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Billet de blog 21 octobre 2020

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Avec ce meurtre, la violence de la politique sanitaire éclate enfin.

La politique sanitaire a achevé le lien social et détruit le sens du réel, mais on regarde ailleurs ! Le meurtre de Samuel Paty requiert le rappel de quelques évidences sociologiques et psychologiques :

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La destruction du lien social

  • Il s’agit d’un acte commis par un membre de la société française à l’encontre d’un autre membre de la société française. La société française est le tout qui englobe les différents protagonistes et non une partie qui exclut les autres. La différence de papiers d’identité, de religion, de langue ne fait que distinguer entre les classes sociales de cette société. Qu’on oppose le religieux au laïque, l’étranger au national, le banlieusard au parisien, l’illettré à l’instruit, le prolétaire au bourgeois, on caractérise des rapports de classe au sein d’une même société, et on caractérise le lien social.
  • C’est la quasi-inexistence de ce lien social entre les classes que manifeste l’événement : dans la société française, il n’existe plus aucun lieu ni institution dans lesquels les classes populaires et les classes bourgeoises sont mélangées dans des rapports d’égalité ; il n’existe plus de lien direct entre un bourgeois et un prolétaire (même celui de la caissière et du client au supermarché a disparu), si ce n’est celui du professeur et de l’élève et peut-être du dealer de drogue prolétaire et de son client bourgeois.
  • La politique sanitaire a achevé avec la plus grande cruauté ce qu’il restait du lien social : pendant six mois, les adolescents n’ont eu d’autre rapport aux institutions sociales que la police surarmée menaçant de les verbaliser à hauteur de plus d’un dixième du salaire du parent (s’il travaille).

La révocation du monde extérieur

  • La politique sanitaire a aussi retiré ce qu’il restait du lien au monde extérieur. En abandonnant la société corps et âme à la réalité virtuelle, en interdisant l'arpentage du monde et les contacts physiques, elle a démuni les hommes du sentiment de la réalité. Enfermés devant leurs écrans, ils ont été jetés en pâture, sans aucun filtre à la production du net, à ses délires coupés du réel et ses jeux et vidéos morbides et violents, mais comme tout jeu, sans enjeu, sans effet sur le réel : on peut y couper une tête, à la partie d’après, au visionnage suivant, la tête est à nouveau sur les épaules.

De la violence structurelle à la violence visible

  • Dans une situation où la violence de classe est maximale (il suffit de lire Thomas Piketty), où la violence d’État est à son comble (il faut se rappeler la répression des Gilets Jaunes), où la perte du réel efface la limite entre le fantasme et le passage à l’acte, le professeur est la seule altérité charnelle (à la fois physique et fragile) de cette vie sans monde ni socialité d’êtres qu’on a réduit à l’état de chimères. Seul réel vulnérable, il ne peut qu'être détruit par le retour des morts vivants (définis comme ceux qui, privés de vie, l'agressent avidemment).

Le retour au réel a été horrible, mais va-t-il suffire à nous réveiller ?

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