Photo © Elisabeth Carecchio
La révolution est le masque de la mort, la mort est le masque de la révolution
La pièce. Pendant que trois envoyés de la Convention partent à la Jamaïque, organiser la révolte des esclaves contre les Britanniques, Bonaparte prend le pouvoir. Nos dévoués citoyens vont vite se confronter à la complexité de la contre-révolution ; leur mission est étouffée dans l’oeuf. Ce qui devait être un affranchissement, n’est plus qu’un masque de la mort. Dans un autre espace-temps, un homme dans un ascenseur est aussi chargé d’une mission, cette fois-ci, dans l’univers de la dictature des cols blancs. Prisonnier de cet ascenseur, et pressé par le temps, sa mission devient caduque.
La mise en scène. Le théâtre est-il un art plastique ? Comment Olaf Altman n’a pu voir, durant les répétitions, que sa scénographie entravait à la liberté de l’histoire ? Thalheimer semble au supplice sur cette roue (sorte de moulin à eau) et ne parvient pas à dévider les fils inexorables de la pièce d’Heiner Müller ( 1929- 1995). La verticalité et les pales de son mécanisme ne sont pas sans rappeler la guillotine de sinistre mémoire, heureusement remisée aux oubliettes depuis 1977. Les très bons comédiens, assez embarrassés sur cette roue, apparaissent et disparaissent au gré des tableaux de la pièce pour nous rendre compte du souvenir d’une révolution (sous-titre de la pièce) et celles des personnages désireux de ne plus être une fiction, mais inapte à la vraie ponctualité de leur histoire.
Thalheimer n’atteint pas l’objectif de sa mission
Avec La mission Heiner Müller nous dévoile un rêve désespéré dans le rêve, à travers des lendemains révoltés. Il analyse les revers et les échecs des conflits de notre humanité, mais aussi les victoires décevantes des promesses non tenues : lorsque un dictateur engendre un autre dictateur. L’écriture de Müller est assez explicite dans cette pièce politique. Son sujet central est bien la révolution française et non le théâtre dans le théâtre, comme voudrait nous le faire croire Michael Thalheimer qui nous dit : « Chaque spectateur est convié à trouver sa propre solution ». Dont acte. Tout ce que nous pouvons vous répondre, cher Michael Thalheimer, c’est que vous n’avez pas atteint l’objectif de votre mission.
La mission
Heiner Müller traduction de l’allemand
Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger
Mise en scène Michael Thalheimer scénographie Olaf Altmann
Musique Bert Wrede
Dramaturgie Anne-Françoise Benhamou lumières Norman Plathe
Costumes Katrin Lea Tag
avec
Jean-Baptiste Anoumon, Noémie Develay-Ressiguier, Claude Duparfait, Stefan Konarske, Charlie Nelson
La Colline
15, rue Malte-Brun - 75020 Paris
Téléphone administration : 01 44 62 52 00
Métro Gambetta
Téléphone au 01 44 62 52 52, du lundi au samedi
de 11h à 18h30 (excepté le mardi à partir de 13h)
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Création à La Colline
Grand Théâtre
Jusqu’au au 30 novembre 2014
Durée 1h30 environ
Du mardi au samedi à 20h30, sauf le mardi 25 à 19h30 et le dimanche à 15h30