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Billet de blog 31 oct. 2015

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Les lois de l’État ne sont pas les lois de l’art

L’art a ses lois que la loi ne connaît point. Nous sommes en janvier 1857. La sixième chambre du tribunal correctionnel de la Seine intente un procès à la littérature pour excès de réalisme. Le chef d’inculpation, que l’on fait à Flaubert, pour son livre Madame Bovary est : outrage à la morale publique, religieuse, et aux bonnes mœurs.

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L’art a ses lois que la loi ne connaît point. Nous sommes en janvier 1857. La sixième chambre du tribunal correctionnel de la Seine intente un procès à la littérature pour excès de réalisme. Le chef d’inculpation, que l’on fait à Flaubert, pour son livre Madame Bovary est : outrage à la morale publique, religieuse, et aux bonnes mœurs. Baudelaire en fera aussi les frais, quelques mois plus tard, pour les Fleurs du Mal. Cependant le livre de Flaubert, Madame Bovary, est acquitté alors que le recueil de poèmes, Les Fleurs du mal, est condamné. Deux jugements absurdes qui se contredisent, tant la censure pèse de manière omniprésente, sur les arts et les lettres en cette année 1857.

La pièce de Tiago Rodrigues est une joute oratoire qui oppose, maitre Pinard pour l’accusation, à maître Sénard pour la défense, dans le procès que la sixième chambre du tribunal correctionnel de la Seine lui intente, pour son roman Madame Bovary

L’écriture de la pièce de Rodrigues s’appuie sur les procès-verbaux des audiences, la correspondance de Flaubert et certaines séquences du roman. 

Tiago Rodrigues constate, à la lecture de Madame Bovary, que l'auteur n'a pas d'autres lois que celles de l'art et que celles-ci semblent viscéralement opposées aux lois qu'impose la justice. C’est alors que Flaubert décide de donner une mémoire à ces authentiques idioties mensongères. Le créateur  d’Emma Bovary paie même de sa poche un sténographe pour noter chaque phrase prononcée lors du procès. Mais on ne peut condamner un personnage. Pourtant ce qui est mis en jeu par la justice, c’est bien Emma et non Flaubert. Ce que maître Pinard trouve immoral, c’est son désir irrépressible pour Emma Bovary. Il faut donc interdire ce qui n’est pas accessible pour soi. Les moeurs de provinces sont la cause du mal. L’art doit montrer ce qui est bon. Mais un art qui ne montrerait que ce qui est bon serait véritablement immoral. Ce n’est pas Emma qui chute, mais les censeurs. Flaubert est confiant. Il a, en la personne de maître Sénard, le meilleur avocat de Paris. D’ailleurs dans des circonstances normales, ce stupide procès n’aurait même pas lieu, écrit-il à une amie.

La pièce de Tiago Rodrigues est importante, car ce procès d’hier est toujours recommencé. Les Solitaires Intempestifs avec Jean-Michel Ribes, sont  à leur tour, en 2015, poursuivis en correctionnel pour avoir édité, et représenté la pièce du dramaturge argentin Rodrigo García Golgotha Picnic. Autre époque même sanction. Ce que les censeurs reprochent aux auteurs de tous les temps, c’est qu’ils voient et commentent les maux et les moeurs d’un monde humain, trop humain.

Bovary de Tiago Rodrigues
Éditions Les Solitaires Intempestifs

  • 1 Rue Gay Lussac
  • 25000 Besançon - France
  • Téléphone : +33 [0]3 81 81 00 22

SBN : 978-2-84681-457-7

Date de parution : 21-10-2015

Nombre de pages : 112 pages

Collection : Bleue

Personnage(s) masculin(s) : 9

Personnage(s) féminin(s) : 2

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