Dashiell Donello (avatar)

Dashiell Donello

Je suis un homme libre !

Abonné·e de Mediapart

272 Billets

1 Éditions

Billet de blog 21 février 2019

Dashiell Donello (avatar)

Dashiell Donello

Je suis un homme libre !

Abonné·e de Mediapart

Dream job(s) d’Alex Lorette, lauréat des Prix des metteurs en Scène

Alex Lorette est un auteur à découvrir pour sa pièce « Dream job(s) ». Il a reçu les Prix des Metteurs en scène « en » et « hors » Belgique 2017-2018. Cette pièce, sur une bande d’amis dans le monde du travail, est un retour à une écriture théâtrale, en 28 tableaux, avec des personnages, qui nous change du matériau textuel très en vogue chez nos contemporains.

Dashiell Donello (avatar)

Dashiell Donello

Je suis un homme libre !

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Alex Lorette fait débuter sa pièce « Dream job(s) » par un post-scriptum. Cela n’est pas banal. En général le P-S s’ajoute, après l’avoir signé, à une lettre pour donner une information. Ce post-scriptum vient d’une cave où Chloé, l’héroïne de la pièce, est assise sur un matelas dans la pénombre. Un guide de voyage sur le Venezuela est posé, sur ce lit de fortune. Que veut dire cette inversion ?

Très vite nous savons de qui vient ce supplément d’information. Il s’appelle Tony, le bon copain de toujours. Il fait partie de la bande d’amis avec Chloé, Fred et Melina. Il est aussi le narrateur, à la façon du « Lamento du jardinier » de Giraudoux, en étant à la fois hors et dans le jeu. Nous apprenons par Tony que, dans cette bande d’amis, Fred rêve de devenir DJ : « avant, il se la jouait rock star, aventure, liberté (…) ». Il sort avec Chloé qui aime l'histoire de l'art et les « inductions chromatiques » de Carlos Cruz-Diez. Ce sont des expériences relatives au phénomène de la persistance rétinienne. Quant à Melina c’est l’amie d'enfance de Chloé, qui ne se prend pas la tête et profite de la vie. 

Dream job(s) nous raconte la découverte monde du travail de nos quatre jeunes amis.

Quoique que Chloé ait étudié l’archéologie, ses compétences n’entrent pas en compte dans une société de logistique. La monotonie vient vite, elle est déclassée et se retrouve dans un entrepôt de manutention, au dernier échelon de la hiérarchie de l’entreprise, dans les conditions d’un monde du travail impitoyable.

Tout comme le post-scriptum, les inductions chromatiques sont signifiantes dans la pièce. Ici cette technique permet aux marchands de s’arracher un client : « (…) un «  moteur de suivi » conserve une trace de toutes les actions du client, pour analyser le comportement de l’internaute lorsqu’il navigue sur les pages de la boutique en ligne ». Alex Lorette nous parle de l’illusion mensongère qu’un vendeur doit mettre en action pour faire croire que le client est important : « Paul :  le travail, c’est fait pour s’éclater. Je veux du challenge, je veux pas que ça ronronne, faut que ça bouge (…) ». Cette illusion a un nom, c’est l’Ice breaking pour faire entrer celui que l’on va « dégraisser » dans un jeu, où lui seul sera le perdant.

Alors, il faut fuir le souk numérique. Disparaître dans un incendie. Faire deux trois choses, avant d’être vieille. Aller au Venezuela. Entrer dans le musée Carlos Cruz-Diez et se poser devant les inductions chromatiques. 

Nous ne sommes pas surpris que Dream job(s) ait reçu le double Prix des metteurs en scène, car l’écriture d’Alex Lorette donne à voir, au-delà des mots, ce qui s’incarne par l’imagination d’une fiction qui laisse dans nos souvenirs les traces d’une histoire. Nous espérons que ce brillant auteur sera vite en contact direct, avec ceux qui sont les plus à même de donner vie, sur le plateau, à Dream job(s).

Alex Lorette est belge et vit à Bruxelles. Diplômé en économie et en sociologie, il est également licencié en sciences théâtrales et comédien. Il a écrit : La ligne de partage des eaux publié (Alna éditeur), Skin, Géographie de l’enfer (Lansman), Le puits, Pikâ Don (Hiroshima) (Lansman), Mouton noir (Lansman). Il a reçu le Prix des Metteurs en scène belges francophones 2015-2016 (CED-WB) en 2015/16 pour Mouton noir et en 2019 pour Dreams job(s) (qui a également reçu l’Aide à la création d’Artcena).

Dream job(s) d’Alex Lorette

Lansman Editeur : http://www.lansman.org/editions/collection.php?table=collection&rec_collection=TV&session=

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet