Quelle est la cause essentielle de ce malaise du monde ? Si j’estime que c’est le triomphe de l’argent roi qui amène le chômage, la précarité et la pauvreté, dois-je voter encore pour ceux qui le mettent en œuvre parce que j’ai un emploi, un toit, des droits ?
La meilleure façon de changer cet état, ce n’est certainement pas en donnant sa voix à son propre bourreau !
Voter pour quoi ?
C’est une question complexe. Le monde apparaît comme une grande loterie dans laquelle il y a très peu de gagnants et beaucoup de perdants. Il y a d’un côté ceux qui vivent du travail et de l’autre ceux qui profitent de la rente.
En quelques mots les travailleurs sont salariés, fonctionnaires, artisans, petits commerçants, professions libérales, etc. Ils n’ont de richesse que le travail qu’ils produisent. Ils sont récompensés par un salaire, un honoraire, une facture, etc.
D’un autre côté, il y a ceux qui font travailler des capitaux. Ils ne produisent rien sauf des courbes, des outils de spéculations. Ils sont dans un casino. La recherche du profit est leur seule ambition. Que ce soient des ressources humaines ou minières la stratégie est la même. Dans quel endroit de cette planète peut-on dégager le plus grand profit ?
Pour arriver à leurs fins, il leur faut des acteurs, des facilitateurs, des banquiers conciliants, des paradis fiscaux protégés pour échapper au versement de la contribution nécessaire à ce qui fait société, l’impôt ! C’est ainsi que les grands groupes et les grandes familles sont devenus au fil des décennies les puissants de ce monde. Leur doctrine est simple ! Plus nous avons de richesses plus les pauvres pourront obtenir des restes. C’est ainsi que naît le langage du libéralisme économique. L’Etat ne doit pas se mêler des affaires économiques et c’est ainsi que naissent les grands accords commerciaux internationaux qui écartent les Etats de tous les arbitrages nécessaires pour protéger les citoyens du monde.
Lorsque je suis salarié, fonctionnaire, artisan, petits commerçant, ou profession libérale, je dois me demander alors dans quel camp je suis ! Puis-je vivre de mon travail ou de la rente de mes placements ? C’est à partir de là que je me dois d’identifier ceux qui défendent la rente et ceux qui défendent le travail !
Voter pour qui ?
Eliminer les grands témoins
S’agissant d’une élection présidentielle, il convient tout d’abord d’éliminer les candidats qui ne souhaitent pas devenir Président de la République. Aussi sympathiques soient-ils et grands témoins engagés de la classe ouvrière, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud souhaitent combattre le capitalisme par une révolution. Le capitalisme qui ruine les travailleurs n’a pas de patrie et ils ont raison! Mais pour eux, cette élection présidentielle est une tribune d’expression pour sensibiliser les victimes du système.
Faut-il ranger dans le même espace Messieurs Asselineau, Cheminade et Lassalle ? Pas pour les mêmes raisons mais ces hommes font de l’élection présidentielle une tribune d’expression libre qui leur est propre.
Pour ceux qui protègent la rente et le capital ! ( ?)
A partir du raisonnement ci-dessus je me dois d’écarter tout ceux qui défendent ou qui confortent, ou qui ne condamnent pas, la rente, la spéculation, le pouvoir de l’argent, les paradis fiscaux, les activités bancaires douteuses, etc. Ceux qui soutiennent le libéralisme économique (rappel libéralisme : entreprendre pour gagner en ignorant tout les autres)
D’entrée, le candidat de la droite et du centre Monsieur François Fillon se trouve disqualifié par ceux qui vivent de leur travail. Les actionnaires n’ont jamais eu autant de dividendes et ce sont aux salariés, fonctionnaires et autres de produire des efforts dans son programme. Aucune remise en cause des activités bancaires, des dividendes versés, etc. Le reste des critiques possibles sur « les affaires » devient superflu.
Madame Marine Le Pen est aussi écartée. La construction de la fortune familiale provient de divers héritages et non du travail. Il n’a jamais été nécessaire pour la famille d’obtenir un travail salarié puisque la seule gestion du patrimoine permet d’assurer l’essentiel et le superflu. Par ailleurs et comme le disent si bien d’autres observateurs, le programme de cette candidate consiste en fait à limiter l’exploitation des travailleurs Français par les seules entreprises Françaises. Mais aucun droit nouveau ne leurs sera accordé. Aucune remise en question du système. Là encore, les critiques possibles sur « les affaires » en cours deviennent superflues.
Monsieur Emmanuel Macron n’est pas en reste. Son programme démontre que les revenus du capital sont exonérés. Si l’on en croit la dernière émission sur France 2 ou le candidat a expliqué son programme en direct, les produits financiers détenus par des actionnaires seront exonérés à 90% de la fiscalité. Lorsqu’il y a 9 millions de gens qui n’ont pas de quoi manger ou de quoi se loger convenablement en France, l’exonération d’impôts des plus riches n’est pas la priorité. Cette seule mesure décrédibilise tout le reste du programme qui tente de se mettre d’accord avec tout le monde. En fait, il voudrait être ni de droite ni de gauche mais la question n’est plus celle-ci aujourd’hui ! Peut-on organiser une meilleure réparation des richesses ou pas ? Sa réponse est manifestement non !
Enfin, même si ce candidat exprime quelques vérités sur les méfaits du libéralisme, Nicolas Dupont-Aignan reste bloqué sur une vison patriotique de l’économie dans un monde ou les donneurs d’ordres vivent bien au delà de nos frontières.
Pour ceux qui veulent une meilleure répartition des richesses !
Il ne reste plus que deux candidats à la Présidence de la République accessibles à cette ambition d’une meilleure répartition entre le fruit du travail et le produit du capital. Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon.
Le cas Benoît Hamon :
Vainqueur de la primaire socialiste sur la base d’une participation de plus de 2 millions d’électeurs il aurait pu incarner la gauche moderne. Pour la première fois, depuis le discours du Bourget du Candidat Hollande qui avait pour ennemi « le monde de la finance », les électeurs demandaient au parti socialiste de revenir à une politique de gauche que le Président Hollande a laissé en jachère. Ces électeurs de la primaire ont donné raison aux « frondeurs », à ceux qui ont tenté d’attirer l’attention de ce vieux parti sur ses dérives libérales.
Mais le parti socialiste n’aime pas la démocratie directe. L’attitude de l’ancien candidat aux primaires, ancien premier Ministre, est à l’image de cette déshérence d’un parti en panne d’idéaux. C’est portant Benoît Hamon qui a voulu projeté son parti dans un futur désirable. Il est devenu orphelin ne comptant plus les trahisons qui ont ruiné toutes les ambitions de son généreux programme. Peut-être a t-il un temps d’avance ? Ce qu’il y a de sur, c’est que si l’on ajoute à ces trahisons toutes celles qui ont pu nourrir le dernier quinquennat, absence de séparation des activités bancaires, refus de taxer les transactions financières, etc., il faut vraiment être un militant dogmatique pour croire encore aux aspirations de ce parti que Benoît Hamon se voit contraint de représenter pour obtenir au moins les 5% nécessaires aux remboursements des frais de campagne. Ce doit être la seule ambition aujourd’hui au PS !
Et Jean-Luc Mélenchon !
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’au moins il est constant dans ses convictions. Bien sûr tout n’est pas parfait dans ses positions, dans son discours parfois incisif. Mais comme nous avons pu le voir ci-dessus, il n’existe aucun candidat qui puisse à lui seul incarner toutes les valeurs portées par l’ensemble des Français. Affranchi du dogme des communistes, assagi par les précédentes campagnes, accompagné des meilleurs experts économiques qui ne sont pas dans le système, entouré de jeunes talents inconnus à ce jour, il a su créer ce mouvement de la France insoumise qui prospérera au-delà de ces élections.
Oui la meilleure répartition des richesses est incontestablement l’objectif. Les riches resteront riches mais une fiscalité adaptée permettra cette redistribution qu’aucun autre candidat ne propose.
Le moment du choix !
Veut-on libérer l’économie et les entreprises pour récompenser les plus méritants, ou veut-on faire société par une organisation qui ne laisse personne sur le bord de la route ?
Depuis 1983, le libéralisme économique, mis en œuvre avec application par la droite et par la gauche au pouvoir a conduit à la situation que nous connaissons aujourd’hui. Un chômage de masse, des services publics qui font de la résistance, des salaires en berne, des solidarités qui s’étiolent laissant dominer les intérêts particuliers au détriment de la protection collective. Tout ceci est l’œuvre de ceux qui, de droite de gauche ou d’ailleurs, privilégient la rente et le capital au détriment d’une meilleure réparation des richesses produites.
Je n’arrive pas encore à comprendre comment les victimes pouvaient encore voter pour leurs bourreaux ! C’est pourquoi je ne vois d’autre choix que de voter pour Jean-Luc Mélenchon et j’invite toutes celles et tous ceux qui ne vivent que de leur travail d’en faire de même !