La comédienne Muriel Gaudin, déjà en discussion avec quelques spectateurs, est assise au centre de la scène, réduite à son minimum : table, chaise bouteille de vin, verre, et sur le sol des talons aiguilles rouges. Elle accueille par un sympathique « bonsoir » d’autres personnes qui arrivent ; et propose, en attendant que la salle soit complète, un quiz sur l’importance des femmes dans notre société. Nous apprenons par ce jeu, (la récompense, si notre réponse est exacte, est une pastille à la menthe), qu’on ne compte que 27 % de femmes à l'Assemblée, et 25 % au Sénat, et que les hommes gagnent 23 % de plus que les femmes, tous temps de travail confondus. Une pastille est gagnée par une spectatrice à l’évocation de la robe à fleurs bleues et blanches de Cécile Duflot, alors ministre du logement, siffler et huer par les députés, dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Une autre pastille est gagnée avec « Le point G des femmes ? La dernière lettre du mot "shopping" ! », de Silvio Berlusconi. N'en jetez plus, la cour est pleine ! L’histoire d’une femme de Pierre Notte peut enfin commencer.
L’auteur pourrait dire, à l’encontre de Louis Aragon, que l’homme n’est pas l’avenir de la femme. Sa pièce raconte le sexisme ordinaire que subit une femme, dans son quotidien. Les allusions, les sous-entendus, les insultes prolifèrent dans un monde où le machiste est toujours de mise, hélas. Arrive un jour l’humiliation de trop. Une main baladeuse d’un homme à vélo. Elle est à terre, ne répond plus. Décide de sortir du système sexiste. Cherche à comprendre comment ça marche les hommes. Refuse toute relation avec eux : père, frère, patron, buraliste, médecin. Seul un collégien fait exception, sera-t-il l’espoir sorti de la boîte de pandore ?
La pièce de Pierre Notte part d’un bon sentiment, mais paradoxalement manque de féminité. Elle jaillit heureusement du jeu de Muriel Gaudin qui incarne magistralement cette femme en lutte, en donnant l’émotion et la densité, entre les lignes, d’une version que l’auteur n’a pas tout à fait écrite. Un point de vue masculin reste un point de vue masculin. Cependant nous félicitons et encourageons cette initiative, à la testostérone, bien imagée.
Pour finir sur un lucide sourire, nous pourrions mettre en paradoxe que « L’histoire d’une femme » cache un homme qui culpabilise, à travers les personnages, sa honte et sa tristesse, d’avoir laissé cet homme à vélo rire grossièrement de son forfait. L’avouer est déjà une bonne chose en soi.
EXTRAIT
« ça se passe n’importe où
dans une rue à l’extérieur
je tombe
je suis tombée
un type est passé à vélo devant moi
juste là je traversais
il a fait ça
en passant il a claqué sa main
il a, comment je peux dire ça
il m’a claquée là, sur les fesses en passant à vélo et il a ri fort très fort
il a claqué très fort et il a ri très fort aussi et il est parti et je suis tombée, voilà comment je suis tombée
je suis à terre et je ne réponds plus ».
L’HISTOIRE D’UNE FEMME (création)
Texte et mise en scène Pierre Notte
(texte publié aux éditions quatre-vents/avant-scène.)
Avec Muriel Gaudin
Lumières Antonio de Carvalho
Du vendredi 17 mars au dimanche 7 mai 2017 Jeudi, vendredi et samedi à 19h
Dimanche à 17h30
Durée : 1h10
Théâtre de Poche-Montparnasse
75, bd du Montparnasse - 75006 Paris
Métro Montparnasse
Réservations par téléphone : 01 45 44 50 21
Tarifs : De 10 € (-26 ans) à 26 €
Au guichet du théâtre : Lundi, Mardi, Jeudi et Vendredi de 14h à 18h Mercredi, Samedi et Dimanche de 11h à 18h
Sur le site internet : http://www.theatredepoche-montparnasse.com
Tournée 2017 : Théâtre de Belleville mai, juin (sous réserve) Théâtre Les trois soleils, festival d’Avignon off, juillet
Production
Pierre Beffeyte (Scène et Public)