Il y a des moments où de par l’évidence des faits, l’Histoire s’accélère. Ainsi, l’autocrate russe Vladimir Poutine a décidé ce jeudi 24 février 2022 d’envahir militairement – et en violation flagrante et outrancière du droit international –, l’Ukraine, État souverain et démocratique.
En 2014, les forces militaires russes envahissaient le Donbass, et annexaient la Crimée, au mépris de l’intégrité territoriale de l’Ukraine (guerre qui a fait à ce jour plus de 10 000 morts)…En Europe, nous avons tenté timidement de nous interposer par la voie diplomatique. Sans grand succès. Nous avons fini par nous accommoder de cet état de fait, où règne la loi du plus fort…
En 2016, d’obscures officines russes ont interféré dans les élections présidentielles américaines, au travers de la manipulation des réseaux sociaux et de la divulgation d’informations confidentielles. Là encore, les réactions et les sanctions des Occidentaux ont semblé assez pusillanimes au regard de la gravité des faits…
En 2017, les mêmes officines russes ont tenté d’interférer dans les élections présidentielles en France, selon le même mode opératoire qu’aux USA…Ce qui n’a pas empêché pour autant Emmanuel Macron de recevoir en grande pompe Vladimir Poutine au château de Versailles en mai 2017…
En 2018, les services secrets russes ont tenté d’assassiné un ancien espion russe au Novitchok (un puissant neurotoxique de fabrication russe) directement sur le sol souverain de l’Angleterre, dans un lieu public...
En 2020, les services secrets russes ont tenté d’assassiner selon le même mode opératoire (utilisation du Novitchok) le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, lors d’un déplacement en Sibérie…Et aujourd’hui Alexeï Navalny est emprisonné, après une parodie de procès totalement ubuesque, dans les geôles russes, où il a subi des actes de torture…
Ne nous y trompons pas, l’invasion de l’Ukraine par la Russie (à l’heure où j’écris les blindés russes seraient déjà aux portes de Kiev), avant d’être une opération géostratégique, est avant tout une guerre pour des raisons idéologiques : la haine viscérale d’un autocrate – Vladimir Poutine – pour les valeurs et principes portés depuis deux siècles par les pays occidentaux ; à savoir la démocratie, l’humanisme, et l’attachement au droit international.
Or, l’Ukraine, c’est l’Europe. Faut-il rappeler que l’Ukraine partage une partie de ses frontières avec la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, et la Roumanie ?
Comment avons-nous pu faire preuve d’une si déconcertante naïveté ? Croire que nous pourrions contenir par la voie diplomatique et les menaces de sanctions économiques les velléités bellicistes de Vladimir Poutine ? Bien entendu, il fallait tout tenter pour préserver la paix. Mais, soyons sérieux, on ne masse pas impunément 140 000 soldats le long de la frontière est ukrainienne, juste pour bluffer…En parallèle des pourparlers diplomatiques, il eut fallu, me semble-t-il, élaborer des plans réalistes de ripostes militaires de l’OTAN à l’invasion russe.
Certes, l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN, et l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord ne peut être invoqué. Mais, ce qui se joue ici et maintenant en Ukraine, c’est l’avenir à très court terme des démocraties occidentales. A commencer par les pays de l’Union européenne.
En mon for intérieur, je suis un homme de paix, et je suis mû par l’humanisme et l’esprit d’ouverture et de tolérance. Mais je pense en cet instant à toutes celles et ceux qui ont sacrifié leur vie durant la Seconde guerre mondiale, pour défendre nos démocraties, déjà à l’époque agressées par des régimes totalitaires. A croire que l’Histoire bégaie à nouveau.
Face à des autocrates qui n’entendent que le bruit et la fureur des armes, nous devons montrer la fermeté solidaire des membres de l’OTAN. Pour préserver la paix, et pour garantir la sécurité, voire l’existence même de nos États de droit, nous devons quelquefois envisager la guerre, de façon intelligente et strictement proportionnée.
David Dahomay.