Dans sa série Visites privées, Stéphane Bern a consacré un documentaire au patrimoine de la famille de Savoie. Les images sont magnifiques, mais les commentaires contestables.
L’histoire de la Maison de Savoie est résumée de façon subtile : « ça commence par une fondue, ça finit par des spaghettis. » Dit un journaliste, attablé devant une fondue pour introduire le documentaire et devant un plat de spaghettis pour le conclure.
On découvre l’abbaye d’Hautecombe « ou sont enterrés tous les princes de Savoie ». On apprend que « nous avons célébré le 150ème anniversaire du rattachement de la Savoie à la France, une Savoie qui, par référendum, a choisi de devenir française par 130'000 voix contre 200. » Stéphane Bern expose que tout le patrimoine de la Savoie appartient à la France et que tout ce qui fut édifié en Italie par la dynastie savoisienne relève de l'héritage de l'actuelle famille de Savoie ; aimable coup de pouce pour appuyer les revendications pécuniaires des pseudo-duc et prince de Savoie. La visite du palais royal de Turin vaut inventaire d'huissier. Enfin, pour éviter toute discussion quant à l’histoire de l’annexion, Stéphane Bern croit nécessaire d’ajouter : « il y a des Traités européens qu’il faut respecter ».
- Pour la cuisine de Savoie : Les archives cantonales du Valais possèdent le manuscrit original d’un traité culinaire rédigé en français par maître Chiquart, cuisinier du duc de Savoie Amédée VIII. L’ouvrage date de 1420 et la recette de la fondue savoyarde ne figure pas parmi la liste des mets servis à la cour de Savoie.
- Pour l’abbaye d’Hautecombe : les troupes françaises de la première République, après avoir envahi la Savoie par surprise et de nuit, la pillèrent, violèrent les sépultures et jetèrent les dépouilles princières dans le lac. Cloches et cercueils de bronze furent fondus pour faire des canons et les bâtiments vendus comme biens nationaux. Ils tombèrent en ruine et de l’abbaye il ne resterait rien si le duc de Savoie Charles-Félix ne l’avait reconstruite en 1826.
- Pour le « rattachement de la Savoie » : la Savoie n’ayant jamais été attachée à la France, elle ne peut y être « rattachée ». Les annexions françaises furent toutes faites par les armes.
- Pour le « référendum » de 1860 : Le vote était contrôlé par des personnes acquises à la France. Il n’y avait pas de bulletins NON, pas plus que d'isoloirs dans les bureaux de vote. Les syndics (maires) hostiles à l'annexion avaient été révoqués. L’armée française occupait la Savoie, l'abstention était interdite et toute personne s’élevant publiquement contre l’annexion encourait le bagne de Cayenne, sans même un jugement en vertu de lois françaises en vigueur en Savoie alors que celle-ci n'était pas encore française.
Voilà comment la France obtint 99,8% des suffrages exprimés lors du vote qui scella l'annexion de la Savoie.
Un journaliste anglais du TIMES envoyé pour couvrir l’événement définit parfaitement ce « référendum » en écrivant: « Le plébiscite de 1860 fut la farce la plus abjecte qui ait jamais été jouée dans l'histoire des nations. » Au sujet des « Traités européens qu’il faut respecter », j’exposerai à l’occasion pourquoi la Cour Internationale de justice de La Haye a condamné la France dans une affaire relative aux droits des Savoisiens et pourquoi l’ONU a refusé d’enregistrer le Traité d’annexion en 2012, ce qui signifie l’abrogation définitive de ce Traité, seule légitimité des institutions françaises en Savoie.