Denis Garnier (avatar)

Denis Garnier

Retraité, auteur, blogueur et maintenant, artiste peintre.

Abonné·e de Mediapart

99 Billets

2 Éditions

Billet de blog 6 mars 2014

Denis Garnier (avatar)

Denis Garnier

Retraité, auteur, blogueur et maintenant, artiste peintre.

Abonné·e de Mediapart

Travail : des traumatismes à l'espérance

Denis Garnier (avatar)

Denis Garnier

Retraité, auteur, blogueur et maintenant, artiste peintre.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonjour,

C'est le titre de mon prochain livre à paraitre dans un mois environ. Il reprend certains des articles publiés dans ce blog organisés pour mettre en perspective une espérance qui fait bien défaut aujourd'hui au monde du travail. Tout est organisé pour isoler le salarié dans son travail mais aussi de tout lien social. Les réponses individuelles sont privilégiées au détriment des solutions collectives. Nous ne nous en sortirons pas les uns contre les autres. Nous serons anéantis. Nous cheminerons au fils des articles pour retrouver l'espérance. Pour moi, c'est la solidarité entre gens de mêmes conditions. Moi j'ai trouvé le syndicalisme et vous ?

extrait de l'introduction :

Avant propos:

La communication c’est l’art d’échanger. Pour qu’elle soit partagée et donc efficace, il faut qu’elle repose sur un langage commun. C’est pourquoi, avant de vous inviter dans cette balade au sein du monde du travail, il apparaît indispensable de partager quelques définitions qui s’y rattachent. Elles sont littéraires, scientifiques, usuelles, miennes parfois. Elles sont précédées de quelques années d’expérience ce qui parfois peut éroder l’art de la littérature.

Vérité : C’est la rencontre entre des connaissances et le temps. Elle s’évanouit souvent dans le berceau de nouveaux savoirs. C’est trop souvent une arme de combat qui autorise tous les excès. Elle permet de dire j’ai raison, alors qu’en vérité, je vous le dis, la raison est un échange égalitaire qui permet d’accepter l’autre tel qu’il est.

Travail : C’est une capacité qui s’échange contre un salaire. Une servitude volontaire. C’est ainsi qu’il se distingue de l’esclavage. Elément d’intégration, d’utilité sociale, il s’enrichit avec la connaissance et l’expérience. Lorsqu’il est contraint, il est source d’humiliation, de traumatismes, de maux qui rapprochent l’homme de l’animal. Lorsqu’il s’exerce pleinement, il permet la pleine expression de l’intelligence des hommes.

Traumatisme : Ensemble des troubles physiques, psychiques, psychosomatiques, ou psychologiques. Il est provoqué accidentellement par un agent extérieur au travailleur. Les traumatismes psychiques relèvent souvent de blessures émotionnelles. Le stress post traumatique par exemple est une forme particulière et sévère de stress dépassé. Il peut apparaître lorsqu’une personne a vécu un événement traumatique, également dénommé incident critique.

Enfin les dommages causés à la psyché sont des traumatismes psychologiques. Lorsque le travail traumatise les muscles, les membres, les articulations, il conviendrait aussi de parler de Traumatisme Musculo-Squelettique (TMS) alors que la pudeur des mots lorsqu'ils visent les victimes conduit au qualificatif de troubles. J'ai un trouble du coude ! Un trouble de l'épaule, de la main ! L'agression n'est pas un traumatisme, c'est un  trouble. Mais le coup porté n'est-t-il pas un traumatisme ? L'acronyme ne changera pas pour autant, il s'agira toujours de TMS.

Trouble : C’est un état d’inquiétude, de confusion, d’émotion. Une perturbation dans l’accomplissement d’une tâche physique ou psychique. Ce peut être aussi une altération des rapports entre des personnes.

Lorsque le monde du travail parle de Troubles Musculo Squelettiques, il limite son expression à la perturbation dans l’accomplissement d’une tâche physique. Il exclut de fait le traumatisme qui en est à l’origine.

Organisation du travail : C’est un ensemble d’éléments qui permet d’accomplir et de récompenser un travail. Elle est de la responsabilité de l’employeur. Ainsi, la durée du travail, l’aménagement de cette durée, sa rémunération, la définition du poste, des tâches à accomplir, les résultats attendus, l’organigramme, les processus d’évaluation et de contrôle du travail, les restructurations, les recours à la sous-traitance, les rapports sociaux, l’impact de l’activité de l’entreprise sur le voisinage et l’environnement, le statut du salarié, sont des éléments de l’organisation du travail.

Risque : Possibilité, probabilité d'un danger, plus ou moins proche auquel on est exposé.

Extrait du rapport Gollac : « La notion de risque comprend deux éléments. D’une part, il y a la probabilité qu’un événement engendre des conséquences négatives et, d’autre part, il y a la sévérité de ces conséquences. (…) Le concept de risque fait donc référence au lien entre l’exposition aux dangers du travail et les préjudices que cette exposition est susceptible d’engendrer » (Brun et al., 2007). Mais on a tendance à désigner ainsi des « situations mêlant dans une grande confusion causes et conséquences : stress, harcèlement moral, violence, souffrance, suicide, dépression, troubles musculo-squelettiques, etc. » (Légeron, 2008). »

Qualité : C’est en principe ce qui caractérise un élément, sa propriété. Il est souvent employé pour l’opposer à la médiocrité. La qualité de la vie au travail veut ainsi suggérer le bien-être.

Risques psychosociaux : Le Collège Gollac « estime pertinent de prendre en considération les risques psychosociaux au travail, entendus comme risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental. »

Danger : Pour resteren relation avec le monde du travail, les dangers sont de plusieurs ordres. Chimiques, physiques, psychiques.

Chomâge :

Edith à 28 ans. Elle travaille. Elle fait partie de ces vingt huit millions de Français qui émargent dans les statistiques de l’INSEE, dans la colonne des actifs (et dans la colonne passif des entreprises !). Elle possède un contrat à durée déterminée de vingt-cinq heures par mois. Elle perçoit un peu plus de 700 euros par mois pour entasser des cartons sur des cartons dans un entrepôt grand comme un stade. Ici il n’y a pas l’ambiance d’une tribune pour réchauffer le quotidien. Au bout, un vestiaire. Chaque jour à sept heures, elle accroche son blouson au porte-manteau de son casier. Elle enfile celui de l’entreprise, seul vêtement de travail payé par l’employeur, avec des chaussures de sécurité.

Ils sont environ trente à travailler ainsi à côté de dix autres salariés en CDI. Les contrats suivent le rythme des saisons. Son CDI se termine. Elle bascule dans la colonne des sans emplois. Elle galère. Elle a pourtant de la chance. Elle a toujours réussi à trouver des petits boulots. Chez un charcutier, dans un restaurant, dans une boutique de fringue, même au supermarché. Elle a d’autant plus de chance qu’elle vit avec le père de son enfant. Un petit bout de chou de 18 mois. Maintenant cela fait deux ans que rien ne se passe. Elle ne compte plus les lettres de motivations. Les conseillers de pôle emploi n’ont rien à lui proposer. Progressivement, sans conscience, elle devient irritable. Elle se retrouve à la charge de l’autre, elle, une femme qui a toujours su passer les obstacles, libre, et financièrement indépendante.

Etc., etc. Je pourrais vous raconter toute l’histoire d’Edith. Son enfance heureuse, ses études moyennes, son bac, sa licence, ses amours, ses boulots, sa panne de voiture, ses joies, ses peines, etc. etc. Mais elle s’ajouterait aux autres, à tant d’autres.

Le chômage est le premier des traumatismes de l’organisation du travail. Les millions de salariés privés d’emplois vivent dans un traumatisme permanent, celui de l’inutilité, celui de la charge qu’il représente et non de la richesse qu’ils portent en eux. Les salaires mirobolants des grands patrons, des sportifs, des artistes, sont d’une agressivité déprimante dans la tête de ceux qui n’ont rien. L’organisation du marché du travail est la résultante d’une conception de l’économie qui s’est écartée de la richesse des hommes.

C’est pourquoi avant d’observer les traumatismes du travail, les traumatismes de son organisation, avant de présenter des pistes de réformes susceptibles d’encourager les évolutions positives il apparait nécessaire de dire quelques mots sur le contexte économique qui contraint le monde du travail.

 à suivre


Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.