Delenda est Ruthena putinesca

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Billet de blog 22 août 2024

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Comment enseigner les vertus du mariage, des familles nombreuses et de la chasteté ?

A partir de cette rentrée, les collégiens et lycéens russes devront subir un enseignement à la vie de famille et à la chasteté, qui vient s'ajouter aux cours de patriotisme et de préparation militaire qui polluent les programmes scolaires depuis le début de l'invasion de l'Ukraine.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'Institut pour la stratégie du développement de l'éducation a préparé un programme pour un cours intitulé « Etudes de la famille » destiné aux élèves de la cinquième à la neuvième année (l'équivalent en France des classes de sixième à seconde) des écoles de Russie.

Les auteurs du programme ont indiqué que l'objectif du cours était « d'initier les jeunes au système de valeurs familiales traditionnelles de notre patrie et de former des valeurs et des représentations mentales pro-famille : le mariage, les familles nombreuses, la chasteté ».

Le programme de travail du cours stipule que les écoliers doivent acquérir des « valeurs spirituelles et morales russes traditionnelles » qui, entre autres, aideront à « résoudre les problèmes démographiques ». Les auteurs du cours estiment que « la valeur de la famille » dans l'esprit des écoliers « est souvent dévaluée sous l'influence négative d'éléments d'une idéologie destructrice », formulation par laquelle l'idéologie poutinienne vise habituellement les sociétés occidentales corrompues et décadentes.

L'enseignement russe est infesté depuis la guerre par des leçons de patriotisme et de militarisme, les fameuses "discussions sur ce qui est important" qui empoisonnent le lundi matin de tous les écoliers et étudiants de Russie. Heureusement de nombreux professeurs qui ne partagent pas l'hystérie belliciste que le régime essaie d'infuser dans la société parviennent à transformer ces heures de lavage de cerveau en d'anodins exposés sur des personnages de l'histoire et de la culture russe. Un élève ânonne des banalités sur Gagarine ou Maïa Plissetskaya, les autres regardent TikTok sur leur téléphone et le prof corrige des copies ou remplit le cahier de texte. Espérons qu'il en sera de même pour cette enseignement à la vie de famille, à la fécondité et à la chasteté. De nombreux professeurs ont déjà déclaré qu'ils n'auront pas le temps de préparer ce nouveau cours pour la rentrée.

On a du mal à croire que c'est avec ce genre de propagande à deux balles que le pouvoir espère relancer une fécondité en berne depuis des décennies et qui a encore baissé depuis le début de l'invasion de l'Ukraine. Surtout que la chair à canon que les écoliers sont ainsi encouragés à engendrer ne sera pas prête à combattre avant une trentaine d'année. Le régime compte-t-il vraiment durer aussi longtemps ? La guerre est-elle vraiment le seul horizon qu'il a à offrir aux jeunes générations ?

Par ailleurs pense-t-il sérieusement que les gamins russes vont gober ces leçons de morale qui puent la naphtaline, en décalage complet avec ce qu'ils vivent et voient sur leurs écrans, et rabâchées sans conviction par des enseignants dont les élèves savent très bien qu'ils sont divorcés, qu'ils boivent, qu'ils prennent des pots de vin et participent à chaque scrutin au trucage des élections ?

Quant au dirigeant suprême, à l'origine de cette atmosphère de pudibonderie et de fausse dévotion qui rapproche chaque jour un peu plus la Russie de la société de l'allié iranien, chaque écolier russe sait qu'il a placardé sa femme pour se taper une gymnaste de 30 ans de moins que lui et que ses filles, qu'il ne peut même pas reconnaître publiquement, ont déjà divorcé plusieurs fois, n'ont pas d'enfant et préfèrent les mondanités à la vie de famille en se baignant dans le luxe assuré par la corruption paternelle.

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