Georges Banu, dans la préface du livre « Le théâtre et la peur », défini bizarrement Ostermeier, comme un symptôme. Mais quel signe, quel ressenti présenterait ce supposé « patient » de la scène théâtrale ? Est-ce son questionnement contradictoire face à l’institution des scènes allemandes dans les pratiques postdramatiques ? Qu’elle serait alors l’énoncé et la signification du problème ? Nous pouvons déjà chercher dans l’inconfort ; la raison d’être d’un Ostermeier révolté, prônant l’art du débat par la réflexion critique du « vivre ensemble » artistiquement.
Le théâtre dernier lieu de liberté
Entre 1999 et 2015, Thomas Ostermeier a écrit les six textes qui constitue cet ouvrage. Le directeur de la Schaubühne de Berlin, dans l’entretien qui suit la préface de Georges Banu, en parlant de son travail avec les comédiens, nous dit être de plus en plus intéressé par l’art du moment. Un rêve où la vérité du moment serait sur la scène d’un théâtre : dernier lieu de liberté. Où l’utopie donnerait une vraie rencontre avec la situation, le partenaire et le public, dans l’oubli même d’être au théâtre. Cet art est une révolte contre la déception de la vie, issue de l’indignation d’être né. Cette définition d’Ostermeier, parlerait fort dans l’esprit du philosophe Cioran (1911-1995).
Un monde et une vie aujourd’hui, ici et maintenant
Le premier texte vient d’une conférence prononcée en mai 1999 après la nomination, au poste de directeur artistique à la Schaubühne de Berlin, de Thomas Ostermeier. Il met en avant les devoirs du théâtre : le travail à la libération de l’homme, l’éveil des consciences face au malheur et à l’enfermement de l’individu et de certains groupes d’exclus. En clair parler du déclin de la société, du monde et de la vie aujourd’hui, ici et maintenant.
Afin de ne pas déflorer tous les textes et la manière d’Ostermeier de penser le théâtre, nous donnerons quelques pistes qui vous inciteront à la lecture de cet essai sur « Le théâtre et la peur ». Où il question de la suprématie des metteurs en scène et par là, une conséquence grave ; le déclassement des auteurs. De l’art de l’acteur à revivre les situations vécues et surtout les éprouver dans toute leur complexité. D’un langage, de la vie quotidienne, prêter par le grand art de la scène. De la réponse à la question : comment faire du théâtre après le retournement performatif ?
In fine d’avoir NOTRE RÉCIT AUTRE contre une société de profit à la botte des marchés ; en jouant les nouveaux bouffons sur un monde théâtral de plus en plus réel. Vous connaitrez la fin et les moyens du citoyen Ostermeier, dans sa quête d’un théâtre idéal, ainsi que son engagement dans la secrète promesse de traiter de ces phénomènes de la réalité et d’une société à jamais humaine, trop humaine comme dit un autre philosophe nommé Nietzsche (1844-1900).
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Le temps du théâtre
Février, 2016 / 11,5 x 21,7 / 128 pages
traduit de l'allemand par : Jitka GORIAUX PELECHOVA
ISBN 978-2-330-03987-5
prix indicatif : 15, 00€