
La question de la limite, de la décence, de la pudeur n’a pas été posé par Mohamed El Khatib. De son propre aveu : « il n’y a aucun suspense, à la fin on sait qu’elle meurt et que son fils est très très triste. On sait également que si c’était à refaire, j’agirais sans doute différemment. J’aurais été un fils irréprochable. Les parents se demandent toujours s’ils ont été de bons parents. Mais nous, est-ce qu’on a été de bons enfants ? ».
Elle a dépassé l’âge des jeux de 7 à 77 ans. Son fils est à son chevet. Elle n’a jamais su lire, alors il lui fait la lecture jusqu’à ce qu’elle s’endorme. L’intensité de leurs relations va au-delà des livres dans un instant de paix. Dans la lumière du printemps un sourire écoute « le livre de ma mère » d’Albert Cohen, puis part à jamais. 20 février 2012, 20 février 2012, 20 février 2012…
Les notes en bas de page racontent l’unicité d’un traitement palliatif de confort. Avec ce constat qu’il est plus facile d’accompagner un symptôme qu’une personne. L’humour noir surgit à travers le chagrin. Avant de toucher la peau froide, il convient d’éteindre son portable. Ou bien encore le deuil qui donne un terme définitif à une relation. Cela fait l’objet de l’immortalité d’une mère. Elle est dans les mots de Mohamed El Khatib, dans sa poésie. Surtout ne pas dire « deuil », trop psychanalytique. Car il n’est pas en deuil, il a du chagrin. Pour arrêter la dépendance du fils envers sa mère l’ami ne prend pas de pincettes : « ton entreprise de culpabilisation de l’amour filial de la chair de ma chair de mes entrailles à la con, c’est peut-être vrai pour ta mère à toi, celle d’Albert Cohen à la rigueur, mais toutes les autres mères la vérité c’est qu’elles n’en ont rien à foutre de leurs gamins. Et je vais te dire, eh bien tant mieux. Et ça va ! Merci. Ça va ! ».
Assis à la terrasse d’un café. Le téléphone sonne. À l’autre bout du fil, les sanglots de la petite soeur. La serveuse amenant un café : " vous savez, tout finit par s’arranger". L’ironie de l’histoire de « finir en beauté », c’est encore la vie dans un temps de mort.
La pièce représentée en novembre 2016 fut un succès. La presse témoigna unanimement de l’émotion qu’avait suscitée « Finir en beauté » chez les spectateurs.
Les Solitaires Intempestifs
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