
Käre et Ida ont eu une fille Martha. Devenue femme politique elle milite sur le continent pour diriger, à la suite de son père, le Parti du Réveil Populaire. Les abattoirs, qui faisaient la prospérité de Tristesses, ont fermé (cela a provoqué le suicide d’un fermier). Le Parti du Réveil Populaire ne serait pas étranger à la fermeture, dit-on. Sans cette ressource essentielle, le village s'est dépeuplé. Outre Käre et Ida, le pasteur, sa femme, le maire, son épouse, leurs deux filles sont restés sur l'île, et aussi quelques fantômes chanteurs et musiciens...
Martha Heiger revient sur l'île Tristesses, non pour pleurer sa mère, mais pour mener à bien une réussite politique qui lui tend les bras. Dans l’hypothèse que le Parti du Réveil Populaire remporterait les élections nationales, Martha Heiger deviendrait Premier Ministre. Pour l'heure, elle veut racheter les parts des abattoirs. En lieu et place seront construits des studios de propagande pour le Parti du Réveil Populaire.
Le reste, de ce faux-vrai fait divers, est à voir et à entendre dans le présent du théâtre : « l’histoire ne puise pas sa source dans la réalité mais s’en inspire en développant un sujet qui pourrait ressembler à un fait divers : deux adolescentes prennent les armes pour tuer la dirigeante d’un parti populiste ».
Vandalem rythme l’action avec art, ici et maintenant, dans l’habillage musical et lumineux du scénario. Le jeu passe, via la vidéo, à la distanciation filmée. Le sens, par d'incessants va et vient, nous parvient avec force. Certes ! cela n’est pas nouveau, mais quand le travail est soigné, le mariage théâtre-vidéo est heureux. Pour ne pas être en reste, les interprètes sont au diapason de la chef de troupe Vandalem qui ne laisse rien au hasard ; allant même jusqu’à jouer avec ses comédiens, pour leur insuffler son rêve de théâtre : « je trouve qu’il est plus facile en étant en scène avec les comédiens de transmettre un rythme, une méthode, un rapport au jeu ». Peut-être plus facile, mais rudement réussi. Voilà du théâtre qui, nous en sommes certains, fera l'unanimité auprès du public.
Anne-Cécile Vandalem sera au Festival d'Avignon en juillet 2018. Elle présentera Arctique : en 2025, l’Arctic Serenity, un bateau de luxe prochainement transformé en hôtel pour touristes fortunés, est remorqué jusqu’au Groënland. A son bord, sept passagers clandestins vont être pris au piège d’un complot destiné à les faire disparaître. À suivre…
Tristesses
d'Anne-Cécile Vandalem
avec
Vincent Cahay
Anne-Pascale Clairembourg
Epona Guillaume
Séléné Guillaume en alternance avec Asia Amans
Pierre Kissling
Vincent Lécuyer
Catherine Mestoussis en alternance avec Zoé Kovacs
Jean-Benoit Ugeux
Anne-Cécile Vandalem en alternance avec Florence Janas
Françoise Vanhecke
et Alexandre Von Sivers
composition musicale Vincent Cahay, Pierre Kissling
scénographie Ruimtevaarders
création sonore Jean-Pierre Urbano
création lumière Enrico Bagnoli
création costumes Laurence Hermant
création vidéo Arié van Egmond, Federico D’Ambrosio
chef opérateur Federico D’Ambrosio en alternance avec Lou Vernin
directeur technique Damien Arrii
assistanat à la mise en scène Sarah Seignobosc
accessoiriste Fabienne Müller
création maquillage Sophie Carlier
collaboration dramaturgique Sébastien Monfè
coiffure Gaétan d'Agostino
soprano, instrumentiste, coach vocal ISFV Françoise Vanhecke
régisseur lumière Kevin Sage
régisseur son Antoine Bourgain
régisseur vidéo Tonin Bruneton
chargée de production Marie Charrieau
management Audrey Brooking
Odéon – Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon
75006 Paris
http://www.theatre-odeon.eu/fr#
jusqu'au 27 mai 2018
Horaires: du mer. au sam. à 20 h, dim. à 15 h Jusqu'au 27 mai 2018. Places: de 6 € à 40 €
Tél : 01 44 85 40 40
Durée 2h10