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Billet de blog 11 octobre 2014

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Théâtre/Critique. « Les nègres » de Jean Genet* à l’Odéon

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©Lucie Jansch

Du côté de chez Bob

Le prologue (qui n’existe pas dans la pièce) est muet, comme si l’interprétation de l’action était à notre guise. Free jazz endiablé, rafales de mitraillette, nègres arrêtés dans leur course, devenant les spectres d’un monument Dogon. 

La géométrie de la scénographie de Robert Wilson est sur trois niveaux : au premier niveau le catafalque sacrificiel, au second un escalier qui mène au tribunal, et au troisième une haute estrade à la manière bar promenoir façon Alcazar* où trône la reine blanche. 

Nous sommes bien du côté de chez Bob, les couleurs, les personnages maquillés ou masqués, habillés de strass et de lumière. La musique, les guirlandes en volutes barbelées, les néons qui souligne le dessin des perspectives horizontales et verticales. Le clap de début ou de fin pour identifier les scènes. Tout est là pour envoyer au diable le naturalisme ! 

Une magie qui mettrait à mal ses secrets ?

La beauté scénique est la marque de fabrique de la « maison Wilson », c’est à chaque fois un enchantement, un tableau de maître signé de son nom. Alors y a-t-il un souci ? Pas vraiment, juste une interrogation sincère : avons-nous vu Les nègres de Genet ? Parlons-en.

The Old Woman (durant le 42e festival d’automne en 2013) nous avait ravi, tant la concordance du texte, les situations, les actions et la dramaturgie atteignaient le point culminant essentiel au théâtre. Mais avec Les nègres Bob fait du Wilson : il crie trop fort, joue trop aigu, fait le funambule sur le point de fuite, tombe,  et la magie met à mal ses secrets. Le jeu de rôles s’amoindrit et le théâtre dans le théâtre fait un rejet de mise en scène. La raison ? Nous n’entendons pas l’histoire (abondance de biens nuit parfois), la pièce ne nous parvient qu’à de rares moments. La beauté et le talent de la troupe ne peuvent être le palmier qui cache la forêt de l’exotisme. 

Alors qu’avons-nous vu ? Un beau spectacle certainement, mais un tantinet éloigné de la réalité de la pièce : ne devrait-elle pas naitre d’un faux rituel ludique ? De l'imitation nègre/blanc, blanc/nègre ? En un mot du va-et-vient personnage / texte / comédien noir / public blanc ? La dramaturgie ne devrait-elle pas être entre l’impossible et le rêve ? Il est vrai que Les nègres n’est pas la pièce la plus évidente de Genet. L’auteur ne juge pas le colonialisme, mais la noirceur de l’humanité. Il pose seulement la question : qu’est-ce qu’un noir ? Les nègres, c’est aussi des comédiens noirs qui à travers les figures de la Cour blanche, jouent l'image et les clichés que les Blancs se font d'eux. L’ironie du sort est qu’ils finiront, par un effet miroir,  nègres ou blêmes à broyer du noir. 

En conclusion, nous pouvons dire que nous avons vu du bon music-hall, mais peu ou prou la clownerie prôner par Genet.

*Jean Genet (1910-1986)

*Cabaret parisien ouvert en 1968

LES NÈGRES

de Jean Genet
mise en scène, scénographie, lumière Robert Wilson

création

dramaturgie Ellen Hammer

collaboration artistique Charles Chemin

collaboration à la scénographie Stephanie Engeln

costumes Moidele Bickel

collaboration à la lumière Xavier Baron

musique originale Dickie Landry

avec

Armelle Abibou
Astrid Bayiha
Daphné Biiga Nwanak Bass Dhem

Lamine Diarra
Nicole Dogué
William Edimo Jean-Christophe Folly Kayije Kagame

Gaël Kamilindi
Babacar M'Baye Fall Xavier Thiam
Charles Wattara
Logan Corea Richardson Dickie Landry

La Reine Bobo Neige Diouf

Le Missionnaire Félicité
Le Gouverneur Le Valet

Vertu
Village
Ville de Saint-Nazaire Le Juge
Archibald Saxophoniste Saxophone enregistré

production Odéon-Théâtre de l'Europe
coproduction 43e Festival d'Automne à Paris, Théâtre National Populaire – Villeurbanne, deSingel cam- pus des arts international – Anvers, Festival Automne en Normandie, La Comédie de Clermont- Ferrand scène nationale

avec le soutien du Cercle de l'Odéon et de LVMH avec le Festival d'Automne à Paris

Théâtre de l’Odéon

Place de l'Odéon

75006 Paris

Par téléphone : +33 1 44 85 40 40

du lundi au samedi de 11h à 18h30 (sauf jours fériés)

http://www.theatre-odeon.eu/fr

3 octobre - 21 novembre 2014 

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