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Billet de blog 21 novembre 2015

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Le Festival d’Automne avec Toshiki Okada, à la Maison de la culture du japon

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’édition 2015 du Festival d'Automne,  est riche et éclectique. La maison de la culture du Japon est son hôte, avec Super Premium Soft Double Vanilla Rich. L’auteur et metteur en scène Toshiki Okada, en observateur impitoyable, nous dresse un portrait de la société japonaise et par extension de toutes  les sociétés mondiales. Cette exploration théâtrale innovante est chorégraphiée sur les thèmes du consumériste, du travail, de l’aliénation et de la liberté. 

Dans les allées de l’enfer consumériste !

Dans les rayonnages d’un Konbini (supermarché japonais) ouvert 24 heures sur 24, nous déambulons dans le quotidien : des employés, d’un gérant, et du responsable commercial, potentat absolu de la grande surface.  

Muées en musique d’ambiance, les notes lancinantes de J-S Bach (1685-1750), aliènent clients et employés. C’est un magasin de l’enfer du  merchandising, où les damnés du caddie errent dans les allées de la consommation galopante. 

La nuit et le jour ne se distingue plus. Seuls les codes du bon usage et de la rentabilité à l’attention du client, obsèdent l’équipe en proie à une hiérarchie omniprésente.  Les consommateurs subissent l’addiction des produits spécialement étudier à leur intention. Des obsessions naissent chez certains clients, comme ce chaland qui refuse tout achat en signe de contestation. Ou cette cliente frustrée qui ne jure que par sa marque habituelle, de glace à la vanille. Mais la révolte est aussi du côté des employés. Untel mélange les code-barres des produits. Les parapluies deviennent des steaks. Et les jours de pluie la boucherie fait son meilleur chiffre d’affaires.  

La scénographie de Takuya Aoki figure deux panneaux de toile imprimés d’images où des produits classés et rangés sont sur des étagères. Trois prosceniums plats représentent les allées du supermarché. Dans cet espace de jeu les excellents comédiens sont sans cesse dans une action physique qui tient du mime et de la danse. Chacun a son rituel et son expression dans une activité suggérant leur travail. Cette agitation permanente agit sur nous public. Toshiki Okada nous met à contribution. Nous quittons notre confort de spectateur. Sa mise en scène fixe notre pensée dans le magasin. Nous subissons, devenus nous-mêmes clients, l’exaspération d’un fonctionnement sacrifié à l’unique objet de la rentabilité.

Quand le théâtre se rallume nous sommes heureux de sortir de cette orgie commerciale.  Certes nous serons toujours des consommateurs, mais le supermarché ne sera plus, pour nous, une chose anodine. Cette fiction, plus vraie que nature, souligne le point d’extrême tension où nous laissent le superflu et nos abus ; aliénations des temps supposés modernes. Super Premium Soft Double Vanilla Rich, restera à jamais graver dans nos esprits, tant la densité du récit nous a captivés.

Super Premium Soft Double Vanilla Rich

Texte et mise en scène de Toshiki Okada
Avec Tomomitsu Adachi, Shuhei Fuchino, Azusa Kamimura, Mariko Kawasaki, Shingo Ota, Hideaki Washio, Makoto Yazawa
Scénographie Takuya Aoki
Costumes Sae Onodera (Tokyo Isho)
Régisseur général Koro Suzuki
Son Norimasa Ushikawa
Lumière Tomomi Ohira
Arrangement musical Takaki Sudo

Jusqu’au 21 septembre

Maison de la culture du japon
101 bis quai Branly
75015 Paris
www.mcjp.fr

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