Le kitsch militariste du régime de Poutine semble ne pas avoir de fond, et pourtant tous les jours les informations nous montrent qu'il est possible de creuser encore un peu plus profond. La très patriotique institutrice avait fortement incité les petites écolières à écrire des lettres de soutien aux soldats sur le front. Les braves soudards n'étant pas privés de coeur, ils ont décidé de rendre la politesse à leurs petites marraines de guerre et leur ont apporté des ballons de baudruche roses montés (les soudards) sur un blindé, en tenue camouflage, avec masques, casques et fusil-mitrailleurs. "Même pas peur !" ont rigolé les coquines, biberonnées aux images de la guerre par leur diligente pédagogue et la télévision publique.
Il faut savoir que si le 8 mars a été commémoré au début de l'ère socialiste comme un événement réellement féministe, peu à peu, à partir de Staline et surtout après la seconde guerre mondiale, quand le régime a définitivement perdu de vue tout projet d'émancipation pour se transformer en despotisme oriental (Marx l'avait bien prévu et Lénine le craignait avant de mourir), la fête s'est transformée en apologie du néo-patriarcat stalinien : les hommes offrent des fleurs aux femmes le 8 mars et font symboliquement la vaisselle ce seul jour (et encore, pas tous), pour les traiter comme des merdes toute l'année, exploiter leur travail, extorquer des services sexuels et les battre régulièrement (les violences domestiques ont été dépénalisées il y a quelques années).
Un des trois pseudo-candidats d'opposition que le régime a autorisé à se présenter pour créer l'illusion d'une véritable élection présidentielle le 15 mars, Leonid Sloutskii (LDPR), est célèbre pour le harcèlement grossier qu'il fait subir à toutes les journalistes femmes qui l'approchent. Le comité d'éthique de la douma appelé à se prononcer
sur d'innombrables plaintes à ce sujet avait conclu qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat et que ces jeunes journalistes devraient être flattées de l'attention que leur portait un homme politique de ce calibre...
Aujourd'hui l'impayable député de la Douma Vitali Milonov (majorité présidentielle) a déclaré que "le plus beau cadeau qu'un homme russe pouvait faire à sa femme aujourd'hui, c'est de la mettre enceinte". Le front manquant terriblement de chair à canon... Aleksandra Kollontaï, Inès Armand, Nadezhda Kroupskaïa et Rosa Luxemburg se retournent dans leur tombe. Comment la Russie a-t-elle pu tomber si bas ?

Agrandissement : Illustration 1
