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Billet de blog 22 septembre 2018

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Le Festival d’Automne à Paris, Japonismes 2018

Le Festival d’Automne à Paris, Japonismes 2018, reprend Avidya que nous avions vu et aimé à la maison du Japon en 2016. Une pièce qui nous enivre de la résonance émotionnelle du surhumain. Une histoire écrite avec les yeux du cœur, de l’auteur japonais Kurô Tanino. Voici le billet dans son intégralité.

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Avidya est une auberge, dans le déni d’un monde qui s’en va, supplanté par la plaie d’une nouvelle ligne de chemin de fer qui blesse, à la vitesse du Shinkansen*, les souvenirs des traditions ancestrales. C’est au coeur des montagnes du Japon, dans le bouillonnement de ses sources thermales que se situe cette auberge.  Son nom « Mumyô »-Avidya en sanscrit-, désigne le premier des douze maillons** bouddhisme (nidanas), qui signifie « ignorance » ou aveuglement. La rumeur nomme l’auberge Avidya, baignant dans les brumes thermiques de la station, « vallée de l'enfer », et raconte que les esprits qui l’habitent  ne peuvent échapper à leur destin. Kurô Tanino, qui a écrit la pièce et signe la mise en scène, considère que c’est le point de départ de toute chose. 

Avidya – L’Auberge de l’obscurité est une pièce, d’une rare profondeur humaine, qui nous emporte aux confins merveilleux du surnaturel. 

Deux montreurs de marionnettes, un père et son fils, arrivent dans une auberge à vocation thermale. Mais le propriétaire qui les a invité par lettre, à venir présenter un spectacle, est absent. Très vite une vieille dame, qui vit dans une des chambres communes de l’auberge, s’étonne de leur présence et de leur bizarrerie. Le fils lui semble particulier, et la trouble, d’autant plus que son père est un nain. Au fil du temps, nos deux « étrangers » font la connaissance des habitués de l’auberge.  Tous souffrent de problèmes de santé. Il y a dans la maisonnée : un aveugle qui espère voir avec « les yeux du coeur », une geisha qui aspire à enfanter, et un Sansuke*** qui gère la station thermale. 

Après une forte demande des curistes, les marionnettistes acceptent de présenter une partie du spectacle. La représentation réveille une marionnette, difforme et démoniaque, qui agit sur l’intériorité des habitants de l’auberge. 

Cet hommage de Kurô Tanino au Japon profond de ses ancêtres, est à la façon du théâtre Élisabéthain, plein de bruits sensuels et de fureur naturelle, délicatement porté par la voix d’une narratrice (peut-être l’auberge elle-même ?). Cette pièce est brillamment interprétée par une troupe de formidables comédiens : avec Mame Yamada, Sohichi Murakami, Ikuma Yamada, Bobumi Hidaka, Atsuko Kubo, Kayo Ishikawa et Hayato Mori. Dans une mise en scène efficace, d’un conte moderne, qui nous fait tourner la tête dans un inoubliable manège****, et nous enivre de la résonance émotionnelle  du surhumain.

* Train à grande vitesse

**Les douze maillons (nidanas) de la coproduction conditionnée représentent l'application du principe philosophique du bouddhisme général d’une loi universelle au processus de renaissance.

*** Sansuke personne qui exerce dans les bains publics, à l’époque Edo (1600)

**** Le décor est une plateforme tournante

AVIDYA, l’AUBERGE DE L'OBSCURITE

texte et mise en scène KURÔ TANINO

Avec Mame Yamada, Sohichi Murakami, Ikuma Yamada, Bobumi Hidaka, Atsuko Kubo, Kayo Ishikawa et Hayato Mori

Au T2G - Théâtre de Gennevilliers

du 25 au 29 septembre 2018

https://www.theatre2gennevilliers.com

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