Dedans Dehors David, au Théâtre de la Cité Internationale.
Vous pouvez le voir encore du 22 au 24 janvier 2009, au Lieu unique, à Nantes.
Le commentaire d'une élève, sur ce spectacle que vous avez eu la bonne idée de ne pas rater, j'espère...

D.D.D. (Dedans Dehors David) est une pièce inspirée du roman Closer de Dennis Cooper, et mis en scène par David Bobee. Dans cette pièce, ce dernier dénonce les pièges qui attendent sa génération : la société de consommation, le vide caché derrière le trop-plein, le leurre du succès facile, de la célébrité factice.
Pour sa mise en scène, David Bobee, n'aurait pu faire plus simple : il n'y a qu'une comédienne sur scène, Fanny Catel-Chanet, qui interprète le rôle de David, une nouvelle idole. Le décor est vide, à part une petite estrade où reste la comédienne durant toute la pièce.
Derrière les spectateurs, comme pour les cerner, les faire entrer en scène, leur montrer que la réalité du personnage de David est aussi la leur, sont placés plusieurs ingénieurs son et lumière. A ce propos, le metteur en scène nous explique que pour les sons, il « suit ses envies, ses intuitions, sans se décoller vraiment du projet initial ». En ce qui concerne les bruits, on peut dire que c'est étonnant ; on entend une sorte de grondement qui est de plus en plus fort, au fur et à mesure que la pièce avance. Lorsque le personnage veut chanter, il ne parle pas sur un air ou sur une musique particulière ; il ne fait que débiter des mots parlant de choses qui ne lui correspondent pas ; cela ressemble à des discours de gourou, à des phrases proférées par une secte.
Margot, l'une de mes camarades, a demandé pourquoi le personnage, déjà à nu, doit se déshabiller davantage. David Bobee répond que c'est justement pour souligner la violence de cette nudité, le personnage devient comme « un petit gosse nu dans son lit ». Il enlève lui aussi ainsi le stéréotype vestimentaire jean+tee-shirt+chaussures.
Selon le metteur en scène, c'est une pièce qui parle plus d'aujourd'hui que de la jeunesse. On remarque que la comédienne parle très lentement, ce qui est paradoxal par rapport à la façon de parler des jeunes d'aujourd'hui qui débitent des flots de paroles sans même articuler. Par contre, elle crie très souvent, comme si elle voulait que son personnage se fasse entendre.
Elle ne bougera jamais de l'estrade ; d'ailleurs, elle ne bouge presque jamais, sauf à la fin, quand son personnage « dort ». Là, elle se met enfin à bouger, à prendre frénétiquement plusieurs poses, ce qui finit par ressembler à une étrange danse. La danse de la libération ?
Depuis le début de la pièce, trois lignes de messages lumineux qui défilent parlent de personnes inconnues qui font des choses sans intérêt ; ce sont les messages que l'on peut voir dans les émissions de télé-crochet, où l'on voit l'image, mais où l'on nous met aussi l'action écrite, pour capter le regard du spectateur (et surtout, le prendre pour un idiot).
En premier lieu, cette scène prône le nihilisme, mais aussi le mensonge. En effet, le personnage, parce qu'il est constamment jugé, devient mythomane. Il tente de nous dire la vérité, mais quelquefois retombe dans le mensonge ; à ce moment, l'éclairage rend ses yeux rouges.
David Bobee veut simplement, sans flécher, inviter au regard, et faire réfléchir les spectateurs sur certains signes du monde.
Marine B.
BONUS : le premier billet, avec des extraits du texte
http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/delphes/051008/entrez-dans-l-inconnu