Game over !, a dit l’animateur radio. Le camp est vide. Plus personne : « Comme le camp des Romains après le passage d’Astérix et des Gaulois quand ils ont bu la potion magique », a dit un jeune enfant soldat, devenu à douze ans un redoutable « Révolo ». Quelques années auparavant, il dévorait des bandes dessinées à longueur de journée dans une petite famille paisible. Aujourd’hui, il tire plus vite que son ombre, comme Lucky Luke. La guerre est finie, a dit la radio. Tous ont déserté le camp dans la nuit. Le « Caporal Boy Killer », enfant soldat, est maintenant en compagnie de sa kalach' et d’une jeune fille étalée dans les herbes. Il doit partir aussi. Mais il faut décider la jeune adolescente à le suivre. Alors il lui raconte sa vie, cette vie qui pour lui n’est qu’un jeu vidéo ou jeu tout court, où chacun est un personnage de film ou de BD.
Loin des choix culturels et historiques des sociétés dites « primitives », la Game Boy valide ce conte moderne par le jeu du Je. De nombreux personnages de BD permettent aussi au dramaturge Édouard Elvis Bvouma de rester dans une tradition orale d’aujourd’hui. Cette pièce dramatique à une voix, a faim d’une fin en happy end. Il n’y a qu’à lire cette réplique du Caporal Boy Killer : « on n’a jamais fait la guerre nous. C’est la guerre qui nous a faits (…) et on aura beaucoup-beaucoup d’enfants ».
Nous recommandons donc vivement À la guerre comme à la Game Boy, une écriture théâtrale qui revisite la tradition orale Africaine, par le médium surprenant d’une console de jeux vidéo et de ses personnages. Comme le dit, à la jeune fille silencieuse, notre enfant soldat : « la guerre, c’est simple comme bonjour : on avance comme dans Star Wars en évitant les obstacles comme Mario Bros ».
Auteur, metteur en scène et comédien, Édouard Elvis Bvouma est né à Kribi au Cameroun. Ses textes ont été créés au Cameroun et en Afrique. Il a fait de nombreuses résidences en France, notamment au Tarmac à Paris. Parmi ses différents textes : Black-Neige et les sept nègres, Petit à petit l’oiseau perd son nid, Le Deal des Leaders, L’abominable homme des rêves, ou encore un roman L’épreuve par neuf. Co-fondateur de la compagnie Zouria Théâtre, il organise au Cameroun une biennale d’écriture intitulée CONTEXTHEATRAL (Chantier contemporain du texte théâtral). Il est lauréat 2016 du prix « Inédits d'Afrique et Outremer » avec ce texte.
À la guerre comme à la Game Boy
Edouard Elvis Bvouma
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