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Billet de blog 19 mars 2019

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«  Chanson douce » prix Goncourt 2016 de Leïla Slimani, adapté au théâtre

Prix Goncourt 2016, le roman Chanson douce de Leïla Slimani, adapté à la scène par la metteuse en scène Pauline Bayle se joue sur quelques notes dissonantes.

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Une adaptation aux notes dissonantes

Chanson douce raconte la descente aux enfers d’une femme. Une nounou nommée Louise. Un couple. Deux enfants. Peu à peu l’ordinaire dépose sa poussière quotidienne, fatigue les habitudes.  Ce que l’on fait sans peine par amour devient contrainte. Jusqu’où une mère doit-elle materner ? Un père, doit-il garder les enfants pour que sa femme travaille ? Une nounou serait peut-être la solution. Louise arrive, elle est parfaite. Myriam va pouvoir reprendre le travail, sans que Paul sacrifie son élan créateur. 

Mais est-ce que tout est pris en compte ? Le couple pense-t-il vraiment que Louise fait partie de la famille ou bien s’arrange-t-il d’une chose qui cacherait une ambiguïté ? Louise la parfaite n’est-elle pas envieuse du couple ? Et Myriam jalouse de sa nounou ? La fracture sociale n’est-elle pas un frein à ce que l’on pourrait croire couler de source ? Ces questions font résonner une adaptation aux notes dissonantes. La lecture subjective de Pauline Bayle rend compte par le jeu multiplié des interprètes, d’une intrigue confuse, de la fragilité dans la relation patron/employé, et n’exploite pas assez le côté menaçant de cette nounou devenue indispensable, ni de l’égoïsme où le couple est tombé. 

La mise en scène se préoccupe plus de montrer comment manipuler l’histoire, en métamorphosant les parents en enfants, ou bien en d’autres personnages, plutôt que de nous mettre en position dramatique et psychologique comme nous le sommes quand nous lisons le roman. Cela nous laisse dans l’expectative, et se télescope avec ce que nous voyons des scènes en nous laissant hors du présent des situations. Du coup nous perdons le fil par l’artifice des changements instantanés des rôles, dans l’unité de temps et de lieux. 

La façon dont Pauline Bayle nous donne à voir cette descente aux enfers de Louise, ne tranche pas assez sur la responsabilité des acteurs du drame. Louise aimait les enfants qu’elle a tués, mais son profond ressentiment envers la vie comblée de ses patrons n’est pas d’une évidence immédiate. Nous ne voyons pas, par exemple, si la vie précaire de Louise est une excuse ou non, au crime qu’elle a commis. Peut-être la structure à la façon d’un conte a-t-elle entravé le fait divers qui est à l’origine du roman ? D’où ce sentiment que nous avons eu du manque de tension narrative dans l’intrigue. L’analyse que nous donnons de «  Chanson douce », ne doit pas vous détourner du théâtre studio, car la direction d’acteurs, cela ne fait aucun doute, est une réussite, et leur talent donne vie à l’histoire malgré les quelques bémols cités plus haut. Florence Viala apporte le trouble venimeux de Louise, et incarne son mystère avec brio. Anna Cervinka et Sébastien Pouderoux vivent avec vraisemblance ce couple  inconséquent et bourgeois. 

Comme le dit Leïla Slimani à propos de son roman : «  on sait que ça va mal finir, mais, au fond, ce qui nous intéresse, c’est de traverser l’existence des personnages et d’interroger la condition humaine ».    

Chanson douce de Leïla Slimani

Comédie-Française Studio

Galerie du Caroussel du Louvre

www.comedie-francaise.fr

99 rue de Rivoli Paris 75001          

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