu’est une commande et en quoi elle diffère de l’inspiration directe de l’auteur via sa création. Si nous voyons bien l’insinuation apparente du jeu dans le jeu des comédiens, la clarté du propos est troublée par un je-ne-sais-quoi qui ne veut pas, ou ne peut, être mis à nu. Nous ne savons rien de la face cachée de l’objectif sur le long terme. À l’acte 1 le journaliste pose la question : « pourquoi l’art ? », et Lou répond : « pour me débarrasser de mes fantômes ». Sont-ils trop nombreux ces fantômes ? Est-ce la générosité d’abondance d’histoires dans l’histoire qui nous perd par moments ?
Élizabeth Mazev derrière le personnage du régisseur, nous dit : la pièce doit parler de la mort : « une mascarade. Une mise en abîme de sa propre mort ». Mais les « masques » restent masqués ; sans que nous ne sachions pourquoi. Peut-être que cette impression disparaîtra dans l’incarnation des personnages à la scène ? C’est pourquoi nous sommes impatients de voir ce texte en représentation. Nous savons bien que certaines pièces ne se révèlent que sur un plateau.
L’auteur
Élizabeth Mazev est auteur et comédienne. Elle a monté ses premiers textes avec Olivier Py avec qui elle collabore depuis plus de trente ans. Elle a également joué sous la direction de Jean-Luc Lagarce, David Lescot, Thibault Rossigneux, Valère Novarina, Marion Aubert, des auteurs contemporains, mais elle aime aussi jouer Claudel (dirigé par Jean-Pierre Vincent), Olivier Py, Ostrovski (mis en scène par Bernard Sobel), ou Goldoni (vu par Thomas Quillardet et Jeanne Candel).
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