Casamance - 24 mars, jour des élections.
Ils reviennent fièrement en montrant qu'ils ont voté, l'auriculaire passé à l'encre rouge indélébile, la preuve, et s'assurer qu'ils ne voteront pas une deuxième fois.
Malick, un jeune, jure qu'il montera à Dakar démonter en personne le palais présidentiel s'il y a de la fraude électorale. Il se justifie, en Casamance c'est le boycott, voilà un an et demi qu'il n'y a plus de ferries -Dakar-Ziguinchor, l'aéroport en réparation, Macky Sall les étouffe économiquement car il sait que la Casamance lui tourne le dos. Les gens se sont donné le mot, ils votent tous Bassirou Diomaye Faye, il est jeune, enfin quelqu'un qui se préoccupera du destin des jeunes sénégalais. Mais encore, effacer cette honte qu'est le franc CFA, à l'origine, le franc des colonies françaises d'Afrique rattaché à la Banque de France , un vieux restant de la colonisation qui fait mal et reste en travers de la gorge.
De nombreux touristes ont annulé leur séjour au Sénégal par craintes des débordements. Mais tous rassurent, tout va bien se passer, on aura Diomaye au premier tour. Dès le soir tombé après les premiers résultats, c'est déjà la fête!On danse, on chante, on fraternise!
Je ferme mon livre sur Fanon et songe au long chemin qui reste à parcourir, continuer le lent processus de décolonisation qui n'est pas abouti.
De la prison, à la présidence, bon vent au nouveau président.