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Billet de blog 10 août 2019

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Duc de Savoie; l'arnaque à 260 millions d'euros

6000 diamants et autres pierres précieuses, le tout réparti sur un ensemble de joyaux d'apparat; ce trésor, inscrit au bilan des réserves de la Banque d'Italie, est celui de l'ancienne maison de Savoie. Les descendants de cette dynastie réclament à l'Italie leur héritage. Mais sont-ils vraiment les descendants de la Maison de Savoie dont-ils portent les titres en toute illégalité?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En 2010 le magazine Noblesse & royauté, titrait La justice italienne donne raison à Victor-Emmanuel face à son cousin Amédée, duc d'Aoste, pour avoir usurpé le titre de prince de Savoie ainsi que l'usage des armoiries. Le tribunal d'Arezzo, en Italie, prononça ce jugement, mais il n'avait pas compétence pour se prononcer sur des questions de titres et d'armoiries. Ce Tribunal a simplement interdit l'utilisation de signes commerciaux et s'est prononcé en vertu de l'enregistrement en 2006 de ces titres comme marques commerciales auprès du Bureau européen pour les brevets et titres commerciaux de Valencia. Les titres de duc et prince de Savoie ne sont rien d’autre que des marques commerciales pour ceux qui les ont ainsi déposés et s’en affublent. Cependant, ils le font en toute illégalité.

La Savoie fut annexée par la France au titre d'un traité en date du 24 mars 1860. A l'article premier de ce Traité, Victor-Emmanuel II, le futur roi d'Italie, renonce, pour lui et ses descendants à ses droits et titres sur les territoires de la Savoie.

Ainsi ce Traité interdit aux descendants de la famille de Savoie de porter les titres afférents à ce territoire.

En 1978, le pseudo-duc de Savoie fit la une des journaux, menottes aux poignets. Membre de la loge maçonnique et néo-fasciste P2, il a connu les geôles italiennes et françaises mais fut toujours blanchi des nombreuses accusations portées contre lui : meurtre, trafic d’armes, association de malfaiteurs, proxénétisme. Son fils, le pseudo-prince de Savoie, a gagné en notoriété en Italie en commentant des matchs de foot, en présidant des concours de reines de beauté, en participant à des émissions de télé réalité et en faisant de la publicité pour des cigarettes électroniques, des chaussures et divers produits alimentaires: huile d'olive, cornichons, pâtes.

Il a ainsi gagné le titre de prince des cornichons, décerné par la presse italienne.

Le père a roulé le nom de Savoie dans la boue et le fils l’a couvert de ridicule.

Mais l’imposture pourrait être double ; selon deux ouvrages, Nice Contemporaine, (Henri Sappia) et Les Savoie, Mille ans de dynastie, (2001, éd. Giunti, Florence), le véritable Victor-Emmanuel II, futur premier roi d’Italie, serait mort dans son berceau. Les parents du malheureux enfant, pour éviter de voir la couronne royale passer à une autre branche de la famille, lui en auraient substitué un autre : l’enfant d'un boucher dénommé Tanaca.

L’intérêt de tout cela? Un intérêt à 260 millions d'euros réclamés à l'État italien par le pseudo-duc de Savoie et son fils. Ils ne peuvent réclamer l'héritage du grand-père, le dernier roi d'Italie, destitué par référendum, et qui n’est pas parti les poches vides. Mais ils peuvent réclamer l'héritage savoisien pour l’essentiel inscrit au bilan des réserves de la Banque d'Italie: des joyaux d’apparat portés par des générations de dynastes savoisiens avant la naissance de l’Italie. Ce n'est pas l'héritage du dernier roi d'Italie qu'ils convoitent, mais celui de la dynastie savoisienne. Voilà pourquoi ils se font appeler duc et prince de Savoie.

Une analyse ADN pourrait résoudre l’affaire: la dépouille de Victor-Emmanuel II repose au Panthéon de Rome, celle de Charles-Albert, son père putatif, à la Superga de Turin. Éventuel dommage collatéral : quelle valeur attribuer à un Traité signé par un usurpateur ?

Serait-ce pour cela que la France ne fait pas respecter l’article premier de ce Traité d’annexion, unique légitimité des institutions françaises en Savoie ?

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