Dashiell Donello (avatar)

Dashiell Donello

Je suis un homme libre !

Abonné·e de Mediapart

272 Billets

1 Éditions

Billet de blog 26 août 2014

Dashiell Donello (avatar)

Dashiell Donello

Je suis un homme libre !

Abonné·e de Mediapart

Rencontre avec Michel Didym: «Voir s’écrire le théâtre d’aujourd’hui»

Dashiell Donello (avatar)

Dashiell Donello

Je suis un homme libre !

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La Mousson d’été du 22 au 28 août 2014. Rencontre avec Michel Didym « Voir s’écrire le théâtre d’aujourd’hui »

Dashiell Donello : Michel Didym vous fêtez le vingtième anniversaire de la Mousson d’été. Que retenez-vous de ces vingt éditions successives ? Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit, à brûle pourpoint, les bonnes choses, les moins bonnes ?

Michel Didym : Les bonnes choses, c’est la difficulté à continuer et les mauvaises choses, c’est pareil, la difficulté à continuer de maintenir l’exigence de qualité avec des moyens qui sont, pas du tout en diminutions, mais constants depuis dix ans. Et donc, nous souffrons beaucoup de ça… il y a une attente très importante sur la Mousson d’été de la part des auteurs, des nouvelles écritures, des jeunes créateurs qui sont très nombreux à frapper à la porte ; et il n’y a pas de possibilité d’augmenter le dispositif, alors on est contraint, dans le cadre de ce dispositif, de s’y tenir. La priorité étant de le pérenniser la Mousson d’été, ce qui n’est pas une mince entreprise. Car chaque année est à produire comme si c’était un nouvel événement.

Dashiell Donello : Voulez-vous dire que les subventions, les aides auraient du mal à suivre. Qu’il y aurait un manque croyance ?

Michel Didym : Non, c’est pas du tout lié à ça. Puisqu’il y a, de la part de la communauté de communes, et de la par de la région Lorraine, une vraie implication. De la part de l’état une vraie implication depuis une dizaine d’années ; disons entre 1995 et 2005 les moyens, en dix ans, sont arrivés à niveau. Ensuite, c’est resté constant de la part de l’état et de la région qui s’aligne sur l’état. Mais on a beaucoup perdu, c’est le cas de pas mal d’institutions culturelles, en euros constants. Nous avons perdu 30 % de subventions par rapport à 2005, c’est considérable. Dès lors, il est difficile de maintenir le niveau d’exigence notamment pour ce qui est du volet international, dont les coûts sont très onéreux. Les voyages que nous faisions ne sont plus possibles aujourd’hui. Donc, nous nous sommes adaptés avec le net en compensant par des réseaux. Cette adaptation a donné naissance à l’université d’été qui permet d’avoir un rapport avec l’écriture, en donnant des outils à la dramaturgie : avant même d’avoir lu un texte, on peut avoir un véritable aperçu qui permet de se lancer ou pas dans ce qui sera le projet d’une pièce de théâtre. 

Dashiell Donello : Quelle chance a un jeune auteur aujourd’hui, qui ne vous connaît pas,  et qui envoie son texte par la poste,  de participer  à la Mousson d’été ?

Michel Didym : Il a la même chance que les autres. Il sera analysé par le comité de lecture composé de 16 membres ; il y aura 4 membres qui liront son texte et se prononceront pour ou contre, voilà ! c’est un système comme dans toutes les grandes écoles ou n’importe quel éditeur. Si le texte est reconnu, il aura la chance de passer les sélections et d’être retenu à la Mousson d’été. Mais on peut toujours passer à côté d’un grand texte, ça peut arriver. 

Dashiell Donello : Une dernière question un peu osée. Est-ce qu’à la Mousson d’été vous avez un auteur rêvé ? Pour être plus précis, à titre d’exemple, j’ai vu ici pas mal de pièces avec des structures  fragmentées ; et j’ai eu l’impression d’une cohérence dans la recherche des auteurs. Est-ce que je me trompe ?

Michel Didym : Vous voulez dire un auteur idéal qui serait le mélange de tous les auteurs que l’on reçois ici ? Peut-être oui… en fait, je pense que quand on vient à pont à Mousson, on vient voir s’écrire le théâtre d’aujourd’hui. Notre volonté est de montrer les codes par les lumières, le son et les didascalies pour donner aux spectateurs à rêver la pièce. 

La Mousson d’été le 24 août 2014

Michel Didym quelques dates :

Après une formation à l'École Nationale Supérieure d'Art Dramatique de Strasbourg, Michel Didym a joué, notamment, sous la direction de Georges Lavaudant et d'Alain Françon dont il a été l'assistant sur plusieurs spectacles. En 1986, il est membre fondateur des APA (Acteurs Producteurs Associés) avec André Wilms, Evelyne Didi, Anouk Grimberg, André Marcon, Sophie Loukachevsky, Anne Alvaro, et réalise sa première mise en scène en collaboration avec Charles Berling, Succubation d'incube, d'après les rencontres des surréalistes sur la sexualité.

En 1989, lauréat du prix Villa Médicis-Hors les murs, il dirige plusieurs ateliers à New York et à San Francisco sur des textes contemporains français. À son retour, en 1990, il fonde en Lorraine, la Compagnie Boomerang dont le travail est résolument tourné vers le répertoire contemporain. Il met en scène : Ruines Romaines de Philippe Minyana à la Grande Halle du parc de la Villette ; Boomerang, le salon rouge de Philippe Minyana au Théâtre de la Bastille ; Lisbeth est complètement pétée d'Armando Llamas à Théâtre Ouvert ; La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès ; Le Dernier Sursaut de Michel Vinaver à l'Opéra Théâtre de Metz.

En 1993, il est invité au Festival d'Avignon pour la première version de La Rue du Château.

En 1994, il met en scène Visiteur de Botho Strauss au Théâtre de la Ville et est également professeur à l'ENSATT. 

Désireux d'approfondir sa relation avec le théâtre contemporain, il fonde en 1995 avec sa Compagnie Boomerang La mousson d'Eté, événement annuel destiné à la promotion des écritures contemporaines, qui a lieu fin août à l'Abbaye des Prémontrés de Pont à Mousson.

En 1996, il met en scène la seconde version de La Rue du Château au Théâtre de la Tempête. Il met également en scène plusieurs opéras. Il interprète et met en scène, en collaboration avec Alain Françon, le Dépeupleur de Samuel Beckett au Théâtre de l'Athénée.

À l'occasion du cinquantième anniversaire du Festival d'Avignon, il tient l'un des rôles principaux dans Edouard Il de Marlowe mis en scène par Alain Françon dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes.

Il crée Chasse aux rats de Peter Turrini pendant la Mousson d'Eté. En 1998, il crée Le Miracle de Gyorgy Schwajda à l'Hippodrome, Scène Nationale de Douai et au Théâtre National de la Colline.

En 1999, Michel Didym met en espace, dans le cadre des Chantiers de Théâtre Ouvert, Le Langue-à-Langue des chiens de roche de Daniel Danis. Il met en scène Sallinger de Bernard-Marie Koltès à l'Hippodrome, Scène Nationale de Douai et au Théâtre de la Ville - Les Abbesses et interprète La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, avec la collaboration artistique d'Alain Françon, pour l'inauguration du Théâtre du Saulcy, Metz.

En 2000, il crée Yacobi et Leidenthal de Hanoch Levin au Festival d'Avignon et met en espace, dans le cadre des Chantiers de Théâtre Ouvert, Badier Grégoire d'Emmanuel Darley. 

En 2001, il fonde La MEEC (Maison Européenne des Ecritures Contemporaines) qui a pour mission de favoriser l'échange de textes, la traduction d'auteurs français et européens et leur création, et collabore avec la Comédie-Française : la Mousson d'Eté à Paris. À l'instigation de la Maison Antoine Vitez, il poursuit la découverte et la promotion d'écritures des pays de l'Est au Festival d'Avignon et entame un partenariat avec France Culture et la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon.

En 2002, il crée Et puis quand le jour s'est levé, je me suis endormie de Serge Valletti et Normalement de Christine Angot au Théâtre National de la Colline.

Il est directeur artistique de Tintas Frescas en Amérique latine, organisée par L'AFAA (Ministère des Affaires Etrangères) en 2003-2004.

Parmi ses dernières créations Les animaux ne savent pas qu'ils vont mourir de Pierre Desproges (Théâtre de La ville – Paris), Divans (Mousson d'Eté, Mexico, Berlin), Lizbeth està completamente trabada de Armando Llamas (Théâtre national de Bogota – Colombie), Histoires d'Hommes de Xavier Durringer avec Judith Magre (Molière 2006), Ma Famille de l'uruguayen Carlos Liscano, Poeub de Serge Valletti aux Célestins – Théâtre de Lyon et au Théâtre National de La Colline, Face de Cuillère de Lee Hall avec Romane Bohringer au Théâtre des Abbesses – Théâtre de la Ville de Paris, Le jour se lève, Léopold ! de Serge Valletti au Théâtre du Gymnase de Marseille, la Séparation des Songes de Emmanuel Darley avec Julie-Marie Parmentier à Théâtre Ouvert – Paris.

En 2007, il met en scène Le Mardi à Monoprix de Emmanuel Darley avec Jean-Claude Dreyfus. Le spectacle tourne durant trois ans sur les routes de France et outre-mer.

En février 2010, création à l'Espace Bernard Marie-Koltès - Théâtre du Saulcy de Metz de Invasion ! de Jonas Hassen Khemiri. Le spectacle a été repris à Nancy, Bourges, Vire, Le Havre et au Théâtre des Amandiers de Nanterre.

En juin 2010, Michel Didym met en scène à Naples, dans le cadre du Napoli Teatro Festival Italia, Le Tigre bleu de l'Euphrate de Laurent Gaudé avec Tchéky Karyo et création musicale de Steve Shehan.

En septembre 2011, il créé Chroniques d'une haine ordinaire d'après les textes de Pierre Desproges. 

En avril 2011, dans le cadre de Neue Stücke, semaine de la dramaturgie allemande, il met en scène Confessions sur le mode d'un théâtre intime, presque privé, où le spectateur se retrouve seul face à un acteur l'espace d'une confidence.

En juin 2012, il met en place un nouveau rendez-vous : le Théâtre d'Été. À cette occasion, il créé et joue - aux côtés de Catherine Matisse - Savoir-vivre d'après des textes de Pierre Desproges. En octobre, il présente À l'encre des barreaux d'après les chroniques judiciaires de Dominique Simonnot. Il propose par la suite une approche singulière de la psychanalyse avec Divans. Ce travail s'inscrit dans la suite de Confessions. Divans a été présenté à Berlin et Mexico avant d'être à nouveau créé en novembre 2012 à l'occasion du Festival RING (Rencontres Internationales des Nouvelles Générations).

En janvier 2013, il réunit Romane Bohringer et Richard Bohringer dans une mise en scène du texte d'Angela Dematté J'avais un beau ballon rouge. Le premier « Palmarès du Théâtre » a décerné le prix « Coup de cœur du Théâtre public » à Richard Bohringer et Romane Bohringer pour leur interprétation dans ce spectacle. 

Michel Didym est directeur du Théâtre de la Manufacture CDN de Nancy - Lorraine depuis le 1er janvier 2010. Il y instaure de nouveaux événements comme le Festival RING (Rencontres Internationales des Nouvelles Générations), Neue Stücke (Semaine de la dramaturgie allemande), et le Théâtre d'été (spectacle itinérant en Région Lorraine, Luxembourg et Allemagne).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.