Thomas Ostermeier remet sur le théâtre le mariage de Maria Braun

©Arno Declair. Cinq comédiens attendent sur la scène dans le non-jeu. Comme pour dire : ce que nous allons voir, vient de plus loin que le présent de la représentation. Des fauteuils et tables basses, en vis-à-vis, forment la scénographie. Ils seront les accessoires qui se métamorphoseront en train, boîte de nuit, mairie etc. selon le besoin des lieux et des actions. Un diaporama passe, dans un lourd silence, quelques photos d’Hitler et de ses proches, et la fin de la finale Allemagne-Hongrie de la coupe du monde;1954, à la radio. Derrière un micro les personnages (qui se changent à vue) narrent l’histoire de Maria Braun, dans les années 50 après la Seconde Guerre Mondiale. Son mariage avec Herman vite fait bien fait, les retrouvailles fugaces des mariés, la prison pour lui et la prostitution de survie pour Maria dans sa recherche, non feinte, d’un arrivisme social.

Nous ne pouvons ignorer la symbolique que Fassbinder a mise dans ce film sorti en 1979 : la décadence et la chute de l’Allemagne nazie, avec en parallèle la recherche d’identité de son personnage Maria Braun, dans l’après-guerre. L’image d’explosion de la maison de Maria, rejoue celle de l’Allemagne détruite, divisée et déchue. Métaphore d’un pays en reconstruction loin d’être sorti des conséquences de la folie nazie à cette époque.

Thomas Ostermeier n’a pas osé, dans cette adaptation, la réécriture du film dans le présent du plateau. Rien de neuf ne vient éclairer ce qu’avait réussi avec talent Fassbinder. Certes, il sert fidèlement le scénario du film, mais nous met dans une position de spectateur au ciné-club. Pour le coup, il passe à côté d’une possible oeuvre théâtrale. Au final nous nous demandons qui a raison. Les spectateurs qui ont fui la représentation ou ceux qui applaudissent sans scrupules ?

LE MARIAGE DE MARIA BRAUN  re-création 

d’après l’œuvre originale de Rainer Werner Fassbinder
texte du scénario
Peter Märthesheimer, Pea Fröhlich
mise en scène
Thomas Ostermeier
scénographie
Nina Wetzel
costumes
Ulrike Gutbrod, Nina Wetzel
dramaturgie
Julia Lochte, Florian Borchmeyer
musique
Nils Ostendorf
vidéo
Sébastien Dupouey

EN ALLEMAND, SURTITRÉ EN FRANÇAIS

SCHAUBÜHNE THÉÂTRE

Avec
Thomas Bading,
Robert Beyer,
Moritz Gottwald,
Ursina Lardi,
Sebastian Schwarz

THÉÂTRE DE LA VILLE

2 PLACE DU CHÂTELET PARIS 75004

LOCATION 01.42.74.22.77       ADMINISTRATION 01.48.87.54.42

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