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Billet de blog 24 janvier 2022

Le maçon, le curé et le marché.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

«  Il y a quelques années, en passant par la Bourgogne, nous vîmes un vaste palais, dont une partie commençait à s’élever. Je demandais à quel prince  il appartenait. Un maçon me répondit que c’était à monseigneur l’abbé de Cîteaux ; que le marché avait été fait à dix-sept mille livres, mais que probablement, il en couterait bien d’avantage. Je bénis Dieu qui avait mis son serviteur en état d’élever un si beau monument et de répandre tant d’argent dans le pays. 

  • Vous moquez-vous ? Dit monsieur Evrard. N’est-il pas abominable que l’oisiveté soit récompensée par deux cent cinquante mille livres de rente ?(…) Cette inégalité n’est-elle pas la chose du monde la plus injuste et la plus odieuse ? Qu’en reviendra-t-il à l’État quand un moine sera logé dans un palais de deux millions ? Vingt familles de pauvres officiers, qui partageraient ces deux millions, auraient chacune un bien honnête (...) Les petits moines qui sont aujourd’hui les sujets inutiles d'un de leurs moines élus par eux, deviendraient des membres de l’État au lieu qu'ils ne sont que des chancres qui le rongent.
  • Je répondis à monsieur Evrard : Vous allez trop loin et trop vite. Ce que vous dites arrivera certainement, dans deux ou trois cent ans. Ayez patience….
  • Et c’est précisément, répondit-il, par ce que la chose n’arrivera que dans deux ou trois siècles, que je perds toute patience et que je suis las de tous les abus que je vois. »

 François Marie Arouet, dit VOLTAIRE (1694-1778) Pot-pourri. Candide et autres contes. 1759. Texte intégral. Poche. P 184-185.

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