Novembre les nuages
viennent à nous
dans les rues jaunes
Ils paraissent si légers
les nuages
pourtant ils pèsent
Un nuage est-il passé
sur les corniches
derrière mes yeux ?
Ils n’ont d’espace
que celui qui les précède
les aspire les repousse
Au matin ils sont descendus
jusqu’au gant
du vieux Stanislas
*************
Ils n’ont pas de peau
seulement des yeux très sombres
au centre
Il ne faut pas croire
aisément un nuage
en remplace un autre
Il faut être crédule
pour croire
qu’un nuage est définitif
Les nuages nous regardent
nous avisent
ne nous voient pas
Ce peu de réalité
d’un nuage
vite donné vite repris
Quelqu’un est parti
les nuages n’en parlent pas
ils partent aussi
Il a peur l’homme
la rue est étroite
le ciel est étroit
ils sont étranges les nuages
avec quelle facilité ils changent
renient
Jamais un nuage
ne revient
comme il est parti
Un homme ne pleure pas
il paraît
un nuage non plus
****************
La pluie sur la vitre
sur les toits derrière la Colline
on essuie des gouttes
On ne peut pas les suivre
les nuages
ils vont trop lentement
pour nos yeux
Je suis d'un autre pays
de forêts humides
de meuglements
de chiens ivres
Tout est gris aujourd’hui
on allumera tôt
on fera un feu
je respire enfin
de la fumée blanche
de l’air gelé
******************
Je le maudirai
le nuage
quand tu ne seras plus là
Les nuages passent
ils trahissent
ils trompent
Je crache sur les nuages
je les renie
je m'absente aussi
Bernard Demandre