Au cours de cette manifestation du 21 septembre 540 personnes avaient été arrêtées, dont Denis, qui avait passé 10 jours en prison. Les autorités de l'université n'ont pas tardé à réagir : "l'action accomplie par notre collaborateur est immorale et incompatible avec sa mission d'enseignant et la poursuite de son travail de professeur."
Une vingtaine de ses collègues ont répondu : "Nous jugeons cette décision pour le moins précipitée. Ce printemps Denis Alexandrovitch a réussi le concours de chargé de cours et un contrat de trois ans a été conclu avec lui, ce qui confirme ses grandes qualités professionnelles et personnelles. Il jouit d'une autorité méritée parmi ses collègues et ses étudiants."
Denis Skopine a réagi en publiant une lettre sur les réseaux sociaux : "J'estime qu'en prenant part à une manifestation contre la mobilisation j'ai accompli mon devoir moral entant qu'homme, en tant que citoyen et tant que professeur de la Faculté des Arts Libéraux".
Soin collègue Dmitri Panchenko conteste aussi publiquement la décision, ne voyant pas en quoi un recteur serait habilité à juger du caractère moral ou immoral d'une action.
Enfin le conseil des étudiants a pris le parti du professeur : "Nous ne souhaitons pas lui dire adieu. Il a déclaré vouloir faire appel de cette décision et nous voulons le soutenir dans cette action, nous sommes prêts à lui venir en aide le moment venu".
Comme toutes les universités russes l'Université de Saint-Pétersbourg subit une sévère reprise en main. Son célèbre doyen, le libéral AlexeÏ Koudrine, silencieux depuis le début de la guerre, a démissionné de son poste. Après l'entrée en guerre la Russie s'est retirée du processus de Bologne et pourchasse dans tout son système d'enseignement supérieur ce qui de près ou de loin pourrait rappeler le système anglo-saxon. C'est ainsi que la Faculté des Arts Libéraux dans laquelle enseignait Denis Skopine disparaîtra l'année prochaine.
Deux textes de Denis Skopine sont publiés en France aux éditions de l'Harmattan, La photographie de groupe et la politique de la disparition dans la Russie de Staline et Oedipe sous l'objectif.
Denis Skopine a étudié en Russie mais aussi en France, à l'université de Caen, puis à Paris VIII, où il a obtenu un doctorat en esthétique.
Cela pourrait effacer un peu l'amertume éprouvée en apprenant que l'Université Bordeaux-Montaigne avait délivré des titres universitaires à Daria Douguine, ce qui lui permettait de faire passer les thèses eurasistes de son père et ses propres délires racistes et occultistes pour de la philosophie.