Mais le logiciel politique, très pauvre, de la majorité des moutons reste bloqué entre "fascisme" et "pas d'opinion, je consomme"...
C'est le moment de rappeler aux esprits qui se découvrent civiques, qu'il y a une seule chose qui fasse reculer le FN (si l'on nomme ainsi la bêtise, la vengeance, la médiocrité) c'est l'exemple, l'engagement dans les belles choses et les oeuvres, politiques ou autres.
C'est un peu comme la pollution, c'est un autre mode de vie, de consommation et de transport, qui la fait reculer. Pas de rouler en 4x4 et de s'offrir une journée du vélo pour la planète. On peut gober ce que dit Pernaud, critiquer TF1, mais aussi choisir d'éteindre sa télé. Il n'y a pas à choisir entre des non choix.
On se croit alors en voyage en Gorafi quand l'on voit le porte-parole des jeunesses dorées, le petit Consigny, feindre la colère morale contre l'une des porte-paroles des Insoumis, Charlotte Girard.
Quant aux gros profiteurs du système qui nous prêchent subitement la morale et la vérité, qui disent leur "dégoût" et découvrent le mot "honneur" subitement sali dans leur bouche gavée, ces anti-FN publicitaires de dimanches d'élection, me font penser à ces marchands d'armes qui prennent un abonnement à une oeuvre de charité pour enfants.
Bien sûr que ce vote est tragique !
Car il s'agit d'une prise d'otage des deux fondamentaux de la France. Macron prend en otage la fraternité pour tuer l'Etat, Marine Le Pen prend l'Etat en otage pour tuer la Fraternité.
Nous qui pensons que la France est à la fois la Fraternité et l'indépendance de l'Etat, c'est juste un cauchemar.
On ne sort d'un choix pervers et impossible que par la projection d'un imaginaire très fort, d'un espoir, d'une alternative. Ce qu'a fait Mélenchon, avec quelques erreurs (ne pas cibler d'emblée l'ennemi, c'est-à-dire ce non choix qui est à l'oeuvre partout dans le monde entre nationalisme et libéralisme).
J'aimerais que la France Insoumise ne soit pas défensive en ce moment, mais soit à l'offensive. Il faut cogner sur ces candidats à la faible légitimité, les faire reculer sur leurs propositions, et maintenir et défendre non seulement la liberté d'opinion, de choix et de non choix, de conscience.
Surtout il faut manifester ce combat, qui ne peut pas cesser contre les extrémismes du moment. Et à minima obtenir que les gens qui votent Macron mettent de la conscience dans leur bulletin, c'est-à-dire de la détestation.
Etre conscient que leur bulletin donnant les pleins pouvoirs à l'argent fou et à sa marionnette, met des gens à la torture, cause de nombreux morts, du suicide des agriculteurs aux ouvriers jetés à la poubelle, en passant par la pollution et la destruction des abeilles, car rien ne doit limiter le profit des actionnaires.
Je ne sens pas cette gravité, mais au contraire l'achat à crédit et en stéréo d'une bonne conscience politique, chez nos moutons habitués à obéir à LA voix venue d'en haut (c'est cela le fascisme mémère). Ceux habitués à consommer le monde tel qu'il est 365 jours par an, et qui se voient offrir le diplôme "d'antifasciste" dans la pochette surprise électorale.
Pour autant, il n'y a pas d'alternative dans ce vote
Le Pen n'est pas une option, juste une autre visage d'un même combat. Et il n'est évidemment pas possible, même pour ne pas laisser les pleins pouvoirs au marché, de sacrifier notre fraternité avec tous les braves gens, nos "moitiés" de tous les jours dans les quartiers populaires, selon l'expression de Montaigne, immigrés ou français triés qu'elle désigne à la vindicte. On ne sauve pas l'Etat en reniant notre devise, c'est la leçon du Pétainisme. Même s'il est absolument ridicule de lire "fasciste" ou "nazi" à propos de nationalistes, la règle reste valable.
Que ce soit les désespérés violents ou, plus certainement, les adorateurs égoïstes du Veau d'or qui exultent dimanche soir, je crois surtout que le peuple de France est parti pour un chemin de souffrances.
Restons ceux qui proposent, mais bruyamment s'il vous plaît, une autre voie qui dit : écologie, partage, fraternité et en particulier s'agissant de l'élection présidentielle : indépendance !
Bon week-end rouge et blanc,
Langlois-Mallet