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Billet de blog 22 septembre 2009

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Réponse à la lettre ouverte de Passifou

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cher Passifou,

Que vous dire ?

Je balance en vous lisant entre sourire sinon fou rire (pour la forme et le fond de votre billet) et lassitude (pour un certain niveau de débats espéré et qui ne vient pas).

Mais je crois au fond que votre pathétique lettre ouverte ne cherchait pas à ouvrir un réel débat entre socialistes et sympathisants, mais essentiellement à vous soulager en déversant votre fiel. J’espère que vous vous sentez mieux maintenant, comme soulagé d’avoir libéré votre hargne.

Sans vouloir vous faire de peine cependant, votre lettre ouverte est tellement risible que malgré les missives lancées contre moi, elle ne m’atteint pas. Il faut dire qu’en Guadeloupe, on a une telle habitude des attaques ad hominem, que je finis par m’y faire. L’essentiel étant cependant que votre propos ne dépasse pas les limites – en termes de respect de la personne humaine – légales.

En tâchant de faire malgré tout un effort de « décentration », en me mettant à votre place et l’admiration que vous vouez à votre favorite – mais qui semble surtout sur le mode de l’irrationalité comme l’on est fan d’une star, et ce qui me paraît symptomatique d’un affaissement de la « valeur esprit » pour parler comme Bernard Stiegler – , je peux comprendre que ma récente lettre ouverte vous ait blessé. Elle était dure envers Ségolène Royal. Mais il vous aura peut-être échappé qu’elle était construite avant tout sur une argumentation, dont je désespère que celle-ci ne soit pas clairement débattue.

Quoi qu’il en soit, me concernant rassurez-vous :

-Je tiens au plus haut point à ce que ces pratiques électorales d’un autre temps changent au PS. C’est apparemment aussi le souhait et l’engagement de la nouvelle direction. Mais je remarque aussi que rien de ce qui est soi-disant révélé dans ce livre n’était ignoré des proches de Royal, et en particulier Mignard. Pourquoi alors en connaissance de cause avoir accepté un accord politique à l’issue du vote, et non d’avoir ester en justice ? Il m’apparaît plus que suspect de vouloir un an après laver « plus blanc que blanc » ? Une telle démarche trahit je le crains une simple mise en scène médiatique à des fins purement politiciennes. Et c’est d’autant plus regrettable que cela fragilise dramatiquement le PS. Et c’est donc en ce sens une « égoïste irresponsabilité » ;

-Vous douteriez de mes valeurs socialistes. Encore faudrait-il que l’on s’entende sur le sens à donner à ce mot. Entre le socialisme de Jaurès – qui m’a beaucoup marqué – et celui de Valls ou même de Royal, il est vrai qu’il y a rupture évidente, et pas seulement historique, mais surtout idéologique. Non que le socialisme devrait rester figé, mais enfin nous n’aurions jamais dû nous éloigner de certaines valeurs et préoccupations essentielles, comme la question des inégalités sociales, abandonnées sur l’autel de la social-démocratie convertie au néolibéralisme. Il y aurait là un long développement à faire que je ne pourrai faire aujourd’hui, mais je compte y revenir prochainement. Cela dit, je n’ai pas peur d’affirmer aujourd’hui que je suis socialiste, républicain, et libéral politique. Je revendique pour ma part ce triple legs. N’ayez crainte de diffuser l’information : « M. Dahomay se dit socialiste, républicain et libéral politique, rendez-vous compte ? »;

-J’entends régulièrement des camarades socialistes ou simplement de gauche se revendiquer comme progressistes. Pour ma part, je suis très prudent avec ce concept. En effet, cela renvoie à une certaine idée hégélienne de fin de l’Histoire, que je conteste aujourd’hui. En effet, je ne crois pas en une foi inébranlable dans le progrès, qui serait finalement toujours à l’œuvre à travers l’Histoire, malgré des sauts en arrière. Le pire est aussi une option à envisager, surtout dans le contexte mondial actuel, tant économique, social, écologique, que géostratégique. Ne le pensez-vous pas ?;

-Sur Sarkozy, je vous trouve très prudent. Vous insistez surtout sur ses idées - que vous combattez - , tout en affirmant ne pas détester l’homme. Moi j’aurais tendance surtout à combattre aussi bien sa politique que ce qu’il est et ce qu’il représente : Il est avant tout le maire de Neuilly, ou pour faire court il est le héraut des grands capitalistes français. Ce que j’essaie de vous dire, c’est que l’on est ce qu’au cours d’une vie nous avons décidé d’être. Obama était au départ éducateur social. Et tout son parcours professionnel et politique était centré sur les questions de justices, d’équité, d’intérêt général, d’humanisme. Et Sarkozy, qu’a-t-il écrit ou fait qui pourrait laisser ne serait-ce qu’un mince espoir à toutes celles et ceux qui souffrent en France de leurs conditions sociales ? Les grands discours socialo-républicains de Guaino n’y pourront rien : Notre homme n’a pas changé, et il ne changera pas. Il est d’abord et avant tout l’ami « bling bling » des Bouygues, Arnault, Minc, Agostinelli, Bazire, Bolloré, et je vous épargne les autres. Pour tout le peuple de France qui souffre socialement et qui réclame justice sociale et équité devant l’impôt, Nicolas Sarkozy est une imposture ! Et je ne vous développerai pas ce soir tout ce qui fait que sa façon de gouverner met à mal l’esprit de nos institutions et de notre Constitution, contribue à l’affaissement de la rationalité en politique, et menace les libertés publiques et individuelles ; je pense notamment à la protection inacceptable du sacro saint secret-défense, et la volonté de mettre la justice au pas en supprimant le juge d’instruction. Et sur cette réforme, si le PS et tous les républicains ne se dressent pas comme un seul homme pour empêcher qu’elle passe, personnellement j’irai cultiver mon jardin.

Cher Passifou, comme je vous envie : j’aimerais avoir vos certitudes moi qui doute de tout.

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