Le théâtre est un lieu de rencontre avec le public pour voir et entendre des histoires humaines. Dans « La Volupté de l’Honneur », Marie-José Malis manque son rendez-vous avec Pirandello.
Agathe Renni est enceinte du marquis Fabio Colli.
Épouser sa maîtresse pourrait être la solution pour éviter un scandale, mais ce dernier ne veut en aucun cas divorcer.
Le seul moyen, d’éviter une vie d’opprobre pour Agathe et Fabio, est un arrangement avec un homme qui accepterait, contre la liquidation de ses dettes, d’épouser la jeune femme.
Le marquis, sous la bonne recommandation de son ami Maurizio Setti, va trouver en la personne d’Angelo Baldovno le père putatif idéal.
Derrière le masque une vérité se construit
Pirandello (1867-1936) nous dit dans sa pièce que, derrière le masque, il y a une vérité humaine qui se construit. Ce masque peut donner de la crédibilité à la fiction. Mais les apparences de cette fiction ne peuvent cacher, trop longtemps, la réalité.
La mise en scène de Marie-José Malis veut nous rappeler que nous sommes au théâtre. Pour démontrer cela, le plateau s’ouvre et laisse apparaître les cintres. Les changements se font à vue ; et un rideau de velours rouge, fixé en direct sur une perche, est dressé à l’Allemande (au cas où cela nous aurait échappé). Mais cette démonstration de machinerie n’apporte pas grand-chose à l’histoire, elle serait plutôt parasite pour tout dire.
Marie-José Malis nous dit, dans le programme, qu’elle cherche dans le théâtre ce qu’elle croit que lui seul peut donner. Ce don serait pour elle, une intuition radicale qui tiendrait, chez Pirandello, à la réalité et au sujet. Marie-José Malis nous dit plus loin : « parce que je crois que le théâtre doit construire le sujet nouveau, il est art de l’acteur ». Elle se dit aussi héritière totale de Meyerhold, de Vitez.
C’est là le hic. Le problème de cette mise en scène, vient justement d’une direction d’acteur sans âme, intellectualisée, intériorisée même, loin de la biomécanique de Meyerhold. Car nous ne voyons rien de ce que nous dit Marie-José Malis.
Le diable c’est l’ennui !
Le théâtre est un lieu de rencontre avec le public pour voir et entendre des histoires humaines. Il peut être classique, contemporain, de plateau, politique, divertissant et bien d’autres choses encore. Mais nous savons surtout, ce qu’il doit ne pas être : ennuyeux. Peter Brook a écrit un livre où il dit haut et fort : au théâtre, le diable c’est l’ennui ! Soit Marie-José Malis n’a pas lu ce livre (nous en doutons) et il est urgent qu’elle le fasse, soit elle veut nous prouver le contraire par un théâtre prétendument radical qui frise la prétention. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne nous a pas convaincus.
Nous avons vu sortir, de la « boîte pirandellienne », tous les maux du théâtre. Le tout servi dans une mise en scène, d’une normalienne amoureuse de théâtre certes, mais qui tient plus de la théorie que de la pratique. Si cela est charmant pour un cours universitaire, c’est un véritable pensum pour un public amateur de bon théâtre.
Soyez donc juge de ce que nous avons vu ( liste non exhaustive), sont apparus sur le plateau : les adresses trop lourdement appuyées vers le public, les tics et clichés d’acteur, les illustrations redondantes, le sur-jeu, les déplacements inutiles, les fuites de concentration, les larmes de crocodile etc. N’en jetons plus la scène est pleine ! Seul le texte de Pirandello est resté au fond de la flight case d’accessoires, comme un espoir, ne permettant pas au public de se consoler de l’ennui d’une mise en scène, loin de la simplicité du présent et du plaisir du jeu, hélas !
La Volupté de l’Honneur
Luigi Pirandello
Mis en scène par Marie-José Malis
Adpatation de Marie-José Malis d'après la traduction de Ginette Herry intitulée Le Plaisir d’être honnête (L’avant-scène théâtre n°1318 )
Lumière Jessy Ducatillon
Son Patrick Jammes
Scénographie Marie-José Malis, Jessy Ducatillon, Adrien Marès
Costumes Zig et Zag
Jusqu’au 20 novembre 2015
Mardi et mercredi À 19H30, jeudi et vendredi à 20H30, samedi À 18H et dimanche à 16H
Durée estimée 3 heures
La Commune
Centre dramatique national- Aubervilliers
2 rue Édouard Poisson
93300 Aubervilliers
tel. +33 (0)1 48 33 16 16
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