Ce blog voudrait être un lieu où se retrouvent, pour l'essentiel, les poètes qui ont marqué la période des soixante dernières années.
Descendants d'une longue tradition et, plus récemment, de Baudelaire à Michaux, et Ponge et d'autres ...les poètes contemporains ou, pour désigner leur statut de vivants, ceux qui habitent où nous sommes, en sont les héritiers et les pourfendeurs. En tant que tel et pour aller plus loin - du moins le tenter - le poète d'aujourd'hui n'est plus toujours cet individu un peu en marge, d'une espèce plus ou moins lunaire. Notre poète habite la cité et y participe, le plus souvent salarié ( déjà Ponge, on se souvient, occupé la journée aux emballages et consacrant quelques vingt minutes à l'écriture, le soir ) car, c'est connu, la poésie ne peut nourrir un homme. Recherchant un langage et une pensée, tentant des formes nouvelles, ce poète expérimente ( ou ré-expérimente), des liens « inouïs », des rythmes multiples, des significations à géométries variables. Notre époque est celle des poésies plurielles.
Ce blog propose de dresser un panorama le plus fidèle possible de ce qui se pratique dans les écritures poétiques d'aujourd'hui, à travers les échos d'oeuvres actuelles ou, en tout cas, récentes, ou parues depuis quelque temps déjà, mais toujours dans le même registre de préoccupations.
On trouvera ici une introduction succinte sur l'auteur, un court extrait de l'œuvre, un commentaire - une « di-lecture » dirait Guy Goffette - qui peut constituer aussi une note de lecture, une brève bibliographie. Il y aura à signaler, s'il y a lieu, des marques d'un engagement personnel ou, mais de plus en plus rarement, collectif, dans la cité ou d'autres causes qu'on n'espère pas perdues, essentiellement l'attention que les poètes défendent becs et ongles, cette capacité de liberté que procure et nécessite la poésie, tant sa lecture que son écriture : saisir dans la langue tout ce qui peut dépasser le sens commun et donner à voir d'autres rapports entre les mots, c'est-à-dire peut-être un peu entre les choses ; des visions non conformes et non encore écrites. Vérifier que l'imagination est toujours possible, que le poétique ne se réduit pas aux yeux des textes mais confère à la voix, aux sons, pour dire une part de ce que Jean-Pierre Verheggen nomme « l'insonscient », ce que la poésie détient de chant, même si ce sont des cris. Ce désir d'aller toujours plus loin, à l'instar du scientifique avec ses équations, de voir ailleurs avec des mots.
Pour l'heure, le contenu et l'allure de ce blog attendent d'être enrichis : extraits plus nombreux, lieu de discussions ou de commentaires, ajout de fichiers audio ou video dans le cas de « performances », par exemple.
Comme tous les arts, la poésie ne relève généralement pas des critères d'erreur et de vérité, mais il est cependant possible et souhaitable d'en signifier des appréciations, des interprétations autres. Les pages sont ouvertes.
Bernard Demandre